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- Style : Bernard Benoit
- Membre : Genesis, Squackett, Gtr, Quiet World

Steve HACKETT - Darktown (1999)
Par MARCO STIVELL le 15 Janvier 2011          Consultée 4122 fois

Darktown marque le début d'une nouvelle période pour Steve, longtemps après sa période classique (les débuts), et tout juste un an après la fin de son "grand retour" (du Time Lapse Live à The Tokyo Tapes). La période qui débute se sera révélée, dix ans après, peu fertile en matière d'albums rock, mais nous verrons que chacun possède un potentiel incroyable, et se révèle être une franche réussite.

Mais revenons à Darktown. Plus sombre, plus expérimental, plus électronique… Autant de qualificatifs qui peuvent sans conteste lui être adressés, c'est un album à part dans la carrière de Steve. A part d’abord dans le temps puisque le dernier album rock original (Guitar Noir, si l’on ne compte pas l’hommage blues) remonte à déjà plusieurs années, et le prochain mettra également un certain bout de temps à venir. En laissant de côté le live à Tokyo et le moyen Genesis Revisited, il est donc le seul album dont les fans du Steve rock auront pu se régaler entre Guitar Noir et l'album suivant, soit près d'une dizaine d'années !

A part aussi parce qu’inquiétant, tout simplement, depuis le titre et la pochette jusqu’à la texture de certains des morceaux. Qu’a t-il bien pu se passer dans la vie de Steve pour qu’il ait ressenti le besoin d’orienter sa musique vers un tel registre ? En admettant qu'il se soit passé quelque chose bien sûr. On est loin de la tonalité presque légère de "Vampyre With a Healthy Appetite"... Le morceau "Darktown" est son "Another Brick in the Wall part 2" à lui (Steve), dans le genre critique acerbe des écoles anglaises. Sauf que là, nous sommes conviés à un voyage nocturne bien déplaisant, au plein cœur des cauchemars des enfants. Ce qui est bien souligné par les ambiances, mais aussi et surtout par le saxophone génialement torturé (sans être agressif) de Ian McDonald, l'ex-King Crimson et Foreigner. Notons aussi que Steve y emploie pour la deuxième fois (après sa reprise de "Dance on a Volcano") un effet de voix "gothique". Surprenant, inquiétant, mais efficace.

Pour rester au niveau du chant, il faut reconnaître que Steve a fait de réels progrès. L’exercice qui lui faisait tant défaut par le passé, à savoir composer en tenant compte de ses capacités, est ici réalisé de main de maître. En témoignent "Man Overboard", "Jane Austen’s Door" et bien d'autres exemples… sans qu'à aucun moment sa voix ne donne l'impression d'être forcée. Les seuls rares passages plus exigeants (le décollage de "Rise Again", le pont de "The Golden Age of Steam") restent eux-mêmes plus assurés que bien d’expériences passées - qui a dit Cured ? Till We Have Faces ?? C'est tout à fait vrai !

Quant à l’instrumentation, on considère Darktown comme le point de départ de "l’ère Roger King", à qui Julian Colbeck laisse la main pour de bon. Bien sûr il y a toujours les anciens (Jerry Peal, Aron Friedman), mais Roger reste le plus employé et prend de plus en plus d’importance. On le remarque rien qu’avec le premier morceau, "Omega Metallicus". Une pièce instrumentale et expérimentale, avec boîte à rythmes et effets, reposant sur une ligne de basse slapée. Steve a même choisi de caler un bout de la chanson "Cassandra" en plein milieu... Surprenant, inquiétant, mais tout à fait représentatif du nouveau Hackett, le Hackett moderne et délicieusement déroutant.

Il n’y a pas que ça bien sûr. "The Golden Age of Steam" est joliment riche en teneur symphonique, tandis que le tempo bossa nova de "Dreaming With Open Eyes" nous fait survoler le Brésil pendant les pluies printanières. L’émouvant "In Memoriam", gorgé de mellotron et de guitare-synthé, est sans conteste le "Epitaph" de Steve, sans plagiat aucun, mais qui donne une idée de la façon dont ce morceau aurait été s’il avait été écrit aujourd’hui et par quelqu'un d'autre que la bande à Robert Fripp… Nous sommes ici trente ans plus tard, avec un hommage moins étoffé, un peu plus linéaire et nuancé à cause de la guitare-synthé et du pédalier basse sur le final. Puis au milieu de ces morceaux pop-rock-prog, on trouve des ballades douces et globalement magnifiques comme "Man Overboard", "Jane Austen’s Door" (la plus romantique) et surtout "Days of Long ago", suavement chanté par Jim Diamond. Toutes les trois comportent de jolis éléments classicisants. Mais là où Steve a fait le plus fort, c'est que les meilleurs morceaux sont ceux du milieu de l’album. "Twice Around the Sun" d’abord, un instrumental de qualité irréprochable, porté par le mellotron et les feedbacks déchirants de la guitare de Steve. Enfin "Rise Again", mi-acoustique mi-rock, qui commence de la manière la plus lumineuse possible (en contrepartie d’autres morceaux) et avec l’une des meilleures prestations de Steve au chant, avant de décoller vers une partie plus calibrée rock et caractérielle (on reconnait un air utilisé sur la version Genesis Revisited de "Los Endos").

Un album très important dans la carrière du guitariste, un retour vers un éclectisme de haute volée, une volonté de modernité pleinement assumée et négociée. Il convient de parler de la version japonaise qui contient deux morceaux en plus : "Comin’ Home to the Blues" et "The Well at the World’s End". Le premier, comme son nom l’indique, est un blues qui commence de manière basique mais qui est en réalité assez inventif, un genre de "Tombstone Roller" (morceau de Blues With a Feeling) en plus lent. Le second est une belle réussite instrumentale, superbement agrémentée d’orgue et de petites percussions, d’une noirceur qui n’aurait pas dénoté au milieu de l’album.

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   MARCO STIVELL

 
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- Steve Hackett (guitares, chant, harmonica, bâton de pluie, arrang)
- Roger King (claviers, loops, arrangements orchestraux et vocau)
- Sir Doug Sinclair (basse)
- Julian Colbeck (claviers)
- Ian Mcdonald (saxophone alto)
- Ben Fenner (arrangements orchestraux et vocaux, mellotron, org)
- Jerry Peal (arrangements orchestraux, cloches, claviers, basse)
- Mae & Jamie Mckenna (chœurs)
- Jim Diamond (chant)
- Billy Budis (arrangement violoncelle, basse)
- John Hackett (flûte, flûte de pan)
- Hugo Degenhardt (batterie)
- Aron Friedman (piano, claviers)


1. Omega Metallicus
2. Darktown
3. Man Overboard
4. The Golden Age Of Steam
5. Days Of Long Ago
6. Dreaming With Open Eyes
7. Twice Around The Sun
8. Rise Again
9. Jane Austen’s Door
10. Darktown Riot
11. In Memoriam
12. The Well At The World’s End (titre Bonus)
13. Comin’ Home To The Blues (titre Bonus)



             



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