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Loreena MCKENNITT - The Mask And Mirror (1994)
Par MARCO STIVELL le 23 Novembre 2012          Consultée 3345 fois

Je regarde en arrière par le vitrail de l'Espagne du XVème siècle, j'observe les reflets du judaïsme, de l'islam et du christianisme, et je suis attirée dans un monde fascinant : l'histoire, la religion, l'inter-fécondation des cultures. Partant du terreau plus familier de la côte ouest de l'Irlande, en passant par les troubadours de France, traversant les Pyrénées, et allant vers l'ouest par la Galice, vers le sud à travers l'Andalousie, puis à Gibraltar pour arriver au Maroc. Les Croisades, le pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, les Cathares, les Templiers, les soufis d'Egypte, les Mille et Une Nuits d'Arabie, l'imagerie celtique de l'arbre sacré, les chants gnostiques. Qui était Dieu ? Et qu'est-ce que la religion, la spiritualité ? Où est la révélation, et où est le mystère ? Où est le masque et où est le miroir ?
Loreena McKennitt


Depuis The Visit, il était pour nous inéluctable que la musique celtique défendue par Loreena s'ouvre en grand au reste du monde. Puisant donc de nouvelles influences dans le sud-ouest de l'Europe (et particulièrement l'Espagne)/nord de l'Afrique principalement, l'élégante rousse nous livre un successeur tant attendu aux merveilles précédentes, en prenant le temps de mettre en valeur ces apports bien digérés.

"The Mystic's Dream" est le chant spirituel qui se créerait si un Soufi de l'est du Maghreb ou du Pakistan (Nusrat Fateh Ali Kahn ?) rencontrait un Druide celtique. On trouve ainsi des nappes en fond et des cornemuses au milieu des diverses percussions et instruments de l'Inde. L'Ouest rencontre enfin le Milieu autant que l'Est (on se croirait dans Le Seigneur des Anneaux.). Rick Lazar et George Koller additionnent leurs talents d'instrumentistes avec ceux de Abraham Tawfik et même de Brian Hughes, qui en plus de ses chères guitares électriques sort finalement le oud traditionnel ! Ajoutez à cela le choeur de la Victoria Scholas, vous verrez quelle dimension peut prendre un chant spirituel 'du monde' grâce à une femme sensible. Celle-ci est de nouveau mise en valeur dans "The Bonny Swans", un de ses tubes, bien que je reconnaisse que la répétition fréquente du refrain m'empêche de le considérer comme un chef-d'oeuvre. Pourtant, c'est l'un des morceaux les plus typiquement celtes de l'opus, il cite une fable du livre Le Rameau d'Or de James Frazer.

The Mask and Mirror divise en fait encore pas mal ses influences, préférant mettre l'accent sur l'une ou l'autre selon le morceau. Pour la musique en tout cas, et non pour les instruments qui eux cohabitent vraiment. Par exemple, "The Dark Night of the Soul" est dans la lignée très celtique de Parallel Dreams et The Visit(fi], en tant que ballade ornementée de nappes, et pourtant le texte est inspiré des poèmes espagnols du XVème siècle ! De même le très beau "Full Circle", encore plus sobre instrumentalement et qui contient les questionnements de Loreena sur la religion, nous décrivant aussi un lever de soleil depuis la dune d'Erfoud (Maroc). Toujours dans l'intimité, en fin d'album, on rencontre "Prospero's Speech", inspiré tout comme "Cymbeline" par William Shakespeare. Sur cette pièce, l'acteur doit retirer son masque et donc comme le dit Loreena, [i)L'illusion est terminée, il nous reste la réalité et Dieu pour décider par nous-mêmes. Tout aussi émouvante est la longue suite, dont la chanson continue le travail de "Annachie Gordon" et "The Lady of Shalott", en étant introduite à la cornemuse, une séquence composée par Patrick Hutchinson, le sonneur du disque. "The Two Trees", poème de William Yeats, nous parle du fameux miroir, celui du cynisme dans lequel on évite de regarder.

L'accent sur les autres musiques 'du monde' est mis sur "Santiago", titre bien évidemment inspiré de la ville de pèlerinage de Galice (aussi importante autrefois que Rome et Jérusalem), et où la rencontre entre les influences chrétiennes, juives et arabes se ressent le plus. Au-dessus des nombreuses percussions, on rencontre le bouzouki de Donal Lunny, et surtout le violon de Hugh Marsh qui délivre un solo époustouflant. Cet adjectif convient à merveille à "Marrakesh Night Market", dont le titre parle de lui-même concernant la trame. Musicalement, c'est là que l'on se délecte le plus de la mise en valeur de ces musiques encore méconnues à l'époque dans le milieu populaire. Ah ces percussions, cette mélodie !

Il ne manque en fait pas grand-chose à The Mask and Mirror pour être un chef-d'oeuvre. C'est pour sûr l'un des disques essentiels du milieu des années 90, même si The Book of Secrets, encore meilleur, lui fait de l'ombre.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Loreena Mckennitt (chant, harpe celtique, claviers, piano, accordéon,)
- Brian Hughes (guitares, oud, balalaika, sitar électrique)
- Hugh Marsh (fiddle)
- Rick Lazar (percussions, dumbek, udu drum, batterie)
- George Koller (basse, tamboura, violoncelle, esraj)
- Ravi Naimpally (tablas)
- Al Cross (batterie)
- Abraham Tawfik (nai, oud)
- Ofra Harnoy (violoncelle)
- John Welsman (arrangements des cordes)
- Anne Bourne (violoncelle, choeurs)
- Nigel Eaton (vielle à roue)
- Donal Lunny (bouzouki, bodhran)
- Patrick Hutchinson (uilleann pipes)
- Victoria Scholars Choir


1. The Mystic's Dream
2. The Bonny Swans
3. The Dark Night Of The Soul
4. Marrakech Night Market
5. Full Circle
6. Santiago
7. Ce He Mise Le Ulaingt ? / The Two Trees
8. Prospero's Speech



             



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