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The ENID - Something Wicked This Way Comes (1983)
Par MARCO STIVELL le 20 Février 2012          Consultée 2986 fois

A l'époque, il n'en fallait pas beaucoup pour que l'on croie un groupe mythique mort et enterré : si celui-ci ne sortait rien pendant deux ans, c'était bien le cas. Toutefois, les fans de rock progressif qui ont survécu aux ravages du punk et du disco n'ont pas oublié le groupe qui a crée Touch Me, Aerie Faerie Nonsense, Six Pieces et In the Region of the Summer Stars. Tous les membres ayant contribué à la production de Six Pieces étaient partis en claquant la porte, laissant Robert John Godfrey et Stephen Stewart seuls au bord du gouffre. Ceux-ci, en ce début d'années 80, tentent de survivre comme ils le peuvent artistiquement et financièrement, en louant notamment leurs services à des artistes de variété, Kim WILDE la première. En fait, les deux hommes constituent son backing-band pendant un certain temps, on peut en particulier les entendre jouer sur "Cambodia" et "Kids in America", pour ne citer que les tubes. En 1982, leur ancien public leur rappelle toutefois qu'ils ont un passé chargé, et sous l'acclamation générale, en plus de reformer THE ENID, ils publient un album l'année suivante. Godfrey sort tout juste de graves problèmes de santé, et préfère jouer son va-tout. Il va jusqu'à créer avec Stewart leur propre entreprise indépendante, Enid Records, qui réédite les anciens albums et publie ce petit nouveau, Something Wicked This Way Comes (merci à Big Bang Mag, une nouvelle fois).

Qui dit nouvelle fournée THE ENID dit nouveau concept. Tout jusqu'au titre de ce disque contient difficilement l'inquiétude que tout le monde éprouvait en ce début d'années 80 : l'éventualité d'un conflit nucléaire. La pochette elle-même donne une vision énidéenne de comment sera le monde une fois les ravages causés. Nul besoin d'ajouter que cette inquiétude est (hélas) toujours aussi vive, trente ans après. On remarque que l'effectif du groupe s'est réduit d'une bonne moitié depuis sa période la plus faste (aux alentours de Touch Me). Godfrey et Stewart, respectivement aux claviers et guitares/basse, ne sont accompagnés que du batteur Chris North qui a néanmoins donné un coup de main à la composition. Il est loin le temps où Godfrey gérait tout, ici il ne signe seul que deux pièces sur les sept.

Les pièces instrumentales de l'opus sont de beaux hommages au classicisme des premiers albums du groupe, tout à fait dignes de figurer parmi les meilleures qu'il ait composées. On reconnaît sa touche inimitable, notamment en ce qui concerne les synthés, Godfrey n'ayant toujours pas trouvé son égal parmi les claviéristes de rock progressif pour arriver à faire sonner aussi bien un orchestre symphonique sans avoir recours au mellotron. Des pièces comme "Evensong" et "Song For Europe" sont exemplaires, dotées d'une atmosphère grisante dûe aux fausses trompettes qui sont aussi difficiles à rater qu'un éléphant dans un couloir. La batterie donne à "Song fFr Europe" (qui n'a rien à voir avec la chanson de ROXY MUSIC) un caractère militaire. "Jessica" et "Bright Star" restent les grandes gagnantes de cet opus : elles contiennent, en plus du lyrisme de Godfrey, celui de Stewart, n'hésitant pas à superposer les pistes, même si, et ce n'est pas pour faire du tort à Francis Lickerish, ici il est bien seul.

J'ai parlé de pièces instrumentales. Serait-ce à croire qu'il y en a des chantées ? Hé bien oui, vous ne rêvez pas, on peut enfin concilier les mots 'THE ENID' et 'voix'. Cela fait partie des surprises du nouveau groupe, c'est même la plus importante. En revanche, qui dit surprise ne dit pas forcément bonne. Robert John Godfrey occupe ici seul la place du micro, et il ne croyait pour ainsi dire pas vraiment en ses capacités. Ce qui fait qu'il a choisi de dédoubler (!) et carrément de truquer (!!!) sa voix. Cela donne un effet très 'humouresque' pour reprendre un terme cher au groupe, et pour le moins discutable. Au début, j'ai été assez clément avec ce maniérisme pompier, où l'on sait que l'on n'a jamais affaire à une voix naturelle, encore moins quand les pistes se superposent et donnent une grande impression de délire. Sachant que si les voix sont touchées, les instruments le sont aussi. Mais le temps passant, je trouve ce choix d'autant plus regrettable, pour ce disque en tout cas, que Godfrey, tout comme Stewart d'ailleurs, prouveront qu'ils étaient de très bons chanteurs. Honnêtement, un titre comme "Raindown" aurait pu être sauvé par de belles vraies voix, au lieu de ça, ben voilà quoi... De même les titres "And Then There Were None" et "Something Wicked This Way Comes" auraient gagné en étant plus 'vrais', la seconde surtout tant elle est intense dramatiquement. On remarque d'ailleurs que THE ENID aime bien employer dorénavant un tempo reggae pour ce type de 'chansons'. Toutefois, la seconde ne justifie pas son étalage sur dix minutes, même si ce sont encore une fois les voix qui la rendent anti-passionnante. C'était marrant au début. Un peu. Maintenant ça ne l'est plus.

Je ne sais d'ailleurs d'où le groupe tient son succès en cette année 1983, le plus gros de sa carrière qui l'amènera à faire plus de 150 dates cette année-là. C'est en grande partie mérité bien sûr, mais ce nouvel album en dépit de ses qualités laisse un petit goût amer.

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   MARCO STIVELL

 
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- Robert John Godfrey (claviers, chant)
- Stephen Stewart (guitares, basse)
- Chris North (batterie, percussions)


1. Raindown
2. Jessica
3. And Then There Were None
4. Evensong
5. Bright Star
6. Song For Europe
7. Something Wicked This Way Comes



             



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