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- Style : Blackmore's Night
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RENAISSANCE - Ashes Are Burning (1973)
Par MARCO STIVELL le 11 Janvier 2012          Consultée 5410 fois

Ashes Are Burning, c'est le quatrième album de RENAISSANCE. Le groupe est encore en train de chercher sa formation 'définitive' (ou du moins celle de son ère de gloire), Rob Hendry ayant été écarté lors du Prologue tour. C'est finalement Michael Dunford, sessionman de "Mr. Pine" sur Illusion et compositeur sur Prologue qui l'intègre en tant que guitariste acoustique. Décidément, le groupe avait un problème avec l'électrique. Néanmoins, pour Ashes Are Burning, son absence se voit palliée par une utilisation sur laquelle on reviendra plus largement. Il faut quand même attendre le disque suivant pour que Dunford soit crédité comme membre officiel, c'est la raison pour laquelle il n'apparaît pas sur les photos ici.

Ashes Are Burning, c'est un concept de pochette. Selon l'édition que vous avez, vous pouvez soit voir Annie Haslam et Terrence Sullivan regarder d'un côté différent en souriant de manière rêveuse, béats face à la lumière qui les inonde, ou alors comme sur l'édition US, regarder vers vous avec un air beaucoup plus inquiétant dans des tons plus crépusculaires. La question est surtout de savoir si vous préférez les gentils hippies ou les rockeurs en passe de devenir plus "sérieux".

Ashes Are Burning, ce sont six morceaux d'anthologie. Oh bien sûr, le groupe hésite encore à proposer un album qu'il aurait entièrement écrit. C'est ainsi que l'on doit "On the Frontier" à Shoot, la nouvelle formation de Jim McCarty qui n'est autre que l'ancien batteur de RENAISSANCE. Pour "Can You Understand ?", Michael Dunford a humblement cru emprunter un air au folklore russe, alors qu'il s'agit d'une citation de la musique que Maurice JARRE a écrite pour Docteur Jivago. Il y a eu un léger souci pour l'autre reprise, celle de "La Cathédrale Engloutie" du compositeur Claude DEBUSSY présente en intro et fin de "At the Harbour", lors de la réédition de l'album en double avec Prologue appelée In the Beginning en 1978. Comme le copyright de certaines oeuvres du début du siècle (dont celle-ci) avait été modifié depuis 1973, la chanson a dû être éditée et a ainsi perdu pendant quelques temps sa moëlle néo-classique, étant ramenée à 3'07 minutes. Autant dire qu'il valait mieux découvrir RENAISSANCE en 1973 qu'en 78 et surtout qu'en 1988 car lors de la réédition CD de In the Beginning, là c'était non seulement "At the Harbour" mais aussi "Ashes Are Burning" qui étaient amputées, chose que l'on peut qualifier de littéralement criminelle.

Mais assez perdu de temps, venons-en aux chansons. Ce qui brille sur Ashes Are Burning, c'est non seulement l'unité du groupe, mais aussi bien sûr pour ces compositions trouvant enfin la grâce et les autres qualités qui leur vaudront d'être toutes considérées comme des classiques. Parlons des chansons courtes et plus 'évidentes'. "Carpet of the Sun" demeure le tube par excellence, Annie Haslam s'y aventure assez haut en termes vocaux, et ce titre à la mélodie resplendissante se trouve magnifié par son emballage cordes-clavecin-hautbois.
"Let it Grow" est un slow folk-romantique (le terme du répertoire musical hein, pas le "dites-le avec des fleurs", quoique !) où Annie chante de manière douce et où la basse de Jon Camp se fait aussi particulièrement remarquable. La guitare étant acoustique, ça laisse une jolie place à cet instrument sur tout le disque. La fin du morceau avec les choeurs rappelle le déjà lointain "Golden Thread" d'Illusion. On nage dans la sérénité hippie. Les choeurs angéliques sont aussi présents sur "On the Frontier", où Annie et Jon chantent à l'octave et où le décollage est salvateur.

Le meilleur de l'album réside encore dans ce qui suit. "Can You Understand" possède une structure singulière. C'est un peu le jeu du A-B-C-B-A. L'introduction de près de trois minutes, d'abord au piano, converge vers un thème instrumental où joue tout le groupe et qui sera repris à la fin du morceau. Entre les deux, il y a une chanson très folk et menée par la guitare acoustique et le tambourin. Et encore au milieu, en C donc, on a un thème instrumental où chantent les violons et les grelots, d'une grande pureté. C'est le clou de la chanson, bien caché au milieu du reste déjà excellent.
Avec "At the Harbour", on nage de nouveau dans des eaux romantiques, ne pouvant s'empêcher de s'imaginer un port tranquille de nuit. L'arpège de guitare, qui change des accords plaqués, y est superbe, tout comme l'harmonium et la fin en apesanteur où Annie chante en background.
"Ashes Are Burning" enfin passe de la clarté du début aux "la la la" perdus dans une forêt brumeuse, puis à un emportement instrumental très baroque, pour rebondir sur une partie évanescente avec glockenspiel et orgue électronique. Le final approche, Annie chante sur une nappe d'orgue qui nous fait prédire qu'il va se passer quelque chose. Effectivement, c'est le dernier cri, avant ce final magistral survolé par l'invitée d'honneur, la guitare électrique de maître Andy Powell (WISHBONE ASH, of course). Présent comme John Tout l'avait été sur le Argus du groupe aux 'twin guitarists', Powell a plus que compris l'esprit de cette partie, commençant de manière soft et se faisant encore plus expressif au fur et à mesure que le moment se densifie. Et tout le monde s'en va ensemble.

Ashes Are Burning est l'album qu'il fallait à RENAISSANCE, conciliant la maturité et l'inspiration qui lui avaient jusque-là fait défaut, pas de beaucoup mais assez pour l'empêcher d'atteindre le rang de mythe. C'est désormais chose faite.

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   MARCO STIVELL

 
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- Annie Haslam (chant)
- Jon Camp (basse, chant, choeurs)
- Michael Dunford (guitares acoustiques)
- Terence Sullivan (batterie, percussions)
- John Tout (pianos, clavecin, harmonium, orgue)
- + Andy Powell (guitare électrique)


1. Can You Undestand ?
2. Let It Grow
3. On The Frontier
4. Carpet Of The Sun
5. At The Harbour
6. Ashes Are Burning



             



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