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Loreena MCKENNITT - The Wind That Shakes The Barley (2010)
Par MARCO STIVELL le 27 Décembre 2010          Consultée 5551 fois

Depuis 2006, la divine Loreena McKENNITT a repris une activité discographique assez régulière et l'on ne peut que s'en réjouir. Si An Ancient Muse (2006) et A Midwinter Night's Dream (2008) n'avaient rien à envier à la qualité des albums des années 90, l'annonce d'un retour aux sources pour choix de trame en ce qui concerne la nouvelle publication a de quoi réjouir plus d'un fan de musique celtique.

C'est bien de ce dernier genre qu'il s'agit ici, et de manière totale. Encore que... Je m'explique, Loreena nous a depuis ses débuts de carrière charmés en faisant de la musique folklorique irlandaise (elle est née au Canada, mais descend en droite lignée d'une famille de la verte Avalon) un terrain de choix, en y consacrant au moins un album totalement ancré dans cette mouvance. En effet, avec le troisième, Parallel Dreams (1989) et le suivant, The Visit (1991), la belle commençait à inclure d'autres éléments 'world', venus d'ailleurs : tablas, sitar et j'en passe, en n'oubliant pas les visites au Maghreb à partir de The Mask and the Mirror (1994). On peut donc dire que cela fait à peu près vingt-cinq ans et le premier album Elemental que Loreena n'a pas sorti d'album totalement basé sur la musique celtique. Bien qu'appréciant l'ensemble de sa discographie, j'accueille avec ferveur ce retour aux sources quelque part désiré.

Ce qui nous donne The Wind That Shakes the Barley ("le vent qui secoue l'orge"), un disque au titre très évocateur puisqu'il s'agit de celui d'un standard parmi les ballades irlandaises (sur un texte de Robert Dwyer Joyce), repris par divers artistes dont DEAD CAN DANCE sur leur Into the Labyrinth (1992) et le live Toward the Within (1994). Autant dire que dès le titre et la pochette, on est plongés dans l'ambiance. Pour bien se faire, Loreena a réuni autour d'elle quelques instruments typiques du genre, en plus d'avoir gardé les compagnons de longue date Brian Hughes, Hugh Marsh et Caroline Lavelle. La simple présence de cette dernière prouve tout de même qu'en fait de disque 100 % celtique, Loreena a tenu à garder l'aspect lyrique qu'elle pouvait apporter à cette musique, et on le doit aussi grandement à sa voix, sa manière de chanter (ce que j'appelais justement "celrique" ou "lytique" dans ma chronique d'Elemental).

Cela n'est pas un mal bien sûr, on a presque envie de parler d'une certaine originalité, bien que ce soit devenu propre à chaque album de la belle rousse. The Wind That Shakes the Barley conserve cette magie. Les ouds, tablas, kanouns et autres instruments venus du sud ou de l'est ont été laissés de côté au profit de la harpe celtique, du bouzouki, de la cornemuse irlandaise, du bodhran (tambour irlandais). Bref, ça sent bon l'extrême nord-ouest de l'Europe, tout ça ! Et l'on ne va pas se plaindre, oh que non. Ajoutons un peu de violoncelle, des nappes de synthés discrètes voire des parties de guitare électrique toutes en finesse. D'ailleurs, cet album entier l'est, très fin, doux. Pas une danse rapide, pas une seule jig ou une reel (danses en mode rythmique ternaire pour la première, binaire pour la seconde, et plus ou moins rapides). Rien que des ballades, morceaux mystiques et planants. Seule exception : la "Brian Boru's March" déjà bien connue grâce aux autres irlandais THE CHIEFTAINS, CLANNAD, mais aussi au breton Alan STIVELL qui en a fait une magnifique chanson. Cette version est comme toutes les autres, différente car? en dehors de la chanson de STIVELL, THE CHIEFTAINS la jouaient rapidement et CLANNAD beaucoup plus posément. Loreena l'a faite un peu moins lente.

Pour le reste du disque, on est transportés sur des eaux plus calmes encore, on frôle les sens en éveil de la matière douce, on plane sur de la musique on ne peut plus rêveuse, un peu froide par moments mais toujours en accord avec l'atmosphère que l'on s'attendait à retrouver en ayant un peu connaissance du style des chansons. "Brian Boru's March" est peut-être la seule plage au rythme soutenu, mais on rencontre également des percussions sur l'enchanteur "As I Roved Out", ce dernier sonnant comme un "hornpipe" enlevé. Sur certains titres comme les superbes "The Death of Queen Jane" et "On a Bright May Morning", Loreena prend un peu le temps de laisser les instruments s'exprimer sans la présence de sa voix, (re)commençant ainsi parfois de chanter après de courts mais sublimes passages instrumentaux. "The Wind That Shakes the Barley" est la pièce possédant l'ambiance la plus étrange, mais aussi l'une des plus envoûtantes. Loreena a composé "The Emigration Tunes", d'autant plus marquant que la chanteuse, elle-même descendante d'une famille irlandaise rappelons-le, arrive à dépeindre avec une grande émotion la mélancolie de tous ces gens qui ont dû fuir leur pays. Et "not least", les ballades donc pour finir, avec le célèbre (également déjà repris par CLANNAD) "Down By the Sally Gardens", un des plus beaux airs, "On a Bright May Morning", "The Death of Queen Jane", ou encore ce "The Parting Glass" criant de beauté et de fragilité. Sur ce dernier, au moment du final, on sent la voix de Loreena se perdre dans le vent de la Celtie, l'effet est de taille.

On aime ou pas la musique celtique, on peut trouver ces mélodies 'ultra-téléphonées' pour reprendre l'expression d'un copain, rien à faire, je considèrerai toujours cette musique comme la Grande Musique, LA Musique. On aime ou pas la voix de Loreena, et bien que j'avoue moi-même que son timbre un peu solennel me laisse parfois perplexe (comme certaines expressions sur deux ou trois mots de la chanson "The Wind That Shakes the Barley"), il m'a fallu attendre ce disque et notamment le morceau "The Emigration Tunes" (ce qui est un comble puisque c'est un instrumental) pour comprendre que cette voix, l'une des plus expressives du genre, retranscrit parfaitement l'urgence pour cette artiste de crier, malgré 'l'exportation' de sa famille, son enracinement à l'Irlande, qu'on ne dissocie plus de sa musique. J'écoute beaucoup de musique celtique (je vous en apprends là hein ?) et suis enthousiaste à presque chaque publication du genre que j'acquiers, mais The Wind That Shakes the Barley est un disque si fort que je suis encore retourné (et pourtant je suis habitué !) par tant de beauté, de sincérité, de coeur et d'âme. Cette musique vient directement des deux, une des plus belles offrandes et plus belles marques d'amour que l'on puisse donner. Vous pouvez en faire un cadeau de Noël, mais aussi un de tous les instants idéal pour vos proches que ce style de musique intéresserait.

Note réelle : 4.5/5.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Loreena Mckennitt (chant, claviers, harpe celtique, accordéon)
- Brian Hughes (guitares électrique et acoustique, bouzouki)
- Hugh Marsh (violon)
- Caroline Lavelle (violoncelle)
- Ben Grossman (bodhran, percussions, vielle à roue)
- Ian Harper (cornemuse et flûte irlandaise)
- Tony Mcmanus (guitare acoustique)
- Jeff Bird (mandole, mandoline, basse acoustique)
- Pat Simmonds (guitare acoustique, accordéon)
- Andrew Collins (mandoline, mandoloncelle)
- Brian Taheny (mandoline)
- Chris Gartner (basse)
- Andrew Downing (basse acoustique)
- Jason Fowler (guitare acoustique)


1. As I Roved Out
2. On A Bright May Morning
3. Brian Boru's March
4. Down By The Sally Gardens
5. The Star Of The County Down
6. The Wind That Shakes The Barley
7. The Death Of Queen Jane
8. The Emigration Tunes
9. The Parting Glass



             



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