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MUSIQUES TRADITIONNELLES  |  STUDIO

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Loreena MCKENNITT - The Book Of Secrets (1997)
Par MR. AMEFORGÉE le 28 Février 2005          Consultée 9936 fois

Journal de voyage :
Sur la route, 15 septembre :
Le chemin sinue au travers des montagnes. Le temps est clair et une brise parfumée me caresse le visage. Marcher dans ces conditions prend des allures de promenade.
Parfois, après tant de temps passé à voyager de contrées en contrées, je me dis que l’errance est peut-être un état d’esprit. Une philosophie. Un moyen d’accroître sa propre sensibilité en la frottant à celle d’autres cultures et de l’ouvrir ainsi aux influences. Pourtant, je n’erre pas. Je poursuis une quête.
J’ai rangé mon paquetage et m’apprête pour une nouvelle journée de pérégrination. Je me demande vraiment ce que je ferai lorsque j’aurai enfin mis la main sur ce livre.

Constantinople, 9 décembre (Prologue) :
La cité est en pleine effervescence. Un philosophe turc m’a accueillie en sa demeure et m’a indiqué une piste pour poursuivre mes investigations. Il existe encore en des lieux tenus secrets des vestiges de l’antique Byzance qui pourraient receler des indices sur le manuscrit.
Les ruines sont effectivement difficiles d’accès et, une fois à l’intérieur, l’atmosphère de mystère qui y règne, dans le halo de poussière que jette la lumière de ma torche, vous happe littéralement. Alors que je progressais parmi les pierres, dans un silence quasi-religieux, j’ai été saisie un instant d’une hallucination sonore : j’ai cru entendre une lointaine mélodie, énigmatique, aux couleurs incandescentes de l’Orient, une diaprure de cordes tissant le vêtement sonore duquel s’extirpait une voix diaphane de femme, dont les vocalises aux accents irréels m’arrêtèrent un instant dans une contemplation fascinée. Ai-je rêvé ? Etait-ce le génie des lieux qui se rappelait au souvenir des vivants ? Je l’ignore.
Au bout d’un temps, j’ai pu poursuivre ma route, avec pour seul compagnon l’écho de mes pas résonnant sous les voûtes ancestrales. Mais la mélodie demeurait à mon esprit.

Péloponnèse, 23 avril (The Mummer’s Dance) :
En poursuivant ma route à travers les plaines grecques, sous les branches bourgeonnantes des oliviers, j’ai rattrapé une troupe de bateleurs qui, comme moi, voyagent de pays en pays. Bien que nos desseins soient différents, nous avons fait la route ensemble pendant quelque temps.
Comme moi, ils reviennent d’un voyage en Orient. Leur jeu musical s’en ressent, rythme nonchalant de percussions aux rondeurs exquises, même s’ils conservent leur tradition, hymne débonnaire au printemps renaissant. La chanteuse possède une voix versatile comme une flamme et me rappelle d’autres instants, d’autres images de mes pérégrinations. Dommage que je ne puisse davantage m’attarder parmi eux, mais l’échec d’Istanbul me taraude et je dois poursuivre sans attendre.

Plaines d’Irlande, 28 août (Skellig) :
La verdure s’épanche à perte de vue et donne à l’horizon une impression de vitalité foisonnante. J’aime cette ambiance. L’air est frais, salé, et s’engouffre dans mes poumons avec vigueur. J’entends l’élégie du vent caressant, qui emporte dans sa cape de souffles les arabesques d’une flûte celtique lascive, de pensifs violons, et d’une voix cristalline qui se perd dans l’étoffe ouatée de la nuit approchante. Je me laisserais volontiers bercer par cet air apaisant, mais j’ai encore de la marche.
J’ai entendu parler d’une abbaye qui aurait accueilli un scribe ayant copié le Livre des Secrets. J’espère l’atteindre avant le crépuscule.

Venise, 10 mars (Marco Polo) :
Venise, carrefour du commerce et des cultures, cité bâtie sur du vent, reine fastueuse qui contemple son visage fané dans le miroir de l’onde. On se laisserait volontiers envoûter par cette maîtresse tentatrice. Ses parfums d’Orient, entêtants, me rappellent les charmes mystiques des mélodies soufies. Mélodies du voyage mais aussi de la torpeur. Ici, les fragrances vénéneuses se mêlent sans ambages à l’odeur de sainteté qui sourd de cette géographie si singulière. Je me sens ballottée au fil de l’eau. Et je n’ai toujours pas de réponse. Seules des questions toujours plus nombreuses s’ajoutent à mon esprit.

Angleterre, 13 juillet (The Highwayman) :
Mon chemin me ramène en terre d’Occident. Les nuits sont fraîches dans les montagnes, malgré la saison. Le ciel est dégagé et je peux apercevoir les étoiles qui me content les récits d’anciens aventuriers, perdus, à la recherche de quelque trésor dans le creux de ces vallons. Finalement, je suis un peu comme eux. Même si mon voyage est marqué par la lenteur réfléchie du pèlerinage, il se pare tantôt de la saveur épique des vieilles légendes. Au loin, j’entends les violons vespéraux, les arpèges des guitares, lourdes de menaces, le tambour militaire de l’aventure, tantôt fugace tantôt appuyé, qui montent en puissance dans ma tête, comme l’orage qui surviendra ici dans un jour ou deux. Le vent me susurre des mots doux, des mises en garde. Parviendrai-je un jour à mettre la main sur ce mystérieux Livre des Secrets ?

Venise, 8 novembre (La Serenissima) :
Me voici de retour dans la cité de Vivaldi. En automne, la ville semble peu à peu plonger dans la somnolence, paisiblement rythmée au gré des quelques accords de harpe qui montent de la lagune. Les violons qui l’accompagnent ont des teintes chaudes, d’ors et de soie. J’aime cette atmosphère sereine, malgré l’ombre de la mort qui plane toujours un peu au-dessus de nos têtes, ici-bas. Mes pas m’ont d’ailleurs conduite au cimetière de San Michele, bordé de cyprès. Je crois détenir une piste, un fil ténu certes, mais que je compte exploiter.

Plaines du Caucase, 4 février (Night Ride Across the Caucasus) :
La nuit tombe et la fièvre ne quitte plus depuis des jours. C’en est fait de moi. Je ne trouverai jamais le livre, ma quête était une chimère, comme le graal, comme les géants de Don Quichotte. J’ai l’impression de me séparer de mon corps. Je délire. La vision de mes anciens voyages se succède dans une lente procession et j’entends à nouveau ce chant mystérieux, cette voix féminine qui ne m’a jamais vraiment quittée finalement. Elle chante pour moi le mystère du monde. En dehors de ma tente, il pleut des cordes. Des cordes de guitares, introspectives et tendres, au milieu des violons veloutés et des gouttes de pluie qui rythment comme un tambour ma lente ascension vers le sommeil.

Orient Express, 25 mars (Dante’s Prayer) :
Pour changer, je prends le train. Cela me repose de ma longue marche à travers les espaces et le temps. En face de moi, une jeune femme lit un livre. La Divine Comédie de Dante, récit d’un voyage spirituel à travers les contrées de l’au-delà. Même si j’ai échoué dans mon entreprise, je suis heureuse d’être en vie.
De nuit, à bord du luxueux Orient Express, les paysages que l’on devine au-dehors se succèdent comme une série d’images de mon passé. A ces images, s’appose dans mon esprit une mélodie venue des profondeurs de la terre : j’entends un chœur, religieux, d’hommes ou d’anges, avant qu’un piano et un violon nostalgique ne viennent le remplacer, amoureusement enlacés. Et toujours cette voix qui ne m’a jamais vraiment quittée, comme une présence réconfortante. Elle est douce, lyrique, bouleversante. S’il te plaît, souviens-toi de moi, me dit-elle, évanescente. Je le promets, pensé-je.
Je me demande si le Livre des Secrets existait finalement. J’ai cherché, année après année, par monts et par vaux, un grimoire, un traité mystique, alchimique, philosophique, qui m’aurait ouvert les portes du monde. Mais après tout, est-ce que l’essence de ma quête n’était pas plutôt l’errance en elle-même ? Cette partition musicale que je marque de chacun de mes pas et qui se charge de nouvelles couleurs, de nouvelles clartés à chacune de mes rencontres ?
Des larmes coulent sur mes joues. Le Livre des Secrets, ce n’est pas un livre, en fin de compte, c’est une mélodie de l’esprit. Un flot d’images chatoyantes, de souvenirs, de sensations, de parfums. Un récit personnel où le celtique croise l’oriental, où l’Orient fantasmé, embrasé de mille couleurs, embrasse l’Occident.
Désormais, je peux m’en retourner en paix.
Je rentre chez moi. Enfin...

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   MR. AMEFORGÉE

 
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- Loreena Mckennitt (vocals, keyboards, harp, kanoun, accordion)
- Brian Hughes (oud, guitars, bouzouki, vocal drone)
- Stuart Bruce (assembled drone, vocal drone)
- David Rhodes (electric guitar)
- Danny Thompson (acoustic bass)
- Nigel Eaton, (hurdy-gurdy)
- Hugh Marsh (violin)
- Caroline Lavelle (cello)
- Donald Quan (tabla, timba, esraj, viola, additional keyboards,)
- Paul Clarvis (snare drum)
- Rick Lazar (percussion)
- Hossam Ramzy (percussion)
- Manu Katche (drums)
- Aidan Brennan (acoustic guitar, mandola)
- Martin Jenkins (mandocello)
- Bob White (tin whistle, shawm)
- Joanna Levine (viola da gamba)
- Steve Pigott (additional keyboards)
- Osama (violin)
- Martin Brown (acoustic guitar, mandolin, mandola)
- Steafan Hannigan (bodhran)
- Robin Jeffrey (victorian guitar)
- Anne Bourne (cello)
- Nick Hayley (serangi, rebec, lira da braccio)
- Jonathan Rees,
- Iain King,
- Andy Brown,
- Chris Van Kampen, (string quartet)


1. Prologue
2. The Mummer's Dance
3. Skellig
4. Marco Polo
5. The Highwayman
6. La Serenissima
7. Night Across The Caucasus
8. Dante's Prayer



             



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