En ce début 2014, les Pixies ont délivré un second EP dans leur nouvelle série de publications, simplement nommé EP2. Quatre chansons tous les quatre mois plutôt que de sortir un album, on peut se demander quelle est la stratégie... Ils semblent être totalement indépendants et sortent la musique sur leur site internet. Les prix des versions numériques sont raisonnables et de toute façon, on trouve tout cela sur les plate-formes. La seule édition physique était un vinyle limité assez cher pour le quart d'heure de musique... Bizarre. Tout de même, avec « Bagboy », ça nous fait neuf chansons pour plus 34 minutes, qui auraient tout aussi bien pu constituer un album acceptable. Devoir chroniquer par petits bouts comme cela est... agaçant.

Il est bien difficile de dégager une direction, de ressentir une personnalité dans des ensembles aussi courts, surtout avec des titres pareils. Tout au plus peut-on dire que EP1 jouait la carte de chansons plutôt lentes et peu vigoureuses, avec des effets inhabituels. Sur EP2, on retrouve plus l'habitude du groupe bien qu'on ne s'approche pas pour autant de l'énergie surnaturelle de Surfer Rosa... En fait, ceci est à la fois plus solide et moins intéressant que le premier EP, ce qui fait qu'ils auront la même note correspondant à un travail moyen.

On commence par « Blue Eyed Hexe », un titre plutôt hard rock parlant d'une sorcière aux yeux bleus. Pas très rapide mais bruyant, Black Francis s'y laisse même aller à quelques cris effrayants. « Magdalena » rappelle l'ambiance générale de Bossanova, le son est lourd mais étouffé, ce qui donne un bel effet éthéré, qui se marie bien avec la voix plus lisse. Quant à la conclusion « Snakes », si elle est loin de valoir « What Goes Boom », elle est la chanson la plus rapide des neuf nouvelles, et il est assez positif de les entendre enfin s'exciter un peu.

Au sujet de « Greens and Blues », par contre, on peut être plus sévère. Un genre de ballade qui rappelle « Where's my mind » tout en ayant la vocation de remplacer « Gigantic » comme clôture des concerts. Black Francis a pu être un grand « songwriter » mais c'est également un sinistre crétin. Il n'a jamais supporté que Kim Deal lui vole la vedette, ce qui a amené la première mort du groupe en 92. C'est ainsi, « Gigantic » reste la favorite du public alors que c'est la seule qu'il ne chante pas. La remplacer par un titre aussi faible que celui-ci est ridicule, quelle qu'en soit la raison profonde - sans Deal, ils n'ont peut-être personne pour la chanter non plus, enfin bref.

Au final, cet EP2, s'il renoue plutôt bien avec l'univers des Pixies, manque quand même de fantaisie. Trois chansons sont honnêtes, certes, mais pas non plus vraiment passionnantes. Difficile de dire si ceci peut plaire à un public néophyte. La cible est certainement le vieux parterre de fans du groupe, qui risque pourtant d'être assez déçu par ces nouveautés. Quoi qu'il en soit, on déconseillera d'acheter ceci les yeux fermés alors qu'il est si facile de nos jours de tester gratuitement.