Le dixième album studio d’une flamboyante rouquine, cela s’arrose !
Et avant toute chose, quel joli titre ! 'Anormalement attirée par le péché', c’est sympa, ça se laisse déguster tout d’un trait au niveau fantasme. Tel n’est pas le cas du skeud, plus long tu meurs, puisqu’il est composé de 17 titres. Tori a toujours beaucoup à dire malgré le rythme de folie qu’elle tient depuis des années. Pour une fois, ce n’est pas un concept album, le ton est donc plus enjoué. Comme à l’accoutumée, le skeud est mis en boîte dans le home studio de la belle en Cornouailles, proche des terres de la fée Kate BUSH, si proche et à la fois si lointaine.
Elle pose en tout cas sur cet album en femme fatale, somme toute sa plus belle incarnation, en dépit de tous les personnages qu’elle aime à jouer.

Précisons? en outre, mais sans trop entrer dans les détails, que Tori voulait associer les chansons de ce disque à une série de photos shootées par des grands noms de l’art pictural comme Karen Collins et Christian Lamb, pour ceux que cela intéresse.

Le ton Zeppelinien de "Strong Black Wine" est surprenant, d'autant que les cordes singent avec évidence les montées de "Kashmir", sans pour autant atteindre au sublime du méga classique du Zep. On reconnaît là l’attirance de Tori pour tous les styles de musique.
L’introductif "Give" vous prend les tripes. Un rythme trip-hop passé dans la moulinette sonique de Tori. On y retrouve l’intégralité des gimmicks qui ont fait ses plus grands succès. La jeune femme a enfin trouvé le repos, c’est la pensée qui me vient à l’esprit en entendant cette merveille. L’équilibre, l’harmonie… Certes, le ton est macabre, enrichi par des nappes de synthés judicieuses. Mais la comptine pas innocente pour deux ronds "I Can Give" s’écoute facilement en boucle pendant des heures.

Nous retrouvons avec joie les éléments dépressifs et romantiques sur la superbe "Fire to Your Plain". La belle guitare agressive de "Police Me".
"That Guy" vous fera chavirer, messieurs, c’est un instant de grâce immaculée où une sublime femme vient vous faire sa déclaration. Difficile d’y résister. "Mary Jane" sort du même tonneau, si ce n’est qu’elle y narre les aventures d’une jeune femme sensuelle et voluptueuse. Le Bosendorfer de la belle y sonne exceptionnel. "Ophélia", autre ode à la féminité souffrante, est troublante à souhait.
"Starling" est tout simplement merveilleuse, avec ses réminiscences celtiques, le titre de cet album. "Lady in Blue" est onirique et émotionnelle. Enfin, le titre éponyme est une originale course lancinante et enfiévrée.

Dans les défauts de ce dixième opus, je déplore le single "Welcome to England", à mon sens un des titres les plus faibles de l’album. Le second "Maybe California" est plus dans les canons de Tori, mais reste peu mémorable. Certains titres sont donc dispensables, mais l’opus est blindé, et la qualité indéniable de la majorité des titres en fait un très bon album, un des meilleurs de Tori.

Possiblement son œuvre la plus personnelle.