L'unique E.P de Loreena McKENNITT à ce jour n'a pas été enregistré en hiver, mais pour l'hiver, chose que son titre laisse entendre d'une certaine manière. Installée pour trois jours aux studios Real World de Peter GABRIEL, la dame canadienne s'octroie une sorte de petite récréation entre deux albums aux formules plus importantes. Une véritable bouffée d'air frais en pleine nature, du moins autant que ce que la campagne du Sud de l'Angleterre peut offrir en plein mois de juillet.

À ce moment, elle bénéficie de la présence de ses collaborateurs habituels, Brian Hughes, Hugh Marsh, Rick Lazar et George Koller -mais rarement tous ensemble-, ainsi que le concours d'une poignée d'invités prestigieux tels que Dan Ar Braz, Donald Quan et la violoncelliste Caroline Lavelle. Tout ce petit monde oeuvre dans le but de reprendre quelques chansons issues du répertoire hivernal britannique, celles que l'on nomme 'Carols', pour Noël (Christmas carols) ou ladite saison en général. Certaines sont étiquetées traditionnelles, d'autres directement empruntées à des poètes de la fin du XIXème siècle (Neale, Lampman). A Winter Garden contient également l'un des premiers travaux d'adaptation et de composition de Loreena McKENNITT, bien antérieur à la sortie de son premier album Elemental (1985) : "Seeds of Love".

L'ambiance globale ne développe que peu celle inaugurée depuis le début des années 90 par The Visit et renforcée par [i)The Mask and Mirror : seul "God Rest Ye Merry, Gentlemen" restitue ce parcours celtique élargi aux influences orientales, avec de multiples percussions et le violon de Waiel Abo Baker Ali qui offre la seule véritable partition soliste à cet instrument sur tout le disque. C'est d'ailleurs une remarque particulière à ce dernier, une sensation d'intimité jusque dans la densité du son, mais qui confine les musiciens à l'arrière-plan. George Koller et Brian Hughes surtout, alors qu'ils sont des composantes principales de cet univers d'habitude, voient leurs travaux réduits à des formes de résonances, on ressent même un léger manque dans les graves. Par ailleurs, si les invités et notamment la merveilleuse Caroline Lavelle sont plus avantagés de ce point de vue, il faut également deviner Dan Ar Braz sur le magnifique "Good King Wenceslas" et parmi les autres guitares acoustiques. Ses mélanges de rythmiques et d'arpèges n'en demeurent pas moins fortement appréciables dans le canal stéréo gauche.

L'influence britannique domine fortement et sans réel partage ce titre, comme "Snow", "Seeds of Love" et "Coventry Carol". À l'image de ce dernier, les nappes de claviers soutiennent un ensemble de cordes (Donald Quan ajoutant son alto à "Seeds of Love") et quelques autres touches d'instruments plus discrètes, harpe et flûtes comprises.
L'écoute des cinq chansons procure le sentiment d'un joli voyage en apesanteur dans un décor blanc et empli de quiétude, sans pour autant s'élever vers de trop hautes sphères. En effet, si certaines idées se dégagent durablement comme le magnifique "Seeds of Love", ce disque court propose un moment simplement agréable, joue sa carte de petite récréation détendue jusqu'au bout, sans inciter à autant de passion que les 'vrais' albums de Loreena McKENNITT, également plus diversifiés dans leur thématique.