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RENAISSANCE - Novella (1977)
Par MARCO STIVELL le 3 Août 2012          Consultée 4081 fois

Après le live au Carnegie Hall, le label anglais de RENAISSANCE coule et le groupe, malgré une opportunité de contrat chez Columbia, signe avec la non moins importante firme Warner. Cela prend un peu de temps et le nouveau disque, Novella, est distribué de l'autre côté de l'Atlantique par Sire Records avant de paraître au Royaume-Uni. Preuve du sentiment de l'américanisation du groupe, même involontaire et toujours présente malgré le temps qui passe.

A propos d'époque, la sortie du disque correspond précisément à l'avènement du punk. On ne va pas refaire l'histoire, beaucoup de groupes de rock progressif s'y sont cassés les dents mais, paradoxalement, c'est à ce moment-là que RENAISSANCE jouit de son plus grand succès en Angleterre, surtout avec l'album suivant, A Song For All Seasons qui amorcera une transition musicale.

Novella quant à lui s'inscrit directement dans la tradition du groupe : en effet, il ne comporte que cinq morceaux. Annie Haslam et les quatre hommes, qui ne cherchent pas à renouveler l'exploit de la "Song of Scheherazade", tentent simplement d'offrir un digne successeur de la sainte trilogie 73-74-75 et y arrivent haut la main.

C'est bien simple, lorsqu'on écoute "Can You Hear Me ?", on ne peut que se rendre compte à quel point leur musique n'a rien, mais absolument rien, perdu de sa grandeur. Ces quatorze minutes d'ouverture figurent sans conteste parmi les meilleures que le groupe ait produites, voire ce genre musical tout court. Comment ne pas être happé par le thème soutenu par une caisse claire militaire et survolé par des choeurs grandiloquents, contrastant de manière parfois brusque avec de longues plages où domine la guitare 12 cordes de Maître Michael Dunford ? Ce n'est pas un hasard si son écriture domine sur ce disque, étroitement liée à celle de Jon Camp. Betty Thatcher signe toujours des paroles d'une poésie éprise collant à merveille avec l'univers musical du groupe, ses éléments suaves comme soutenus et toujours à forte teneur folk-symphonique. Nettement plus discret dans l'écriture, le pianiste John Tout apporte quand même la majeure partie du ô combien merveilleux "The Sisters". Tout comme sur le restant du disque, il y utilise toute une palette de nouveaux synthétiseurs comme l'Elka Rhapsody (déjà entendu sur le disque précédent) ou l'ARP Pro-Soloist, tant chéri par Tony Banks de GENESIS. On retrouve sur cette chanson un duo Camp-Haslam en mode slow, que l'on aimerait ne plus voir s'arrêter. Dunford n'a pu s'empêcher d'y ajouter un solo de guitare classique hispanisante, son tout premier quel que soit l'instrument, et qui participe énormément à l'élégante richesse de l'ensemble. A noter que ces deux chansons distinctes forment une fausse suite car elles sont reliées, un procédé que le groupe n'a que peu utilisé.

On retrouve ce propos musical fourmillant dans "Midas Man", discours inspiré d'un personnage de la mythologie grecque, le roi qui changeait tout en or. C'est une nouvelle ballade, mais à grand renfort de guitare acoustique tandis qu'Annie Haslam met un peu plus de caractère dans son chant, et que John Tout tartine de magnifiques détails au piano comme aux synthétiseurs. Elle est suivie par "The Captive Heart" que, comme "The Sisters", on ne peut cantonner au rang de banale sucrerie. Un piano suffit et, pour la première fois, en tout cas de manière aussi marquée, Annie Haslam et John Tout se dédoublent, créent des idées vocales qui leur permettent de ne pas se contenter de traditionnelles harmonies. A la fois surprenant et si naturel... Mais pour ça, "Touching Once (Is So Hard to Keep)" abat ses cartes tout à sa manière. Etant étalée sur neuf minutes, on pourrait s'attendre à une progression très fluide comme un "Mother Russia" par exemple, dans le même ordre de durée. Hé bien non, RENAISSANCE tient encore plus à nous prendre à revers, en intercalant des séquences d'un ton que l'on connaît déjà bien (les fameuses ballades éprises avec des moments folk) et d'autres moments inédits. Dans la première partie, c'est comme si l'Argentine rencontrait la Russie pour une forme de tango sibérien ravissante et qui, bien qu'en qualité d'emportement placé au début de la pièce, ne laissait rien présager de l'autre grande surprise, plus forte encore. Aux alentours des six minutes, le groupe nous offre un voyage sur des terres quasi-jazz, toujours mené avec un orchestre symphonique, et qui contient un vibrant solo de saxophone alto ou soprano (c'est un peu difficile à différencier). Ca change des récréations passées du style "Bullet" ou "Past Orbits of Dust" et c'est bien plus consistant dans la démarche comme dans la réussite.

Avec tout cela, difficile de ne pas considérer Novella comme un nouveau chef-d'oeuvre, y compris pour moi qui la première fois où je l'ai entendu, ne pensais pas lui mettre une telle appréciation. "Touching Once (Is So Hard to Keep)" demande du temps avant d'être pleinement apprécié comme tel, mais les quatre autres pièces transpirent cette évidence une fois que l'on a pris le temps d'écouter le disque dans les meilleures conditions.

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   MARCO STIVELL

 
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- Annie Haslam (chant)
- Jon Camp (basse, pédalier basse, guitare acoustique, chant)
- Michael Dunford (guitares acoustiques, choeurs)
- Terrence Sullivan (batterie, percussions, choeurs)
- John Tout (piano, claviers, choeurs)


1. Can You Hear Me ?
2. The Sisters
3. Midas Man
4. The Captive Heart
5. Touching Once (is So Hard To Keep)



             



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