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The ENID - Aerie Faerie Nonsense (1977)
Par MARCO STIVELL le 4 Mars 2011          Consultée 2496 fois

Aerie Faerie Nonsense s'inscrit dans la digne continuité de In the Region of the Summer Stars, le premier album de THE ENID sorti l'année précédente. Quoi de plus normal à l'époque bénie des années 70 où tous les groupes géniaux sortant des disques à un rythme effréné ne pouvaient que difficilement varier leur propos, surtout entre deux albums (et encore moins quand c'étaient les premiers). Cependant, on ne peut s'empêcher de remarquer que, si le premier album appartenait encore à ce qu'on appelle l'âge d'or du rock progressif, Aerie Faerie Nonsense, lui, débarque l'année du grand chamboulement de la sphère punk qui vient donner de grands coups de pieds au derrière de cette musique si riche et importante. Les 'dinosaures', soit les plus célèbres, comme YES, KING CRIMSON et GENESIS, arriveront à renaître ou faire perdurer leur musique (avec un succès phénoménal pour certains), l'emportant ainsi sur leurs détracteurs, mais d'autres groupes plus obscurs et tout aussi géniaux, comme CAMEL ou THE ENID, feront de même donc tout est loin d'être perdu.

En ce qui concerne ce deuxième album, THE ENID lui donne une seconde jeunesse en le réenregistrant durant la première moitié des années 80, ce que de prime abord on pourrait accueillir avec perplexité (voire méfiance) car, malgré l'apport des nouvelles technologies, cela ne fait pas énormément de temps après la première réalisation. C'est bien évidemment sur cette dernière que se base ladite chronique.

Ce qui frappe avec Aerie Faerie Nonsense, ce sont d'abord son titre et sa pochette. D'aucuns pourront toujours reprocher à THE ENID de servir une musique pompeuse et prétentieuse (ce avec quoi je ne suis bien évidemment pas d'accord : à mon avis, on n'est pas prétentieux en musique uniquement quand on sait plus que n'importe qui la bonne attitude à adopter, n'est-ce pas messieurs les journaleux de l'époque ?), le groupe prouve cependant qu'il sait faire preuve d'humour car ce titre ne veut absolument rien dire, et cette pochette prête tout autant à sourire. Un disque dédié à la mer on pourrait le croire, grâce à cette conque qui vient s'accrocher à l'oreille de la jeune femme au visage rêveur, mais aussi à la vision de la photo du verso du disque, où l'on voit les six membres du groupe au pied des falaises au bord de l'eau, l'air tout aussi contemplatif, mis à part Robert John Godfrey qui nous regarde de manière malicieuse. Un peu à son image quoi.

Le court "Prelude" nous donne cette impression marine, ce son de synthétiseur étrange semble résonner depuis la mer alors que le soleil est en train de se lever au loin. "Mayday Galliard" s'ouvre ensuite avec force rythmique et orgue scintillant, pour un ensemble que l'on s'apprête à découvrir puis reconnaitre comme ultra-symphonique. C'est typiquement le genre d'oeuvre qui s'éloigne des "Anarchy in the UK" favorisés par les médias, il convient de saluer (comme si besoin était) le courage du groupe de continuer, malgré les difficultés, à produire une telle musique. Le thème de "Mayday Galliard" est simple, plutôt amusant, un genre de "scherzo" comme on le dit à l'italienne. Il se base sur une métrique ternaire, avec des notes jouées en siciliennes (oui je sais, vous n'y comprenez rien si vous n'êtes pas musiciens, mais il faut bien que j'aie des petites connaissances dans un domaine, oh !), les synthés imitant des sons de flûte et de clarinette et faisant des trilles (là, pour vous aider à y voir plus clair, je peux vous dire qu'une trille est un écart entre deux notes joué de manière très rapide). Le tout est plutôt sympathique, faussement naïf et plaisant.
"Ondine" l'est beaucoup plus encore car nettement plus posé. Et encore une fois, si ce n'est pas une référence à l'eau, je ne m'appelle plus Marco (tiens, ça rime). On termine cette première face avec "Childe Roland", dont le seul titre fait référence au second thème de l'album, l'histoire de Roland. C'est un morceau qui mélange un peu les caractéristiques du "The Lovers" et celles du "The Devil" de In the Region of the Summer Stars, pour la bonne et simple raison qu'il mêle des parties douces de piano, à la limite de l'audible, et d'autres beaucoup plus 'énervées' qui font ressortir le potentiel de l'association guitaristique Lickerish/Stewart. Un morceau revigorant, idéal pour compléter cette première partie de disque.

La seconde face est, comme pour le premier disque (et d'autres grands du rock progressif), consacrée à une suite, sauf qu'ici elle est mise en un seul bloc, sous le nom "Fand". Les deux mouvements sont très différents, le premier de Godfrey avec la participation de Francis Lickerish et le second de Godfrey seul. On comprendra facilement pourquoi.
Après un début sinistre intriguant, la basse présente un thème en mode mélodique mineur qui se transpose finalement en majeur et nous amène dans un monde nébuleux, où les guitares se font lyriques. Puis, les timbales assourdissantes résonnent pour nous transporter dans un autre monde plus merveilleux, hypra-symphonique et romantique. Avec le retour du thème de basse, on sent venir un crescendo avec trompettes-synthé qui conduit finalement le tout à un développement plus rock, non pas 'bourrin' comme "Childe Roland" mais plutôt posé au départ, avant de devenir plus torturé. Dave Storey matraque implacablement ses fûts tandis que les guitaristes font résonner leurs riffs plus lyriques qu'agressifs. Ce premier mouvement de "Fand" se fait sans aucun doute très proche dans sa structure des morceaux de la face B du premier album, sans le côté boléro. Les synthés evanescents en particulier arrivent activement à faire de l'ensemble une franche réussite.
Le second mouvement est quant à lui beaucoup plus doux puisque ce sont les synthés planants qui jouent uniquement (d'où le fait de comprendre que Godfrey en soit le seul responsable), jusqu'au glorieux final. Sur un peu plus de cinq minutes, ils nous font rêver autant voire plus que le piano de "The Lovers" et que le restant de l'album. C'est de nouveau le romantisme de THE ENID qui s'exprime de manière fantastique, aussi perceptible que lors des moments rock également doux. Pour cela, on peut aisément dire que "Fand", bien qu'il soit difficile à saisir, est l'un des morceaux de bravoure dans la carrière du groupe, à ne surtout pas rater.

Je dis ça, même si j'avoue humblement que je boudais cet album au début. Il ne m'évoquait strictement rien, je ne l'écoutais quasiment pas. Et puis la magie a fini par opérer, c'est que ces maîtres façonneurs de musique exigeante savaient (et savent toujours) vraiment y faire, à aucun moment ils ne se moquent de nous ! A déguster et redéguster, surtout "Ondine" et "Fand".

Note réelle : 3,5/5

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Robert John Godfrey (claviers)
- Francis Lickerish (guitares)
- Stephen Stewart (guitares, basse)
- Terry Pack (basse)
- Charlie Elston (claviers)
- Dave Storey (batterie, percussions)


1. Prelude
2. Mayday Galliard
3. Ondine
4. Childe Roland
5. Fand



             



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