C'est un an à peine après la sortie du mitigé Thank You 3 que Michael SCHENKER clôt (tout du moins pour l'instant) la série des Thank You. Véritable exercice de style pour le guitariste blondinet, ces albums acoustiques auront été l'occasion de pratiquer un exercice ardu et casse-gueule : celui de convaincre et maintenir l'intérêt de ses auditeurs à travers des compositions instrumentales acoustiques.

Et contrairement à son prédécesseur, ce volume 4 tient toutes ses promesses. Témoignage d'une inspiration retrouvée, il n'est que mélodies convaincantes et ambiances relaxantes incitant à la méditation. Cette fois-ci, le guitariste ne se donne pas la peine de doter ses morceaux d'un titre décrivant une angoisse, une envie ou un état-d'esprit. Des numéros suffisent, Michael préfère laisser la musique parler d'elle-même et ne pas lui ajouter un sens supplémentaire, susceptible de modifier la perception de l'auditeur.

Les 14 morceaux qui composent l'opus offrent une vision globales des goûts divers et variés de Michael Schenker. Que ce soit son attrait pour le rock, le folk ou même le tango (« 7 »), le guitariste passe à la moulinette ses influences pour les ressortir dans un nouvel emballage doux et délicat. Mélancoliques et intimistes, les compositions sont le plus souvent interprétées dans un tempo lent permettant d'apprécier à sa juste valeur chacune des notes proposées. Pas de démonstration technique, le bonhomme place le feeling avant tout, et ne se fourvoie pas dans de grandes envolées guitaristiques pouvant nuire à l'émotion des morceaux. Réussir dans l'efficacité des émotions transmises plus que dans la démonstration de ses capacités techniques, voici tout l'enjeu de ce type d'album. Et Michael réussit plutôt bien son pari, en livrant quelques titres d'une beauté brute et sans fioritures. « 3 », dont la mélodie servira de base au titre « Fight for freedom » présent sur l'album Gipsy Lady du MSG, s'impose rapidement comme la pièce majeure de l'opus. Le solo est sublime, les ambiances prêtent à l'optimisme, nous avons ici affaire à un Michael SCHENKER conquérant et sur de son propos, plaçant judicieusement chaque note au service d'une pièce imparable et de toute beauté. « 13 », qui donnera pour sa part naissance au morceau « Gipsy lady », mêle avec réussite virtuosité et sens inné de la mélodie, et constitue un autre grand moment de l'opus.

Si nombre de titres parviennent à faire mordre l'auditeur à l'hameçon, Michael tombe néanmoins parfois dans le piège de la musique de salle d'attente. Comment en effet ne pas s'imaginer, à l'écoute d'un « 9 » qui n'aurait rien à envier à la plus belle ballade de Guy Marchand, dans la salle d'attente de son ophtalmologiste, en train de feuilleter un Paris Match de 1982 ? La recette est parfois un peu trop forte en sirop, et peine à convaincre réellement. Reste que, tout de même, Michael maîtrise son sujet et ne trébuche qu'en de rares occasions.

Clôturant avec panache les série des Thank You, ce volume quatre se veut moins convaincant que le formidable volume deux. S'il réussira sans aucun doute à satisfaire les amateurs de l'exercice et les fans jusqu'au-boutiste de Michael Schenker, il ne constitue pas néanmoins la porte d'entrée idéale pour se familiariser avec l'univers si particulier de ce génialissime guitariste.