1982 : l'heure est à la fusion de la new wave avec les éléments de synth pop, d'éléctro funk et de reggae très en vogue. La prude Albion se transforme alors en un tourbillon créatif : c'est l'aube des superficielles années 80. Georges O'Dowd, qui est né de parents irlandais dans le kent, incarne à merveille cette tendance. Il se crée un look androgyne atypique et tente de se faire remarquer dans la capitale anglaise en traînant dans toutes les boites à la mode de l'époque avec son boyfriend Marylin. Et ça marche, il est remarqué par Malcolm McLaren, qui le sort de l'anonymat. Plusieurs musicos se greffent autour de lui dont seul le batteur Jon Moss a de l'expérience - DAMNED, ADAM and the ANT -. Leurs différences ethniques les enjoint à choisir le patronyme CULTURE CLUB, virgin les signe, la légende du mouvement des nouveaux romantiques futuristes est en marche.

Ce premier album est rapidement mis en boite et sort en octobre 82. Sorti six mois avant, "White boy" est le premier single. typique des eighties. Cette zique a plutôt mal vieillit, on y retrouve les éléments des divers genres cités plus haut, mais le chant plaintif de celui qui est désormais BOY GEORGE ne crée pas encore la magie attendue. Le refrain est sympa mais le succès se fait attendre. S'ensuit "I'm afraid of me", au ton calypso, gai et enjoué, mais qui n'aura guère plus de reconnaissance. On remarque déjà toutefois les thèmes récurrents choisis par le groupe dans ses textes, tournant autour du genre sexuel.

Il faut attendre la sortie de "Do you really want to hurt me" pour voir le billboard exploser de folie pour CULTURE CLUB. Classique indémodable, la voix de George y impose une ambiance soul matinée de reggae, les beats de synthé et la grosse ligne de basse de Mikey Craig en sont les trademarks... Tout le monde connaît, inutile d'en rajouter, un des plus grands titres des eighties ! "Time" va poursuivre la course à la tête des charts du monde entier, un morceau plus dance et destiné aux dancefloors. Puis c'est le succès de l'hybride "I'll tumble for you" qui annonce FINE YOUNG CANNIBALS et les succès des UB40, titre entraînant et sympa, qui a cependant atteint le statut de classique sans vraiment en avoir les attributs.

5 singles dans un premier opus, c'est du jamais vu ! Mais le reste de l'album se comporte parfois assez bien sur une platine : l'esprit caribéin de "You know I'm not crazy" est réussi, le rythme de "Boy boy" - décidemment! - reste cool. L'étonnante ambiance latina de "White boy can't control it" est aussi un des moments forts du skeud. En revanche, il y a quelques fillers de basse extraction à déplorer, ainsi "Take control" et "Love twist" sont à oublier.

Au final, seul "Do you really want to hurt me" peut prétendre à la postérité. Le reste de l'album est parfois sympa, dansant, parfois plus anecdotique. Pourtant, le groupe londonien reste une des grandes attractions de l'année, et le personnage de BOY GEORGE est dans l'inconscient collectif au nirvana de la branche romantique de la new wave. En terme de notation, on se situe légèrement plus haut que pour le KAJAGOOGOO par exemple, un demi point plus haut, ce qui ne se traduira pas sur le 3,5 que je lui donne en raison de son importance historique.