Le musicien folk aime raconter des histoires. Il se fait souvent griot, usant du second degré pour faire passer un message, ou écrivant des textes au sens clair comme de l'eau de roche, à but purement littéraire. Peu d'artistes ont néanmoins poussé l'exercice aussi loin qu'Alexandre POULIN. Pour le jeune Québécois, l'histoire EST le folk. Et si l'artiste ne néglige pas l'aspect instrumental de sa musique, celle-ci sert avant tout d'habillage, de mise en valeur à des paroles d'une beauté époustouflante. Après avoir posé les jalons de son univers à la fois mélancolique et doucereux sur un premier album déjà très abouti, l'artiste prend sur son deuxième opus l'auditeur par la main pour lui faire faire le tour du propriétaire. Impossible d'en ressortir indemne.

Une lumière allumée. Cet album, c'est en effet comme la petite lueur que l'on distingue au fond d'un tunnel ou d'un couloir sombre, celle qui vous guide, vous dirige, vous rassure. Rassurant, voilà bien le terme qui décrit le mieux le chant délicat de l'artiste, qui n'aura de cesse sur cet album d'explorer les tréfonds de l'âme humaine : ses espoirs, ses désillusions, mais aussi ses paradoxes et ses faiblesses. « Une Lumière allumée », le morceau-titre, splendide dans un habillage folk très émotionnel, fait partie de ces exemples d'introspection, tout comme « Un p'tit peu plus » ou « La Grande Quête », apologie de l'appréciation de l'instant présent. Mine de rien, la musique d'Alexandre POULIN vous change, vous fait apprécier votre propre existence sous un autre angle. Preuve que si l'artiste folk est avant tout un griot, il est aussi un passeur, source de réflexion.

S'affranchissant du format couplet / refrain, l'artiste déploie ses mélodies jusqu'au point final de ses textes, construisant ainsi de longues histoires dans lesquelles l'auditeur se plonge avec bonheur. « L'Ecrivain », ou l'histoire d'un jeune auteur qui ne croit pas en son talent. « La Misère de Paris », conte d'un émigré français parti au Canada pour échapper au bagne, ou « Martin », l'histoire d'un aspirant mafieux qui a de la ressource. Le ton employé, les ambiances, tout cela participe à rendre les morceaux envoûtants, et à en apprécier le sens, résolument ancré dans notre quotidien. Inventif, Alexandre POULIN propose même avec « Quand le soleil s'éteindra » un morceau folk-science-fiction, décrivant l'existence de l'être humain (s'il est toujours là) lorsque notre soleil brûlera ses dernières ressources. On croirait du Barjavel ou du Robert Silverberg, superbe !

Tout cela est d'une beauté confondante. Et l'accent québécois du chanteur ne fait qu’ajouter un surplus de qualité à ce deuxième album qui ne cesse de se dévoiler et de grandir chez l'auditeur. Construisant ainsi un univers inédit, totalement à part sur la scène musicale contemporaine, Alexandre POULIN propose un album tout bonnement excellent, que tous les amateurs de folk mélancolique se doivent de découvrir.