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 Guide Jazz (761)

Keith JARRETT - Radiance (2002)
Par MR. AMEFORGÉE le 27 Juin 2005          Consultée 7605 fois

Dans la deuxième moitié des années 90, Keith Jarrett contracte ce qu’on a appelé le syndrome de fatigue chronique. Si les causes de la maladie sont incertaines, les résultats sont là, terrassé, le pianiste cesse ses activités pour quelques années. The Melody at Night, With You en 1998 était un album de convalescence, enregistrement studio de standards. Même si l’histoire ne dit pas s’il est totalement guéri, Jarrett remonte la pente et part en tournée avec son trio à partir de 1999. Bon nombre de lives en trio du début des années 2000 se verront d’ailleurs publiés. Radiance sera le premier enregistrement de concert solo improvisé depuis la Scala en 1995, publié en 2005 à l’occasion des soixante ans du pianiste. Il regroupe l’intégralité d’un concert donné à Osaka en Octobre 2002, ainsi que quatre morceaux tirées d’un concert à Tokyo donné quelques jours après (et dont l’intégralité est disponible sur le dvd bien nommé Tokyo Solo).

Radiance marque une évolution esthétique dans l’art de Keith Jarrett. Le pianiste abandonne le format épique qui le voyait se plonger dans des improvisations de longue haleine. Les morceaux sont plus courts, ne dépassant pas le quart d’heure pour le plus long, chaque petite pièce prenant ses racines dans la matière de la précédente. Ce n’est pas tout à fait la première fois, comme en témoigne Dark Intervals, mais cette transformation s’avèrera durable, la forme est toujours utilisée en 2011. Un travail de concision pour plus d’efficacité.
Un deuxième changement s’opère, au niveau du style cette fois-ci : le pianiste redécouvre sa main gauche, dont il usait auparavant principalement comme assise rythmique, et lui permet à présent bien davantage de liberté. Cela aura pour résultat nombre de morceaux tortueux, lignes de mélodies brisées, concassées, aux allures d’abstractions atonales ou du moins dissonantes.

Cette nouvelle approche fait de Radiance un album important dans la carrière solo de Jarrett, mais également l’un des plus difficile d’accès. Que les détracteurs de Bartók et de Chostakovitch se rassurent toutefois, on n’aura pas droit à cent quarante minutes complètes de chaos dansant et de pure déconstruction, des morceaux beaucoup plus mélodiques, teintés de la fameuse emphase jarrettienne, y sont aussi insérés.
Le résultat donc, est assez remarquable, même si la musique pourra paraître beaucoup plus froide que celles des vieux concerts des années 70. Cheminement intérieur, voyage ascétique, périple métaphysique, voilà ce dont il est question.

Les architectures abstraites sauront toutefois intéresser les curieux, grâce notamment à la virtuosité d’exécution, ballet de notes, zébrures de lumière qui balafrent le silence opaque, soutenues comme toujours par les soupirs vivants et nécessaires de Jarrett. Sans faire un inventaire superflu, évoquons juste la partie 1, les très courtes et désarticulées parties 4 et 11, la partie 5, vraiment appréciable, ou encore la partie 14 avec une merveilleuse attaque de notes profondes, en ébullition, dans ses dernières cinq minutes.
L’on arpentera également les sentiers lyriques des territoires émotionnels, qui prennent entre autres les formes d’une sorte d’adagio jazzy avec la partie 6 ou d’une ballade vibrante avec la partie 8, entre espoir et mélancolie. On pourra évoquer encore la traditionnelle partie finale aux épanchements marqués de tendresse (partie 13) et la méditative partie 15, avec ses accords élégiaques frissonnants.
Et puis il y a les parties qui oscillent entre ces deux tendances, obscure clarté et ténèbres lumineuses, la partie 2 qui exhale par moments quelques fragrances orientales très légères et qui joue sur le contraste des notes graves et des notes aiguës, les parties 9, 12 (où le fameux ostinato jarrettien fait à nouveau merveille, et cela se mesure à l’applaudimètre), 17 (ses rideaux de notes ondoyantes...), avec un swing un peu plus décelable, qui rappellent légèrement, par leurs circonvolutions hypnotiques, l’ambiance de la course d’endurance qu’était la seconde partie du Köln Concert.

Au cours des années suivantes, Keith Jarrett explorera cette voie nouvelle, avec plus ou moins de bonheur. Conscient que la témérité harmonique n’est pas la chose la plus appréciée du public, il concèdera par la suite davantage de développements classiques, comme par retour aux sources, jazz et blues, présents souvent dans les copieux rappels de fin de concert. Le pianiste vieillit, et une certaine routine va s’installer.
Et si Radiance marque un retour fracassant en terme de créativité, hors des sphères médiatiques exaltées, l’album ne récoltera cependant pas tous les suffrages : Jarrett n’est désormais plus tout à fait intouchable (s’il ne l’a jamais été, d’ailleurs), et des voix commenceront à s’élever pour souligner l’essoufflement d’un talent qui fut jadis exubérant.

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   MR. AMEFORGÉE

 
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- Keith Jarrett (piano)


- concert à Osaka
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