Il Giardino Armonico est une formation qui peut se vanter d'avoir réussi à marquer les esprits, notamment grâce à leur interprétation surprenante de l’œuvre qui compte pourtant le plus d'enregistrements, les quatre saisons de VIVALDI. A l'appel, il manquait pourtant six des douze concertos qui figurent dans l'Opus 8 (Il cimento dell'armonia e dell'inventione) du compositeur italien. Cet album en comporte pourtant huit, en dépit de la tradition baroque du découpage des opus en multiple de six. Le "jardin harmonique" a souhaité reprendre le concerto n°9 de cet opus qui figurait pourtant déjà sur le CD des quatre saisons. On retrouve en prime le concerto n°12 sous deux formes, l'une pour hautbois (RV 449), l'autre pour violon solo (RV 178)

Je touche donc déjà du doigt deux gros points faibles de cet album, un concerto redondant par rapport à un enregistrement que vous posséderez certainement déjà si vous veniez à faire l'acquisition de celui-ci. Et surtout deux fois le même concerto sur ce même CD, ce qui est quelque peu répétitif.

Répétitif, c'est un peu le maître mot de ces concertos. VIVALDI a déjà depuis un certain temps, imposé SA forme du concerto, en plaçant le violon comme instrument soliste, mis en avant, répondant aux cordes et à la basse continue. Le schéma est déjà vu et revu chez le compositeur (et même chez d'autres, comme ALBINONI) et la formule fait un peu usée à la longue. Mais n'était-ce pas déjà le cas des autres concertos de l'opus 8? Si bien sûr, mais là où les Quatre Saisons se détachent facilement des clichés vivaldiens, les autres concertos pèchent pour la plupart par cet aspect un peu monolithique. STRAVINSKY disait de VIVALDI "500 fois le même concerto", et si les opus 3, 4 (entre autres) ne peuvent que lui donner tort, les concertos "subsidiaires" de cet opus tendent à prouver qu’il avait en partie raison.

Pourtant, ces concertos, encore une fois, sont loin d'être mauvais, la Caccia (la chasse, concerto n°10) rappelle un peu ce que l'on retrouve dans les Quatre Saisons, quelque chose de très imagé, à l'image de l'automne et ses averses de violons. Le "largo" du concerto n°11 rappelle les chaleurs étouffantes de l'été et nous enivre d'une mélodie émotionnellement puissante. Le concerto n°9 (déjà présent sur le précédent CD donc) est toujours aussi bon, dans la droite lignée de l'opus 3, aux thèmes marquants, grâce aussi au souffle larmoyant d'un orgue dans son mouvement lent.

Malgré cela, le concerto n°6 use, la répétition du n°12 n'aide pas à raviver la flamme et l'aspect un peu usé des idées peine à convaincre. Alors certes, cet opus se démarque par son côté très imagé, mais le découpage qu'en a effectué Il Giardino Armonico ne rend pas justice à cette seconde partie, qui passe certainement mieux lorsqu'elle est ordonnée comme il se doit, et sans répétition. Ne jetons pas la pierre au jardin harmonique seul, qui délivre là une très bonne interprétation, VIVALDI lui-même y est tout de même pour beaucoup dans l'aspect monotone de ses concertos. Si vous cherchez donc une "suite" aux quatre saisons, rendez-vous sur l'opus 3, avant tout autre.

NB: pour la tracklist, tous les concertos sont pour violon, cordes et basse continue, sauf exception du RV 449, qui est donc pour Hautbois, cordes et basse continue.