Après le départ de Kim Deal et le single acceptable « Bagboy » sorti en juin, les Pixies ont recruté une nouvelle bassiste, Kim Shattuck, et ont sorti quelques autres nouveaux titres. Pas d'album en vue pour l'instant, plutôt des EP simplement nommés... EP1 et EP2 (voyons dans cette originalité profonde une nouvelle expression de la dérision naturelle de Black Francis). À l'heure de l'écriture de ce texte, on ignore encore si un troisième va sortir. En tout cas, Kim Shattuck a déjà été remplacée par une certaine Paz Lenchantin, mais de toute façon, les morceaux studios sont officiellement réalisés à trois par Francis, Lovering et Santiago.

Bon, EP1... à la première écoute, ce n'était pas franchement le coup de foudre. Des écoutes, il en faut plusieurs pour apprécier les meilleurs passages et vraiment reconnaître la patte du groupe. Apparemment, Black Francis n'a pas voulu faire la même chose en solo et avec Pixies. Il a opté pour des choix sonores un peu inhabituels (comme le breakbeat sur « Bagboy »). C'est risqué mais après tout, c'est une bonne idée alors qu'on passe son temps à se plaindre des groupes qui ne se renouvellent pas.

Il n'empêche, « Andro Queen » n'est pas crédible. Cette résonance, cette voix lisse... une chanson mollassonne, très lente pour du Pixies. C'est peut-être une plaisanterie mais la sauce ne prend de toute façon pas. Heureusement, chaque chanson est meilleure que la précédente. « Another Toe in the Ocean » est fort carrée et manque d'une bonne introduction. La partie instrumentale à 2:20 est tout de même très belle et rappelle un peu pourquoi Pixies a été un groupe si important.

« Indie Cindy » poursuit dans le registre un peu lent. Elle est un peu molle mais déjà plus mordante que les précédentes, le parlando et les ruptures rythmiques des «couplets» sont vraiment chouettes, tandis que les refrains sont rêveurs... une inversion de la fameuse technique de l'alternatif (couplet retenu, refrain explosif) ? Pas pour longtemps car « What goes Boom » renoue avec la norme. Elle est clairement la plus à même d'intéresser un vieux fan. Elle rocke assez lourdement, avec un refrain à trois temps bien brutal.

EP1 n'est finalement pas une catastrophe, on peut même dire qu'il n'est pas trop mauvais. Il reste bien léger par rapport à leur ancienne discographie mais il se laisse écouter. Les amateurs du groupe devraient essayer, même s'ils risquent d'être déçus dans un premier temps. Rien que pour entendre Pixies dans certains registres un peu inhabituels, cela vaut la peine. Le second EP revient quant à lui à un style plus rythmé et plus conventionnel – tout est relatif.