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The ENID - Tripping The Light Fantastic (1993)
Par MARCO STIVELL le 28 Mai 2014          Consultée 1968 fois

En 1993, THE ENID met fin à une nouvelle pause dans son histoire, consécutive au départ de Stephen Stewart environ cinq années plus tôt. Bien sûr, Robert John Godfrey ne reste pas désoeuvré durant tout ce temps. Il le met à profit pour recruter de nouveaux musiciens (dont Max Read, chanteur, bassiste et guitariste) et soumettre une nouvelle formule musicale à son public de fidèles.

D'ailleurs, ceux-ci, pour la plupart, ne voient pas d'un très bon oeil l'approche techno qui déteint inéluctablement sur l'empreinte du claviériste et comme bon nombre de ses congénères en ce début d'années 90. En sus des huées lors des concerts, des T-shirts à l'effigie de THE ENID sont brûlés. Mais au moment où Tripping the Light Fantastic est publié en 1993, l'orage semble passé, même si le groupe tâtonne encore et met un peu de temps à retrouver l'identité unique qui le caractérisait.

Précisons que si l'on accuse souvent ce neuvième disque original d'être soi-disant totalement dénaturé par ses penchants technoïdes, cela reste exagéré. Naturellement, Godfrey n'a pas arrangé les choses en proposant d'entrée cette orientation nouvelle sur "Ultraviolet Cat". Batterie mêlée aux boucles/loops, basse et claviers 'lounge' nous plongent dans un univers techno ambient léger et, a posteriori, évoquent dans le rayon progressif et de manière plus populaire le Tubular Bells III de Mike OLDFIELD cinq ans plus tard. Les voix modifiées, marque de fabrique du ENID 80's et ô combien déroutante pour les fans de la première heure, passent sans doute mieux dans ce contexte. De son côté, Max Read à la guitare n'est pas si loin de la patte inspirée et unique de Stephen Stewart, du moins dans son versant mélodique.

Les deux pavés de Tripping the Light Fantastic, "Dark Hydraulic" et "Ultraviolet Cat", soit un bon tiers de l'opus, sont réservés à ce genre d'expériences. On peut y apprécier la patte énernellement post-romantique du groupe, tout comme reprocher à ce dernier d'avoir un peu trop insisté sur ladite nouveauté, notamment pour un morceau comme "Ultraviolet Cat". Symphonique à souhait et d'une texture sombre propice à rappeler les plus belles oeuvres du groupe, la partie centrale de "Dark Hydraulic" tranche complètement avec l'aspect funky-cuivré du reste du morceau.

En formats plus courts, les autres titres de Tripping the Light Fantastic misent sur la diversité et beaucoup plus directement sur ce que le groupe a toujours fait de mieux. Le jazzy "Little Shiners" évoque les moments-phares de Salome, tandis que le morceau titre (clin d'oeil au Magicien d'Oz) reprend les éléments symphoniques de manière alambiquée sans toutefois verser dans l'électronique conformiste et consensuelle. Après cela et sans aucun souci de transition, Robert John Godfrey nous propose "Freelance Human", une superbe impression au piano.

C'est "Gateway" qui affiche le mieux le rock symphonique au son magistral de THE ENID, qui l'a fait connaître à la fin des années 70. Bien que long de quatre minutes à peine et d'une construction modeste, le titre se dresse au milieu du disque avec un grand naturel et une certaine classe. Le batteur Wayne Cox n'occupe sa place que pour un temps éphémère (substitué par Steve Hughes sur d'autres morceaux), mais la puissance d'un Touch Me ou d'un Aerie Faerie Nonsense se fait sentir, rythmique rock massive et grands orgues à l'appui. En écho et toujours sur un terrain connu que l'on retrouve avec plaisir, "The Biscuit Game" offre ce fameux type d'aria instrumentale, complainte sucrée aux claviers en guise de conclusion, et pour le meilleur (si l'on ne compte pas le texte en allemand récité a-cappella et allongeant la durée du morceau).

THE ENID renaît donc une fois de plus, cherchant quelque peu ses marques sans se fourvoyer (seuls les allergiques de la techno pourront employer ce mot ici). Nul doute que la suite sera meilleure.

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   MARCO STIVELL

 
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- Robert John Godfrey (claviers)
- Max Read (guitares, basse, voix)
- Wayne Cox (batterie)
- Steve Hughes (batterie)


1. Ultraviolet Cat
2. Little Shiners
3. Gateway
4. Tripping The Light Fantastic
5. Freelance Human
6. Dark Hydraulic
7. The Biscuit Game



             



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