Cet album se prénomme « Elvis » comme le 2ème L.P du King en 56. L’armée des fans a donc décidé de donner un nom à ce skeud, pour rétablir une certaine vérité car il ne saurait y avoir qu‘un seul Elvis, soit ce légendaire deuxième album. Ce sera finalement Fool, comme le titre du même nom, un des plus beaux slows jamais composés de mémoire d’aficionado. Il sort quelques mois après l’incroyable succès de Aloha From Hawaï. Malgré cette proximité, il fera un grand succès en atteignant rapidement le million d’exemplaires vendus. Tout le monde l’ignore, mais le king entre dans la dernière période de sa vie. Les excès commencent à avoir raison de sa santé, les déceptions s’amoncellent, les difficultés en tous genres surgissent et l’assaillent de toutes parts. Sa vie n’a rien d’un rêve, bien au contraire, et ce titre évoque sa vie et sa personnalité comme aucun autre.

Quelques spécificités apparaissent rapidement : on retrouve notamment Elvis lui-même au piano -Eh oui! Il a eu ses petites périodes derrière le clavier-, c’est le cas sur "It’s Still Here" au ton doucereux et dramatique et à laquelle on ne reprochera qu’un brin de mollesse, sur "I’ll take you home again Kathleen" ainsi que "I will be true", trois slows d’assez bonne qualité, et dont le seul défaut est un certain monolithisme dans le ton.

Certaines chansons présentes sur ce disque à la superbe pochette sont en revanche entrées dans la légende: il en est ainsi de "It’s impossible" en Live, mais dont l’interprétation est parfaite. La preuve en est que tout le monde connaît cette chanson, un véritable classique à ranger aux cotés des plus grands standards du King.
La reprise de Gordon Lightfoot "For lovin me" -une de plus- est assez géniale et donne un tout autre ton à l’ensemble de l’album en lui procurant une once de fantaisie, l‘image même des grands espaces américains, comme souvent avec les compositions du Pied léger.
"Padre" est une nouvelle hispaniserie/niaiserie 'bonbon sucré' de notre Elvis qui en a enregistré de quoi faire un bel album tout pourri. Bah! Que ne pardonnerais-je point au King ? D’avoir préféré se tailler loin de la foule des fans et du bruit un beau jour de 1977 ? Arf! Ah, il faudra bien qu’il revienne un de ces quatre, lui qui a désormais 75 berges ! Ca vous interpelle ? Vous pensiez sérieusement que notre brave Elvis était mort pris de crises de constipations aigües dans sa salle de bains de Graceland, Memphis, Tennessee ? Allons, soyons sérieux deux minutes ! Elvis, voyez-vous, sirote chaque midi son petit verre de Dom Perignon 54, sous un chaud soleil pacifien, en compagnie du roi de la pop, du roi lézard et du roi gaucher de la gratte. Comment ça de quoi que j'parle ? Héhéhé…
"Don’t think twice it’s allright" est un nouvel hommage à son fils spirituel folky, Bob DYLAN, qui doit se passer cette reprise chaque soir avant de s’endormir, avec dans sa mimine un autre objet que sa guitare.
On finit sur "Fool", curieusement la première chanson avec laquelle j’ai connu le king, il faut bien commencer quelque part, c’est sûr. Du coup, cette chanson revêt pour moi une symbolique tout à fait particulière. Je la fredonne à tout instant, et il est probable que cela durera jusqu’à mon dernier souffle.

J’aime donc cet album des seventies, un des meilleurs. Tous les aspects majeurs de la musique du King y sont présents. Le dernier grand album ? C’est bien possible, en tout cas mon favori de la dernière époque. Allez-y les yeux fermés.