Il y a quelques semaines à peine, je m'extasiais, confus d'une béatitude toute niaise, à l'écoute du deuxième album des Hongrois de Paddy And The Rats. En matière de rock celtique, l'herbe est plus verte ailleurs, et la France n'a quasiment rien à offrir, pensai-je alors benoîtement. C'était avant que CELKILT fasse son apparition, avec enthousiasme et fracas. Car voilà qu'un jeune groupe de Roanne, tout de kilts vêtu, vient contredire mes convictions désabusées ! Finalement, il semblerait que l'état de friche dans lequel se trouve la France en matière de rock celtique ne soit pas voué à perdurer. Voici qui devrait faire plaisir aux Booze Brothers, qui se faisaient alors quasiment les seuls représentants de ce style musical sur notre territoire national... Cocorico, ou plutôt cock-a-doodle-do, comme diraient nos voisins insulaires amateurs de Guinness, vers qui la musique de CELKILT lorgne ostensiblement.

Le groupe est composé de jeunes gens, la preuve, s'il en fallait une, que les musiques d'obédience celtique peuvent encore générer des vocations dans notre contrée, malheureusement hermétique à ce style musical. Car non, CELKILT n'a rien à voir avec Tri Yann, ou avec Nolwenn Leroy reprenant les standards bretons... La formation est basée sur une base rock guitare / basse / batterie sur laquelle viennent se greffer flûte, cornemuse et violon. Le résultat ? Une musique tantôt dansante et enjouée, façon jigs endiablés (l'instrumental « Jig it up »), tantôt plus éthérée et se rapprochant d'un folk traditionnel. Cette première réalisation, à mi-chemin entre l'album et l'EP, montre un groupe au potentiel flagrant, bien loin de ces formations bas du front qui se contentent de proposer ces fameuses chansons « à boire » qui sont pourtant légion dans le style.

On pense tour à tour à Seven Nations, à Great Big Sea ou à Sir Reg à l'écoute de ces six titres parfaitement produits et exécutés. L'alchimie entre la section rock et la section celtique est évidente, et aucune ne prend le pas sur l'autre. Liées ensemble par la voix chaude et délicate du chanteur, elles transcendent ces compositions qui, si elles restent ancrées dans une certaine tradition séculaire (« Get the hell away », « Let me out »), n'hésitent pas à transcender les canons du style pour lorgner vers un rock plus moderne, mêlant mélodies éthérées et riff plaqués (« The same old frown », « The war in my head »). Le tout sonne d'une manière résolument convaincante et jubilatoire, CELKIT ne proposant que la crème de ses premières compositions, qui montrent déjà une identité propre et des idées originales. Jusqu'à la ballade finale, la tendre « Lay me down », tout sur ce premier EP n'est que richesse et réussite. Ainsi, comment ne pas avoir foi en ce jeune groupe qui, espérons-le, confirmera rapidement les espoirs placés en lui avec un album complet du même acabit ? Un nouveau groupe à soutenir et encourager. La fierté de la nation en dépend !

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