Tom JONES a plutôt bien négocié le tournant de la fin des eighties en revenant au fond de commerce de ses glorieux débuts avec une pop triomphante et sa capacité personnelle à l'interprétation des grands classiques de la musique populaire, ainsi qu'il vient d'en faire la preuve avec le "Kiss" de PRINCE. La scène est alors posée pour la suite d'une carrière qu'on espère surprenante, l'artiste n'ayant de toutes manières plus rien à prouver, tout sera du bonus ! Vous comptez bien, nous voici en face du vingt-huitième opus du Gallois, une disco pléthorique !

Comme souvent, tout ceci débute avec un énorme coup de pouce du destin sous la forme d'une collaboration avec le voisin irlandais Van MORRISSON, dont le nouvel album Hymns of Silence est sur le point de sortir. Nous allons donc retrouver ici pas moins de quatre titres de Van. Et nous débutons par l'éponyme "Carrying A Torch" qui porte le sceau des chansons 'dramatiques' et martiales de MORRISSON. Si on ajoute la voix fabuleuse de Tom pour donner tout son sens aux paroles, on obtient ce splendide titre au confluent des influences pop. Et tout ça dans la facilité, quelle belle ambiance gospelisante !

Plus dynamique, "Some Peace Of Mind" avec son petit groove funky est tout aussi réussie. Pop en diable mais aussi proche de certains thèmes de l'Americana d'un John MELLENCAMP à la même époque, "I'm Not Feeling It Anymore" sonne superbement et s'insinue dans votre cortex. Vous allez avoir bien du mal à ne pas chanter avec Tom cette ritournelle merveilleusement addictive. Perso j'adore, et Tom y délivre une sacrée performance sur 7 minutes de bonheur. "It Must Be You" achève cette collaboration entre Tom et Van sur une tonalité proche d'Elton JOHN, dans un élan variété pop de belle allure.

Quelques slows, où l'influence Elton JOHNienne est bien de la partie, ce qui ne gâche en rien la fête, la voix de Tom JONES n'ayant rien à envier à quiconque, la preuve ? Ecoutez-le monter et vibrer sur le slow "Do I Ever Cross Your Mind". C'est le sous-estimé Paul CARRACK qui lui a écrit "Give Me A Chance", un slow qu'on pourrait hélas qualifier d'un peu 'sirupeux', pas un faux pas, mais incontestablement pas du même niveau que le reste, seul bémol. L'album se termine sur "Old Flame Blue", un titre oscillant entre tentations prog et pop avec un chant vraiment splendide, comme si Tom s'était encore bonifié avec le temps ! Une magnifique composition qui brille de mille feux.

Et du rock ! "Killer On The Streets" a été écrit par Jon PARR, le créateur du tube "Saint Elmo Fire" au début des eighties. Dans un état d'esprit Hard FM, Tom s'en sort magnifiquement, depuis le temps que je vous dis que ce mec est taillé pour chanter du bon gros rock ! Les immenses Jerry Leiber et Mike Stoller – principaux pourvoyeurs des classiques du king ELVIS – ont écrit "Only In America", son gros refrain AOR soft rock de haute volée à ne pas confondre avec le méga hit de 2001 par BROOKS AND DUNN aux US seulement ! Le sympa mid tempo "Couldn't Say Goodbye" nous ramène dans le giron des succès de Tom.

On part un peu dans tous les sens : petite ballade sentimentale, "Fool For Rock'r'oll" penche encore vers MELLENCAMP, influence évidente en ce début de décennie pour Tom, mais ce genre Folk rock lui convient à merveille. Voyez donc "Strange Boat", une reprise folky des WATERBOYS proposée sous l'angle Heartland rock à nouveau, et ça fonctionne bien. Enfin, quelques influences Synth pop mixées de soul persistent sur "Zip It Up", mais le refrain et le chant efficace de Tom suffisent à faire pencher la balance.

Au final, nous sommes plutôt emballés par ce superbe album de Tom JONES qui propose beaucoup de variations et d'originalité. Ce fut un coup de maître que d'adapter les compositions du lion irlandais Van MORRISSON au titan gallois Tom JONES. Plusieurs instants de grâce ponctuent cet album qui se démarque nettement dans la disco de l'artiste. Quel plaisir de retrouver Tom à un tel niveau, et quelle énergie chez cet artiste d'avoir ainsi traversé une quinzaine d'années de désert en ayant aussi bien survécu ! Quand on sait que le meilleur reste encore à venir, voila qui ne manque pas de piment ! Un 4 mérité.