Il arrive que l'on se trompe sur le compte d'un album. Ainsi, il m'est arrivé de penser que 1992 fut une année dorée pour GANDALF, d'abord à cause de la publication de Gallery of Dreams, réalisé en compagnie de "Dieu" Steve HACKETT. Il y a cet autre disque, The Stones of Wisdom, à la pochette très belle et pourtant simple...

Quelques indices, à part cette photo d'un dolmen, comme le titre choisi, l'emploi de uilleann pipes (cornemuse irlandaise) et la splendeur de certains morceaux permettaient à cet album de rester en mémoire comme "le disque le plus celtique" de l'Autrichien, ce qui n'était pas pour me déplaire.

À la réécoute, et même s'il peut conserver ce rang à son échelle, The Stones of Wisdom n'est pas le disque le plus inoubliable de GANDALF, loin s'en faut. Il y a toujours une volonté de conceptualiser la musique, en faisant s'enchaîner tous les titres et en offrant des moments de bravoure comme "Simades – A Guide on the Path of Wisdom", avec son début sombre et son solo héroïque sur lit de synthés, comme une envie d'attirer l'attention du public rock progressif en même temps que l'expérience Gallery of Dreams.

On trouve d'ailleurs, là aussi, des morceaux courts et basés sur le piano, comme "Dance of Ecstasy", "Morning of Peace" et "Questions of the Heart". Ce qui fait moins la réussite de l'album, ce sont les moments les plus new-age, avec des ambiances plus que des mélodies, quelques arrangements de flûtes de pan programmées... L'impression que ce disque sonne musique de relaxation quand certains titres cherchent vraiment un ensemble plus consistant. Cependant, même une plage comme "Ritual Night at the Stonecircle", où planent les guitares électriques, est plutôt ennuyeuse.

On retrouve les uilleann pipes sur la seconde partie de "Roads of Atlantis", ainsi que le splendide premier morceau, "The Lonesome Wanderer". Les instruments à vent sont à l'honneur, chaque fois qu'ils jouent, et jusqu'à la fin puisque Peter Aschenbrenner, le collaborateur habituel de GANDALF, apparaît au saxophone soprano sur le dernier titre, "Source of Light", de manière inattendue. Il y aussi la basse d'Erich Buchebner qui chante sur "Wings of Love", une excellente idée, rare qui plus est !

Le morceau-titre, "The Stones of Wisdom", utilise des boucles électroniques modernes, et le résultat se laisse écouter, sans être phénoménal. "Talk With the Spirits of the Sea" en revanche, se rapporte merveilleusement à l'univers celtique, avec sa flûte et sa fausse harpe au clavier. Le rythme n'est pas figé et il y a une forme improvisée ; rarement la musique de GANDALF respire aussi bien, même lorsqu'elle est onirique.

La force de cet album, plus que dans la composition, réside dans la beauté des sons, pour une vue d'ensemble. Ensuite, de façon mieux localisée, certains morceaux se détachent et en général, ce sont les plus instrumentés, ceux où l'arrangement n'apparaît pas trop minimaliste. Il faut dire que plus d'une heure 15 minutes de musique par GANDALF, c'est très consistant (il célèbre comme il faut le passage à l'ère CD !). À écouter de temps en temps, ne serait-ce que pour la satisfaction de posséder cette oeuvre non-rééditée.