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MONOLAKE - Ghosts (2012)
Par STREETCLEANER le 5 Mars 2012          Consultée 4102 fois

Il y a des artistes comme ça, ils sont maniaques et sont obsédés par la qualité de leurs productions. Vous avez confiance en eux car ils n'ont jamais déçu et ont fait preuve d'une belle et indiscutable constance malgré le temps qui passe et qui use. Robert Henke fait partie de ces artistes-là, chaque sortie est un grand moment et donne systématiquement lieu au secret espoir que le compositeur donne encore le meilleur de lui-même. Au mieux l'œuvre sera un chef-d'œuvre, au pire ce ne sera qu'un bon album.

Oui, Ghosts est donc un album attirant. Encore un. Après l'excellent Silence on était curieux de connaître la direction prise par l'Allemand. Eh bien Ghosts est à la fois différent de Silence et, dans le même temps, marche dans son sillage. Ghosts est plus rythmé que Silence et revient, par petites touches, à certaines sonorités d'antan. Mais une chose interpelle assez rapidement. Le background de l'album est particulièrement sombre, Henke n'hésitant pas à virer pleinement dark ambient. Cet univers obscur, froid, métallique, souvent répétitif et mécanique (« Afterglow », « The Existence of Time », « Lilith ») est clairement hérité du précédent Silence : « a dark and evil quality » n’hésite pas à revendiquer Henke, voilà l’esprit de Ghosts qui regroupe des compositions qui doivent communier d’un même esprit noir et tourmenté. C’est une eau noire et opaque qui recouvre les différentes structures rythmiques (entre dub techno, D'n'B et Idm), généralement plutôt bien hypnotiques et accrocheuses (à ce titre « Foreign Object » et « Ghosts » sont des petits bijoux et le jeu sur les textures des percussions métalliques de « Lilith » admirable).

Sur Ghosts l'expérience devient effectivement encore plus oppressante, plus éprouvante que sur Silence. Le décor est désespérément sans espoir, sans issue, le spectateur aura beau effectuer des rotations à 360°, rien n'y fera. L'obscure brume de la pochette nous enveloppera inexorablement d'un sentiment de perdition et de résignation. Peut-être plus de l'inquiétude ou de l'angoisse que de la terreur, mais avouons qu'un titre comme « Phenomenon », à l’étrangeté inquiétante, trouverait bien sa place au cœur d'un décor stressant à la Silent Hill. Le titre éponyme d'ouverture, assis sur un tapis de basses de type dubstep, et à l’aspect autant EBM que techno, donne d'ailleurs le ton. On se demande si Henke se porte mentalement si bien que cela, notamment lorsqu'il tente de chasser ses démons intérieurs : « vous n'existez pas, sortez de ma tête » (1).

Henke joue encore avec les matériaux. Depuis l'album Interstate en fait, sa fascination pour la matière n'a jamais vraiment cessé. Peut-être aussi parce que Henke est attaché autant aux structures qu'à la physique elle-même. Ainsi, les balles rebondissent, les pièces métalliques ou de verre s'entrechoquent « Toku », la matière subit des pressions et craque dans une église infernale « Aligning the Daemon », les objets semblent vivre leur propre vie en dehors de toute humanité « Phenomenon ». L'environnement est vide, les échos lointains jouent avec les bruits de proximité, les résonances ont une ampleur et une profondeur saisissantes, la distance prend de l'importance et s'avère être nettement palpable. Ghosts fourmille de nombreux détails sonores aux effets de relief saisissants.

Ghosts semble donc parfois vouloir devenir une sensationnelle expérience en 3D « Unstable Matter ». Henke est un ingénieur du son et les installations acoustiques ou sonores n'ont plus de secret pour lui. Pourtant l'Allemand ne semble pas tomber dans certains travers du dernier Isam, d'Amon Tobin. Ghosts n'est pas une simple expérience ou un défi acoustique. L’immersion de l’auditeur est profondément réelle. Sur « Unstable Matter » Henke se permet de côtoyer les atmosphères d’un monde infernal à la Hellraiser avec l’environnement technologique d'Access To Arasaka, mais avec quel son, quelle profondeur ! Même si comparaison n'est pas toujours raison, disons que l'Allemand renvoie l'Américain dans ses cordes tellement le relief complexe des textures laisse l'auditeur sur place. Il faut dire aussi que Henke a déjà derrière lui quelques productions expérimentales qui sont révélatrices d’un talent de maître-orfèvre (Ghosts hérite d'une partie du travail effectué sur Layering Buddha et Atom/Document - albums sortis sous le nom de Robert Henke et non Monolake).

Ghosts, la nouvelle expérience de Henke est donc particulièrement remarquable. Tout aussi bien soignée du côté des structures rythmiques que du côté de ses atmosphères ténébreuses, cette expérience sonore a encore dû demander un nombre incalculable d’heures de travail à son géniteur. Inutile aussi de préciser que Ghosts a été entièrement travaillé à partir d’Ableton Live, logiciel dont Henke fût l’un des concepteurs. Ghosts représente la face sombre de l’artiste et ceci pour notre plus grand bonheur car, disons-le, on trouve aussi de belles choses dans ses ténèbres. Mais au-delà de cet aspect, Ghosts s’avère surtout être une œuvre hautement soignée et captivante. Imparable encore une fois. Mais est-ce étonnant ?

(1) « you do not exist, get out of my head »

Hautement recommandé !

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   STREETCLEANER

 
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- Robert Henke (tout)


1. Ghosts
2. Toku
3. Afterglow
4. Hitting The Surface
5. Discontinuity
6. The Existence Of Time
7. Phenomenon
8. Unstable Matter
9. Lilith
10. Aligning The Daemon
11. Foreign Object



             



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