An 2000, tournant du siècle nouveau. Pendant que certains se demandent si un bug menaçant et supposément imminent va bloquer l'ensemble du parc informatique mondial, Michael SCHENKER se bat, comme il le fait à intervalles réguliers depuis les années 70, avec ses démons alcooliques. En guerre ouverte avec son ex-femme Linda et sa nouvelle compagne, Bella, le blond germain s'enfonce dans un délire paranoïaque qui le verra étaler à de nombreuses reprises sa vie privée dans des pamphlets sans queue ni tête sur son site internet. Paradoxalement, le bonhomme n'a jamais été aussi actif. Entre 1999 et 2002, pas moins de 11 (onze!) albums estampillés Schenker (que ce soit sous son propre nom ou celui de MSG ou UFO) sortent dans les bacs, synonymes d'un véritable besoin du guitariste de s'échapper de ses problèmes par une activité musicale intense.

Étonnamment, Adventures of the Imagination est le premier opus électrique instrumental du Mad Axeman. Marquant une pause dans la série des albums acoustiques Thank You, cet opus hautement autobiographique et aux velléités psycho-thérapeutiques constitue donc un exercice inédit dans la carrière du guitariste, exercice dont Dreams and Expressions et The Plot, parus respectivement la même année et en 2001, constituent les successeurs directs. Il faut reconnaître que Michael a toujours été friand d'intermèdes purement instrumentaux, que ce soit avec MSG ou UFO. Au moment de découvrir cet album, on garde ainsi en tête l'efficacité et la beauté pure de ces titres, à l'image de « Into the Arena », « Essence » ou « Positive Forward » passés à la postérité. La difficulté est donc renforcé à l'écoute de cet album, car si la virtuosité et le feeling du bonhomme sont intacts, il faudra repasser pour l'efficacité et l'énergie hard rock. Sur Adventures of the Imagination, Michael SCHENKER a tenté de proposer un album réflexif et progressif, qui s'éloigne des canons hard rock habituels. Le résultat se fait surprenant. Le guitariste, soutenu par une section rythmique composée du bassiste Aynsley Dunbar (Journey, UFO) et du batteur John Onder, laisse libre cours à son inspiration, et propose des titres complexes, parfois un peu décousus, dans lesquels il est complexe de rentrer. Chose inédite, Michael SCHENKER propose deux pièces très longues (« Three Fish Dancing » et « Aarvark in a VW... », plus de 13 minutes chacune) qui demandent un véritable investissement de la part de l'auditeur. La première reprend, tour à tour, des plans et des riffs qui peuvent rappeler ceux de l'album The Unforgiven, ou des harmonies de guitares qui évoquent les premiers UFO (ne se croirait-on pas de retour à la période « Phenomenon » aux alentours de la dixième minute?).

Ces pièces de bravoure se font très intéressantes, mais ne bénéficient pas de l'impact habituel des instrumentaux de Michael. Il faut, pour cela, regarder du côté de « Old Man With Sheep on Mars », dont la première moitié, plus moderne, tranche avec une seconde partie évoquant à nouveau le UFO des années 70. Une indéniable réussite, tout comme « At The End of Day », titre dont la base acoustique entraînante sert de superbe rampe de lancement à des mélodies celèstes et gorgées de feeling comme seul Michael SCHENKER est capable d'en offrir.

Le reste peine à maintenir l'attention. On a parfois l'impression d'avoir affaire à des plans revisités de The Unforgiven, tant certains riffs sont similaires à cet opus du MSG paru en 1999. D'autres morceaux, bien que plus novateurs, n'offrent tout simplement aucun point d'accroche. On se retrouve ainsi avec un album parfaitement exécuté et modérément intéressant, qui permet à Michael de continuer à s'exprimer à défaut d'extérioriser ses démons. Pour les fans avant tout.