Avec From Source to Sea, je ne ferai pas dans l'originalité. A cette époque, si l'on met de côté l'excellent The Shining qui reste somme toute assez à part, c'est un peu comme si depuis Magic Theatre, GANDALF avait décidé de faire un peu mieux à chaque fois. Quand je dis un peu, ce n'est pas forcément dans la composition, chose à laquelle se sont plutôt raccrochées mes notes jusqu'à maintenant. Il ne faut pas oublier que pour cette musique très particulière, il y a aussi le son qui rentre en jeu. Rien n'est plus agréable qu'une new-age servie par de beaux sons de synthés (chose qui faisait légèrement défaut aux tout premiers albums de GANDALF), si possible accompagnée d'autres instruments. Et c'est pour cela, autant que pour la composition (et aussi la très belle pochette) que la note s'élève à 4 pour ce From Source to Sea, meilleur album de l'autrichien de la seconde moitié des années 80.

"Dreamscapes" ouvre l'album avec une pureté familière, mais qui évoque on ne peut mieux le cheminement de l'eau claire, de la source en montagne jusqu'à la mer ou l'océan comme l'affirme si bien le titre de l'album. Claviers et pianos se superposent majestueusement, une petite touche asiatisante est apportée pour colorer le tout. Puis celui-ci s'emballe pour la deuxième partie, retour évident aux nobles (ouais, si on veut) eighties avec la boîte à rythmes de rigueur. La guitare électrique envoie un petit riff rythmique fort appréciable, et ce même instrument vient soloter superbement par-dessus une envolée courte mais passionnante. "Dancing Butterflies" marque le retour à une certaine pureté, on est décidément un cran au-dessus des albums passés en termes d'ambiances et de sons. Un univers onirique, très propre à la new-age mais plus que jamais séduisant. Le synthé rythmique surgissant au milieu du morceau vient offrir quelque chose d'exotique. Ce moment développé sur tout ce qui reste est fort intéressant, empêche de verser dans l'immobilisme. "From Source to Sea" reprend le même type d'idées en plus étalé (plus de onze minutes). Les nappes y sont magnifiques encore une fois. Même constat pour "Crystal Cascades" où le synthé à molette refait une petite apparition.

"Lotus Blossom" prolonge le rêve et l'effet asiatisant - le contraire avec un tel titre aurait été surprenant -. Ce morceau présente des sonorités eighties plus magistrales mais gérées de manière excellente. Un brin de flûte nous est offert sur le très beau "Yamuna Full Moon", titre où la guitare se fait très aérienne. "Refuge Island" conclue le tout en douceur et majesté, dans une veine similaire à celle de la première partie de "Dreamscapes". La basse y occupe une place importante, la boîte à rythmes y est légère... On se délecte facilement de ce titre qui avec une mélodie chantée (autrement que par le piano), aurait pu faire un bon tube new-age.

From Source to Sea constitue ainsi un sommet pour le GANDALF des années 80, peut-être pas en termes de composition (la plupart des mélodies sont très linéaires) mais d'abord de son, et ensuite d'occupation du temps mieux gérée que sur The Universal Play, surtout en ce qui concerne les envolées. A choisir aisément parmi les disques de l'autrichien de cette époque.