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Antonio VIVALDI - Concertos Pour Violon V 'per Pisendel' (sinkovsky) (2012)
Par CHIPSTOUILLE le 1er Mai 2013          Consultée 4149 fois

Depuis quelques années, si vous êtes passés dans un rayon musique classique, peut-être votre œil s’est-il arrêté sur quelques visages de mannequins, féminins, plutôt classieux. Ceci dénote plutôt de la traditionnelle pose de l’interprète, du portrait du compositeur, de la nature morte plus ou moins d’époque (ou plus ou moins morte) ou enfin du paysage. Tout ceci manque cruellement d’originalité. Ces portraits donc, façon couverture de magasine féminin font partie d’un ensemble d’enregistrements visant à rétribuer au public l’intégrale de VIVALDI. Opéras, concertos, sonates, œuvres religieuses, on compte plus de 450 oeuvres. Cette collection a débuté il y a déjà 10 ans (à l’heure où j’écris ces lignes) et devrait être terminée en 2015.

A vouloir réaliser des intégrales, on peut craindre des interprétations un peu fades, des prises de son au rabais, du remplissage. Bien que les enregistrements n’aient pas été réalisés spécialement pour l’occasion, les coffrets de Brilliant Classic ont démontré entre temps les limites de l’exercice. L’opération marketing fût un coup de génie, mais la musique « au rabais » ne présente que peu d’intérêt à une époque où le téléchargement est roi. Les compositeurs qui en ont bénéficié se comptent sur les doigts d’une main. La démarche était sans lendemain. En trame de fond, notons également que les premiers enregistrements en stéréo commencent à être libres de droit. En effet au bout de 50 ans, soit tout ce qui précède 1963 pour des compositions vieilles d’au minimum 70 ans, hadopi ou pas, faites-vous plaisir.

Pour survivre en tant qu’interprète aujourd’hui et surtout dans les années à venir, il faut savoir se démarquer. Soit en enregistrant des œuvres qui ne l’ont pas encore été, et c’est le cas avec cette collection Naïve, en particulier du côté des opéras. Soit il faut savoir se montrer original, et chose plus étonnante, c’est également le cas ici ! Sinkovsky s’inscrit ici dans la lignée des Fabio Biondi, Il Giardino Armonico et autres Giuliano Carmignola et a compris que VIVALDI était un terrain de jeu. Fini de « suivre la partition » façon Marriner et toute la vieille garde, VIVALDI écrivait pour les interprètes, parfois lui-même et non pour démontrer ses qualités de compositeur. C’est d’ailleurs ce que tente de démontrer ce disque, en mettant en avant des concertos dédiés à Georg PISENDEL. Violoniste (et accessoirement compositeur) de renom. Ce dernier finira sa carrière en tant que Kontzertmeister à Dresde, lui aussi (1).

PISENDEL en effet, était un virtuose ; ses talents inspirèrent VIVALDI pour quelques concertos. De ceux-ci, le RV212a est jubilatoire, et prouve que les Guitar Heroes n’ont rien inventé dans les années 80. Les deux mouvements vifs sont tous deux parés d’un solo de violon très technique, une succession de notes épileptique, une orgie aiguë. A noter qu’à ces deux reprises, chose rarissime en baroque, la basse continue se tait. Le RV212a est un concerto pour soliste, très loin, à des années lumières, du côté usine-à-gaz-pouf-pouf d’un concerto grosso.

Pour le reste, il y a du pour et du contre. C’est qu’il y a tromperie sur la marchandise, tous ces concertos ne sont pas dédiés à PISENDEL. Pire, VIVALDI lui en a dédié d’autres qui ne sont pas présents ici. L’exercice de l’intégrale devait faire des sacrifices et trouver une logique… Mais on s’y perd. Peu importe le flacon tant que l’on trouve l’ivresse me direz-vous ? Sauf que le mal est bien là, et tous les concertos ne se valent pas. Le RV177 nous séduit (beaucoup) le temps de l’ouverture. Le RV242, tiré de l’opus 8, celui des quatre saisons, se rappelle à notre bon souvenir, excellent même. C’est finalement le troisième problème potentiel évoqué lié aux intégrales qui ressurgit : le remplissage. Le reste nage en eaux troubles. Comme d’habitude on a souhaité remplir la galette à ras-bord. 1, 2, 3…7 concertos, les lieux communs chez VIVALDI aidant, on finit par s’ennuyer. L’interprétation tempère ce défaut du mieux qu’elle peut, mais Sinkovski n’est pas seul à s’être (déjà) démarqué. Si vous êtes un amateur du vénitien, vous tenez ici un disque qui sort du lot. On s’imagine que le lecteur qui s’est aventuré jusqu’ici a déjà les 4 saisons en main. Si vous n’avez pas encore jeté votre dévolu sur l’opus 3, en revanche, vous faites ici fausse route…

(1) Dresde, au même titre que Venise qui abritera quelques compositeurs dont nous avons parlé/parlerons sur FP, Johann Adolf HASSE et Jan Dismas ZELENKA.

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   CHIPSTOUILLE

 
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- Dimitry Sinkovsky (violon, direction)
- Il Pomo D'oro


- concerto Rv 177 En Do Majeur
1. Allegro Ma Poco
2. Largo
3. Allegro
- concerto Rv 212a En Ré Majeur
4. Allegro
5. Largo
6. Allegro
- concerto Rv 246 En Ré Mineur
7. Allegro
8. Largo
9. Allegro
- concerto Rv 370 En Si Bémol Majeur
10. Allegro
11. Grave
12. Allegro
- concerto Rv 242, Op Viii N°7 En Ré Mineur
13. Allegro
14. Largo
15. Allegro
- concerto Rv 379, Op Xii N°5 En Si Bémol
16. Allegro
17. Largo
18. Allegro
- concerto Rv 328 En Sol Mineur
19. Allegro
20. Largo
21. Allegro



             



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