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MONOLAKE - Cinemascope (2001)
Par STREETCLEANER le 11 Mars 2011          Consultée 3405 fois

Avec Cinemascope, Robert Henke nous propose une petite virée de nuit à travers les rues d’une grande ville ou mégapole. Il s’agit peut-être de la ville de Shanghai, ville dont sont tirées les photos du livret. L’album est d’ailleurs introduit par un court sample, fait de bruits urbains, censé préparer notre esprit à cette proposition de décor et de voyage.

Lorsque la ville est endormie, lorsque les bruits urbains s’estompent, les sons prennent alors une toute autre dimension. Le fond sonore ininterrompu de l’activité humaine laisse place au silence et le moindre bruit occupera l’espace vide afin de se propager et de rebondir le long des bâtiments, des ponts, des tunnels, sous forme d’échos qui s’atténueront peu à peu. Et cette image colle plutôt bien avec le pouvoir d’évocation de l’ambiant et minimaliste Cinemascope tellement les sons vont sauter avec agilité le long des immeubles pour s’évaporer rapidement vers le ciel ouvert (« Bicom » qui sera utilisé dans la série CSI Miami - Les Experts Miami - en est le parfait exemple, comme « Ionized » qui, sans être agressif, s’avère être plus inquiétant et tendu). Comme souvent chez Henke les environnements sont bien plus vides que peuplés (les nappes spatiales y jouent aussi un rôle important), l’activité humaine ne faisant qu’une brève apparition pour rapidement disparaître.

A l’image des routes qui s’entrecroisent sur la photo, Robert Henke va opérer un travail architectural rondement pensé et mené. Globalement très calme et plutôt épuré (mis de côté un titre-foutoir « Cut » qui détonne), les textures liquides, cristallines, se combinent avec les solides, les fluides avec les rigides, les aériennes avec les terrestres, les proches avec les lointaines, l’ensemble des éléments cohabitant dans une osmose quasi totale (il s'agit par exemple d'un travail d’architecte perfectionniste sur « Cubicle », impressionnant de richesse et de finesse malgré son apparente simplicité). On appréciera également son travail sur les motifs rythmiques, par exemple avec des combinaisons de percussions et de sons qui ressemblent à des flux, des expirations « Bicom » (qui rappelle "Ice" sur l'album Gravity), ou des voix détournées « Alpenrausch ». D’une manière générale, on peut dire que quasiment chaque composition fourmille encore de multiples détails conférant à la musique une lecture à plusieurs niveaux qu’on ne perçoit pas forcément au premier abord (vais-je porter cette fois-ci mon attention sur les nappes éthérées, sur l’ossature rythmique ou les éléments surajoutés ?).

Le pouvoir relaxant et apaisant des premiers travaux de MONOLAKE est encore présent (ce ne sera plus le cas sur le suivant Momentum, sacrément agressif en comparaison). Comme le méditatif « Indigo » avec ses gouttelettes d’eau qui tombent sous un tunnel, en pleine nuit, ou « Cubicle », ou encore « Ping » qui est l’exemple parfait d’une suggestion idéale de l’endormissement de la ville. Ses discrets beats répétitifs nous hypnotisent et si nous n'y prenons garde notre esprit tombera rapidement dans les bras de Morphée. Sur l'excellent « Ionized » les nappes vaporeuses combinées aux basses créent une sensation de lenteur, d'attente (1), et les rues vides prennent un aspect plus inquiétant. Le compositeur sait parfaitement alterner les plages introspectives (celles qui font appel à l’esprit) et d’autres plus dancefloors (celles qui parlent au corps : « Remoteable », « Television Tower » et sa mélodie entêtante sur de petites percussions métalliques et une basse groovy). Ou entre ambiances plus sombres (« Bicom », « Ionized ») et plus lumineuses (« Television Tower »).

Avec Cinemascope, Henke fait encore du très bon boulot. Les ambiances ne sont pas très éloignées de celles de Gravity (lequel ferait lui aussi un très bon album pour une thématique nocturne) mais ce n’est pas encore cette fois qu’il sera pris en défaut côté qualité. Plongez votre habitation dans le noir, observez les lumières de la ville au plus profond de la nuit et contemplez-les. Vous ne pouvez pas ? Une alternative s’offre à vous. Insérez cet album dans votre lecteur et saisissez l’esprit de la nuit enveloppant la ville. Voilà le vrai pouvoir de Cinemascope… nous transporter dans cette grande ville, la nuit.

(1) à noter aussi ce petit beat répétitif qui pourrait faire penser au bruit amplifié d'une montre à aiguille.

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   STREETCLEANER

 
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- Robert Henke (tout)
- T++ (collaboration)
- Gerhard Behles (collaboration)


1. [plage Sans Titre]
2. Bicom
3. Cubicle
4. Ping
5. Ionized
6. Remoteable
7. Television Tower
8. Cut
9. Alpenrausch
10. Indigo



             



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