Je vois d'ici la rencontre entre Amy Schugar et Michael Schenker, un soir de janvier 2003 lors d'un concert d'Eric Johnson quelque part aux Etats-Unis. L'ange blond, probablement aviné, tombe sous le charme de cette chanteuse / guitariste de la scène de Los Angeles, au physique avantageux :
- Tu sais chanter ?
- Ouais, ouais, un peu.
- Cool, on enregistre.

Ce bon Michael, en quête de deniers pour assouvir son alcoolisme alors exacerbé, passe donc un mois en compagnie de la donzelle à composer et enregistrer les morceaux qui constituent ce Under Construction aux allures de foutage de gueule : 30 minutes de musique à peine, une production plate au possible, et des compositions bâclées en deux coup de cuillère à pot.

- C'est bon, on a fait du bon boulot. Tiens, tu sais jouer de la guitare aussi ? Allez, je te laisse quelques solos.

Michael SCHENKER laisse même à sa nouvelle compagne de jeu le luxe de jouer plusieurs solos. Une autre guitare sur un album de Michael SCHENKER... comme si Jimi Hendrix avait demandé à son petit cousin d'enregistrer à sa place... Le bonhomme répètera cette offense l'année suivante sur l’Arachnophobiac du MSG, désertant le studio et laissant champ libre au guitariste Jeff Watson. Quelle honte...

- Hé Michael, tu sais chanter ?
- Non.
- C'est pas grave, on dira que c'est conceptuel.

Les tares s'accumulent. Des huit morceaux qui constituent l'album, seul 3 méritent d'être sauvés. C'est le cas notamment de « Back Through the Window », titre rock énergique et très mélodieux qui voit justement le guitariste prendre une fois n'est pas coutume le micro pour proposer quelques harmonies vocales pas si désagréables. « I Need You », pas si éloigné d'un UFO, reste appréciable, tout comme « All I Got », suffisamment énergique pour faire passer la pilule. Le reste est lénifiant, peu aidé par un son de guitare rythmique crade et un chant d'Amy Schugar monocorde, loin du niveau que l'on pouvait attendre d'une telle collaboration. Michael SCHENKER se contente d'aligner des plans typiques des années 90, rappelant les albums du MSG et de UFO de ces années, mais donnant l'impression d'être lessivé, au bout du rouleau.

- Amy, tu penses sincèrement que l'on a fait du bon boulot ?
- Mais oui Michael, avec une bonne paire de bouchons d'oreille, ça peut passer...

Sans doute le seul album de Michael SCHENKER à éviter sans hésiter.