Quelques mois à peine après le premier O.M.D, voilà que débarque un nouveau L.P, Organisation, sans doute nommé en référence au groupe éponyme d'où sont issus les membres de KRAFTWERK. Sortir un deuxième album la même année est certes une preuve de productivité, mais aussi une raison de craindre un disque bancal composé de chutes atroces, risque d'autant plus élevé s'agissant d'un groupe débutant. Heureusement, il n'en est rien, Organisation est un bien meilleur album.

S'y trouve ni plus ni moins que LE tube idiomatique d'O.M.D, celui auquel on pense immédiatement. Je veux évidemment parler de "Enola Gay". Entraînant à souhait, rempli de gimmicks et de lignes de synthé absolument géniales, ce titre a vraiment tout pour plaire. Il est tellement enjoué et fait pour danser dessus qu'on en oublie vite l'origine de son titre, qui désigne à la base le bombardier ayant balancé les bombes atomiques sur le Japon en 1945. D'ailleurs, même en 2013, cette chanson fait encore son effet.
Toutefois, il s'agit encore d'une chanson qui éclipse le reste, et ce d'autant plus qu'elle ouvre l'album. Qu'on se rassure, il y a de quoi se faire plaisir par la suite. Deux morceaux ressortent en particulier d'Organisation (en dehors de "Enola Gay", bien sûr), à savoir "VCL XI" et "Motion and Heart". Le premier, dont le titre est une référence à l'ancien groupe de McClumsky/Humphreys (lui-même référence à KRAFTWERK), est intéressant à écouter, bien qu'un peu niais et traînant surtout en longueur. "Motion and Heart", quant à lui, se caractérise par une ligne de synthé amusante et assez kitsch. Elle a également le bon goût de se limiter à trois minutes, et c'est tant mieux. Un bon moment à passer.

Mais le meilleur d'Organisation se situe en son milieu. En effet, sa meilleure chanson n'est pas "Enola Gay" (bien qu'elle en ait le potentiel), mais "The Misunderstanding". Mieux, il s'agit même de la meilleure chanson d'O.M.D depuis ses débuts – avant Architecture and Morality, bien sûr. Début sombre et prenant, séquences de fou, rien ou presque ne manque à ce morceau. Le chant de McClumsky, doublé par Humphreys, se fait terriblement rageur et fort. O.M.D se présente ainsi comme un groupe également capable de se faire plus sombre qu'à l'accoutumée sans se rater.
Le problème, c'est que tout Organisation ne sort pas du même tonneau. Il est impossible de ne pas parler de remplissage lorsqu'il s'agit d'évoquer le cas "2nd Thought". Arrivant comme un cheveu sur la soupe juste après "Enola Gay", il fait office de bouche-trou de fortune entre ce dernier et" VCL XI". La fin de l'album est tout aussi peu appréciable, avec notamment un "Stanlow" qui commence pourtant de bien belle manière.

Avec Organisation, O.M.D est bien parti pour se faire un nom de choix sur la scène new-wave. Le son paraît encore ingrat, mais les compos, elles, s'affinent de jour en jour. Mais ce que le quatuor de Liverpool ne sait pas encore, c'est qu'il va livrer son meilleur opus dès l'année suivante. Rien que ça.

Note réelle : 3,5/5