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U2 - Songs Of Innocence (2014)
Par GEGERS le 16 Septembre 2014          Consultée 6820 fois

U2 a réussi l'exploit de faire parler de son nouvel album comme d'un événement mondial, non pas grâce à ses qualités intrinsèques (finalement peu nombreuses, nous le verrons) mais pour sa méthode de distribution, présentée comme révolutionnaire. Jugez plutôt : sans promotion préalable, Songs of Innocence se retrouve dans la bibliothèque Itunes de 500 millions d'utilisateurs de ce service à travers le monde. Voici bien une vitrine incroyable pour le groupe qui, sans débourser un centime, se retrouve dans les oreilles d'un public qu'il n'aurait jamais atteint par les canaux traditionnels, recevant au passage un beau chèque de la marque à la pomme.

Le procédé n'est pas idiot, bien que discutable. S'imposer dans les esgourdes du public alors que plus personne n'achète d'albums, voici un sursaut d'orgueil bien orchestré de la part des vétérans irlandais du rock. En contrepartie, force est de reconnaître que ce qui se cache derrière la porte ouverte par Apple est inquiétant. En imposant et intégrant directement du contenu musical dans les appareils connectés de ses utilisateurs, la multinationale laisse à penser qu'il ne s'agit là que d'une première étape vers l'uniformisation culturelle de ses usagers. Si la musique de U2 semble séduire un nombre consistant de musicophiles, qu'en sera-t-il lorsque nous retrouverons dans notre bibliothèque Itunes les dernières sorties de RIHANNA, André RIEU ou EMINEM ? Avant que, probablement, les publicités intégrées ne fassent leur apparition et poursuivent l'utilisateur jusqu'au plus profond de son Ipod.

De surcroît, il est fort dommage que l'album le plus distribué dans la carrière de U2 soit ce treizième album dont les atouts bien timides ne confirment pas la bonne surprise apportée plus tôt dans l'année par la sortie de l'excellent single "Ordinary Love". Sans relief, Songs of Innocence présente un vague rock écrasé sous une couche de pop dégueulante qui peine à laisser poindre les quelques belles ambiances qu'a été capable de créer le groupe irlandais. Pour U2, l'expérimentation passe par une introspection, Bono se plaisant à raconter à longueur d'interviews que ce nouvel album est le plus personnel qu'ait composé le groupe dans sa carrière. Au niveau littéraire, il est évident que le leader du combo est allé puiser dans ses souvenirs, narrant sa découverte du punk, ses premiers émois musicaux, dédiant un morceau à sa mère partie trop tôt. Pas vraiment un album-bilan, plutôt un opus mélancolique, a-politique, et dont l'aspect social est anecdotique, voire inexistant.

Que retirer de ce rock pas vraiment assumé qui donne l'impression que l'album ne démarre jamais vraiment ? En guise d'hommage aux RAMONES, U2 propose un riff tellement timide qu'il semble presque s'excuser de faire parler la poudre. Les potards de The Edge sont réglés au minimum, et si n'étaient les lignes de chant riches en émotion de Bono, ce "Miracle" qui est loin d'en être un serait rapidement tombé dans les oubliettes.

Il n'y avait, c'est vrai, pas matière à espérer un retour à la facette la plus mordante du rock des Irlandais. Et, il faut le reconnaître, le groupe parvient à tisser de sympathiques toiles musicales de-ci de-là. Le très accessible "Every Breaking Wave", aux allures de single, est une pépite en matière de rock moderne, qui s'inscrit parfaitement dans l'identité récente du groupe, bien que se faisant plus inspiré que nombre de titres composés par U2 dans le courant des années 2000. L'alambiqué et mid-tempo "Cedarwood Road" est avec l'énergique "California" le titre le plus réussi de l'album, duquel on sent poindre une sincérité et une envie de jeunes débutants. Si le groupe ne se repose pas sur son passé en live, alors voici un titre qui devrait faire de l'effet.

Le reste de l'album, et notamment la partie centrale, se voit pour sa part phagocyté par des ambiances pop de bas étages, qui discréditent totalement le propos des Irlandais. "Iris (Hold me close)" aux paroles pourtant pudiques et riches en émotion voit ses efforts réduits à néant par des ambiances fallacieuses, façon COLDPLAY, qui ne souffrent d'aucune ambiguïté : U2 n'est pas à son sujet et confirme que son rock plat et dilettante n'est malheureusement pas qu'une passade anecdotique. Et "Volcano", au refrain d'une niaiserie désespérante, de confirmer cet état de fait. Le groupe, s'il a encore du talent, semble se complaire dans une musique superficielle à l'écoute de laquelle l'auditeur peine à retrouver l'essence du rock organique du groupe.

On ressort mitigé, globalement déçu, de l'écoute de ce treizième album. Il est évident que, quitte à faire une figure imposée, le groupe irlandais se présente sous son meilleur jour, ce qu'il parvient à faire le temps de quelques coups d'éclats bien sentis. Reste que globalement, et malgré les nombreuses années nécessaires à sa confection, cet album s'inscrit dans la lignée de ce rock de bas étage que propose le combo depuis maintenant plus de 10 ans. Les bons moments ne feront pas date, les mauvais passeront directement à la corbeille. Là est le triste pouvoir de la distribution numérique : Shift – Suppr (ou Pomme – Delete, pour les "puristes"), et Songs of Innocence, malgré sa naissance fracassante, n'existe déjà plus.

2,5/5

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   GEGERS

 
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- Bono (chant, guitare, claviers)
- The Edge (guitare, chant, claviers)
- Adam Clayton (basse)
- Larry Mullen, Jr. (batterie, percussions, chœurs)
- Declan Gaffney (guitare acoustique, claviers)
- Ryan Tedder (guitare acoustique, claviers)
- Paul Epworth (claviers, percussions)
- Caroline Dale (violoncelle)
- Angel Deradoorian (choeurs)
- Joseph Elmhirst (choeurs)


1. The Miracle (of Joey Ramone)
2. Every Breaking Wave
3. California (there Is No End To Love)
4. Song For Someone
5. Iris (hold Me Close)
6. Volcano
7. Raised By Wolves
8. Cedarwood Road
9. Sleep Like A Baby Tonight
10. This Is Where You Can Reach Me Now
11. The Troubles



             



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