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THIN LIZZY - Chinatown (1980)
Par MARCO STIVELL le 20 Avril 2012          Consultée 4108 fois

L'avis imposé est le pire ennemi de l'amateur de musique au sens large, celui qui n'a que faire des barricades entre les genres, les albums d'un même artiste. Dans le cas de THIN LIZZY, j'avais bien raison d'écouter mon très estimé collègue Red One et de me jouer ainsi de la certification commune selon laquelle le groupe connaissait le déclin après Black Rose (tout juste lui ai-je laissé le bénéfice du doute dans mes chroniques précédentes, pour mieux la singer en temps voulu). Sérieusement, depuis la première écoute, je cherche ce qui ne va pas avec Chinatown. Peut-être est-ce l'année de sortie, 1980. D'où l'art de courir après des raisons aussi ennuyeuses que l'avis imposé, sachant en outre que les années 80 seront une grande période pour le rock.

Certes, Chinatown n'a pas les allures de classiques des disques depuis 1975, mais c'est au moins un très bon album, avec le propos des grands classiques, et sans "Running Back" pour alourdir l'ensemble. A propos de cette dernière, on commence à trouver pas mal de claviers sur ce disque, dans un emploi de préférence subtil, et qui verront le jeune Darren Wharton, alors âgé de dix-sept ans, monter en grade après l'expérience. Quant à la guitare 'de gauche', il ne fallait assurément pas un manchot pour remplacer Brian Robertson et Gary Moore, mais qui dit période adoptée comme déclinante dit musiciens moins marquants, et Snowy White (qui a fait ses premières grandes armes aux côtés de Cliff Richard, Peter Green et PINK FLOYD) sera hélas plus volontiers considéré comme tel. Quelle classe, pourtant ! Ne serait cette virtuosité heureusement jamais gratuite, le bougre volerait presque la vedette à Scott Gorham en matière de soli mélodiques, comme en témoigne celui de "Having a Good Time" où il est chaleureusement présenté par Phil Lynott. Et notre Phil alors, au juste ? C'est peut-être le seul élément synonyme de déclin (sans pour autant que ce soit mauvais, loin de là) car cette voix commence à devenir plus rauque et semble fatiguée par moments, à force de barathons répétés avec l'ami Gorham (comment qualifier autrement les tournées de troquets de Dublin ?). Restent malgré tout quelques prouesses sur "Killer on the Loose", alors qu'on reconnaît une certaine anarchie dans "Sugar Blues".

Lynott venait de se marier et sa femme de donner naissance à une seconde fille, mais cela, ni ses problèmes d'addiction, ne l'ont empêché de composer la majeure partie de l'album, très ponctuellement aidé par White et Downey. Seules deux chansons ont été écrites par le groupe entier : "Sugar Blues" et "Chinatown". A propos de cette dernière, il est vain de chercher une quelconque liaison musicale avec l'Extrême-Orient, il n'y a aucun ehru ni aucun yang ch'in à l'horizon, pas plus qu'un seul emploi de gamme pentatonique du cru. C'est un titre rock classique au riff hyper-bluesy et aux soli héroïques répétés, le groupe y faisant ressortir quelques délires vocaux comme le rire, marque de fabrique du disque. Quant à "Sugar Blues", le groupe atteint là un sommet de blues-rock accéléré proche du "Whole Lotta Rosie" de AC/DC.

"We Will Be Strong" et "Didn't I" (cette dernière en mode ballade garnie de cordes-synthé) sont de lointains échos à "Wild One" avec leurs riffs harmonisés présents tout le long, on aurait bien tort de s'en priver. De même, "Sweetheart", plus pop à cause des choeurs sur les refrains et du riff doublé au synthétiseur, très eighties. Sur "Genocide", la petite cymbale fait toujours son effet, tout comme le "There are people round here that don't kindly to the killing of the buffalo" tordu dans tous les sens. On croit que le début de "Hey You" va partir en trip disco, ce qui n'arrive bien évidemment pas, et ce titre nerveux au riff très simple se voit renforcé par des voix qui se répondent sur le refrain. Un régal, tout comme le pont sautillant. Le meilleur du disque reste l'énergique "Killer on the Loose", le plus en proie aux délires de Lynott (grandioses !) et aux effets de synthé. Ce titre constitue d'ailleurs un bon succès en single.

Pour sûr, THIN LIZZY n'a pas dit son dernier mot !

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   MARCO STIVELL

 
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- Phil Lynott (basse, chant, claviers)
- Scott Gorham (guitares, choeurs)
- Snowy White (guitares, choeurs)
- Brian Downey (batterie, percussions)
- + Darren Wharton (claviers, choeurs)
- Midge Ure (claviers, orgue vox)
- Tim Hinkley (piano électrique)


1. We Will Be Strong
2. Chinatown
3. Sweetheart
4. Sugar Blues
5. Killer On The Loose
6. Having A Good Time
7. Genocide
8. Didn't I
9. Hey You



             



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