Un CD, ça pèse quoi dans une hotte ? Si on ramène son poids à celui d'une boule de bowling ou d'un lave-vaisselle, vous imaginez alors le nombre de copies de ce nouvel album des CELKILT que le Père Noël va pouvoir trimbaler lors de sa distribution annuelle de cadeaux. Car cette cinquième sortie studio des rois mages du rock celtique doit se retrouver en nombre au pied des sapins, c'est une évidence. Car écouter Kiltmas Songs, c'est rentrer de plain-pied dans des fêtes de fin d'années dépoussiérées, regonflées d'une espièglerie et d'un hédonisme assumés qui leur faisaient jusqu'alors cruellement défaut.

Imaginez, le Père Noël en kilt, les lutins à la crête punk, les rennes enivrés à force de danser sur des jigs endiablées. C'est tout cela, le Noël des CELKILT. Pour sa nouvelle réalisation, le groupe a pris le parti de se faire plaisir avant tout, en proposant sa propre vision de ce que devrait être une bande originale des fêtes de fin d'année. Après tout, le groupe (qui vient lui-même de Mars, rappelons-le), n'a plus rien à prouver. En cinq ans d'une carrière menée sur les chapeaux de roues (même si des chapkas seraient plus appropriées en cette période), Titou MacFire et ses acolytes ont vécu ce que nombre de groupes ne vivront jamais sur toute une vie. En écumant sans cesse les salles de spectacles, et en proposant de régulières sorties studio (chose rare en cette période où le live est roi), le groupe s'est imposé, presque naturellement, comme le fer de lance d'une scène qui doit beaucoup à sa présence.

Si cette nouvelle sortie donne l'impression d'avoir été créée "pour le fun", elle bénéficie néanmoins d'un intérêt artistique loin d'être négligeable. En décidant de composer des morceaux liés à la thématique de Noël, et en choisissant d'interpréter quelques classiques des fêtes de fin d'année, le groupe modifie légèrement l'angle d'approche de sa musique, tout en restant fidèle à ses racines. D'entrée, nous sommes en terrain conquis, le groupe proposant un "Santa Santa" bluffant, rock celtique très enlevé, dans les droites lignées des réalisations précédentes du groupe. Précédé d'une intro mettant en valeur la nouvelle violoniste du groupe, Ana MacFive (et qui semble être une excellente recrue, tant sa maîtrise du violon et ses qualités de chanteuse se fondent à la perfection dans l'identité du groupe), ce titre mêle énergie et efficacité des mélodies avec une facilité déconcertante.

La première moitié de l'album, qui mêle nouveautés et reprises interprétées à la sauce CELKILT (toujours très énergiques), est d'une très grande qualité. Tant sur "Jingle bells" que sur la version punkisante de "Petit Papa Noël" ou sur la compo originale "Xmas Would Never Be The Same If You Were Not Around", le groupe séduit grâce à son sens de la mélodie jouissif, et une interprétation sans faille.

La seconde moitié, plus calme, est tout autant appréciable, car elle permet au groupe de mettre en valeur une autre facette de son talent : sa capacité à proposer des harmonies vocales désarmantes de beauté et de cohésion. Comme si ses membres ne faisaient plus qu'un, CELKILT nous offre une interprétation exceptionnelle de "Holy Night", a cappella ou encore une chouette reprise de "White Christmas", qui met en valeur Titou MacFire (quel chanteur il est devenu !) et le violon d'Ana MacFive. En guise de final, "Amazing Grace" vient faire pleurer dans les chaumières, grâce à la splendide interprétation a cappella des deux membres précités, avant que, avec l'espièglerie qu'on lui connaît, le groupe ne vienne revisiter quelques-uns de ses morceaux passés à la sauce Noël.

Chaud ou froid, neige ou pas, avec ou sans foie gras, les fêtes de fin d'année seront belles grâce aux CELKILT qui, sous couvert de proposer un album fun, nous offrent une nouvelle sortie qui assoit un peu plus sa suprématie sur la scène rock celtique, et confirme son talent, tant en matière de création que d'interprétation. De quoi rendre un peu plus "hot" la tournée du vieux barbu !