Ah, le live au Zénith de Michel BERGER ! Pour être franc, on est heureux de savoir qu'il n'est pas le seul de son espèce. En effet, le live enregistré dans la mythique salle parisienne est purement et simplement... un échec. Le constat est amer, mais c'est mentir que d'affirmer le contraire. Cela est d'autant plus frustrant que BERGER avait habitué son public à des enregistrements de qualité servant grandement ses compositions géniales.

Pourtant, à la lecture de la setlist, il n'y a pas de quoi être déçu, bien au contraire. Enregistré en avril 1986 et sorti la même année, il propose en grande partie des morceaux de /Différences. Pour être plus précis, seuls les deux derniers titres de l'album n'ont pas été joués – dommage d'ailleurs. A côté d'eux se trouvent certains des grands classiques de Berger. En passant, pour ceux qui comme moi ont la version CD, l'absence de "La groupie du pianiste" et de "Seras-tu là" est dommageable. Quoiqu'en y réfléchissant, le but n'était pas de faire un best-of. Et surtout, en écoutant les autres titres, il fait bon se demander si ce n'est pas plus mal.

Le principal problème de Au Zénith, c'est clairement le son. Les sonorités développées sonnent clairement années 80. Mais les années 80 kitsch, avec les claviers des frères Perathoner terriblement démodés, et ce vite fait bien fait. Ce fossé se voit de manière encore plus flagrante lorsqu'il s'agit de comparer avec les versions studio. Ce n'est pas faute d'éviter la réinterprétation sans saveur, mais il ne fallait pas non plus trop s'adapter à son temps. Comme exemple frappant, je ne peux m'empêcher de penser à "Mademoiselle Chang". Transformer ce titre en chanson funky enlève non seulement le côté hommage, mais le vieillit aussi de manière dramatique. Mais il y a encore pire, avec "Y'a pas de honte", avec ses claviers (encore) empruntés à Cookie Dingler, quelle horreur.

Côté interprétation, la voix de BERGER est le principal problème. Non pas qu'elle s'est effondrée, bien au contraire. Par contre, la réverbération, et qui plus est exagérée, anéantit sa beauté. L'écoute de "Celui qui chante", entre autres, devient de facto désespérante. Cette déformation vocale parasite d'ailleurs la grande majorité des titres, sans toutefois écoeurer – cela aurait été un comble !
Quelques bonnes surprises viennent cependant blanchir ce noir tableau. Un point d'orgue est même atteint avec "La minute de silence", dédié à Daniel Balavoine, et à la fin de laquelle le public ne fait aucun bruit, à la demande de Berger. Quant à "Si maman si", elle se fait aussi belle et émouvante que la version chantée par France Gall, contrairement à "Diego".

Ces quelques éclats ne parviennent pas, hélas, à camoufler l'échec de l'album. pour ce qui est de son troisième et dernier live publié, Michel BERGER s'est planté dans toutes les largeurs ou presque. La frustration est grande, très grande pour quiconque attendait une sublimation des chansons du géant de la chanson française. Il faudra donc aller voir les autres lives pour être satisfait.