"Je t'aime, moi non plus." Entre lunes de miel et chamailleries, l'histoire d'amour et de haine qui unit Michael SCHENKER et Phil Mogg (vocaliste emblématique de UFO) pourrait alimenter une saga de l'été des plus riches en émotion. Le tournant des années 2000 voyait un UFO reformé enregistrer coup sur coup deux albums pas vraiment indispensables, Covenant et Sharks. L'histoire se termine néanmoins en eau de boudin après la sortie de ce dernier, SCHENKER quittant de nouveau le groupe, avec pertes et fracas. En difficultés financières, le blond germain retourne néanmoins en 2003 vers ses anciens comparses, désireux de réintégrer le combo. Peine perdue; Mogg refusant catégoriquement de remettre le couvert avec le guitariste. Las, le Mad Axeman s'acoquine néanmoins avec le bassiste de UFO Pete Way, et recrute le guitariste Jeff Martin, afin de mettre sur pied THE PLOT, un projet rock'n'roll malheureusement loin du niveau des musiciens. S'embarquant dans une tournée en 2003, le groupe se fait huer à plusieurs reprises lors de ses concerts. Il faut dire que SCHENKER et Way, tous deux largement portés sur la bouteille, traversent une période d'alcoolisme aigu qui affecte leurs prestations scéniques et leur capacité de discernement.

Malgré tout, les deux comparses décident de mettre sur bandes les morceaux composés en 2003, et donnent vie à un album studio que ne fera pas date dans leurs discographies respectives. The Plot est un album hard rock qui ne prévaut que grâce à quelques lignes mélodiques bien senties du Blond Germain. Tout le reste n'est que superflu. En premier lieu, le chant, dont se charge Pete Way en l'absence de Phil Mogg. Ce bon vieux Pete a des intonations à la Lemmy, et un timbre "crade", plus proche du punk que du hard rock. Pas de quoi mettre en valeur cette douzaine de titres à la superficialité flagrante. Voici bien un hard rock typiquement 80's, très bluesy, mais à l'écoute duquel on ne retient pas grand chose. Le riff de "Shake Down", la mélodie de "Wild Wild things", à l'intonation proche des Rolling Stones, ne sont pas désagréables, et sont à mettre au crédit du talent inné de Michael SCHENKER. Mais le chant, et l'absence de progression des morceaux, peinent à rendre ces derniers véritablement intéressants. The Plot (le complot) se fait plutôt inoffensif, pas vraiment dangereux.

La teneur des morceaux écrits par les deux bonhomme témoigne de la prédominance alcoolique de leur existence. Quelques titres ? "Take another Shot", "Might as well go drinking", titre ultra-énergique dont la filiation naturelle avec Motörhead ne cache pas les lacunes de composition. La période est sombre, cet album la reflète, et n'est à conseiller qu'aux collections. Les mélomanes ne verront ici qu'une tentative désespérée de donner le change, le hard rock ici présenté étant loin, bien loin, du niveau passé des deux musiciens. Pas de quoi sabrer le champagne...