Tout a changé pour XTC en 1982. Les nerfs fragiles d'Andy Partridge ont craqué en pleine tournée d'English Settlement, ce qui a conduit à l'arrêt définitif des concerts. Causes différentes pour un même effet, ils ont ainsi suivi les traces des BEATLES en 66 et ont commencé à faire de la pop en studio, une situation qui a tout de suite déplu au batteur Terry Chambers. Après quelques mois de flottement, il a quitté le groupe pendant la conception de Mummer et est parti s'installer en Australie.

Pourrait-on dès lors s'attendre à un résultat convaincant ? Avec un leader à ramasser à la petite cuillère et leur batteur en moins, on ne peut pas dire que les XTC respiraient la forme en cette fin 82, il est donc tout-à-fait logique qu'ils n'aient pu créer qu'un disque peu inspiré et bizarrement conçu. C'est triste mais c'est ainsi, après quatre albums très solides, leur niveau s'est effondré d'un coup et allait mettre un moment à remonter vers quelque chose de vraiment satisfaisant.

Il est difficile de savoir où ils ont voulu en venir exactement avec ceci. Le mot « Mummer » désigne un acteur de mime mais cela ne mène pas à grand chose. C'est un titre passe-partout pour un album sans thème particulier, un simple recueil de chansons pop rock dépareillées. Il ne faudrait pas y voir une volonté vraiment expérimentale même s'ils ont peut-être simplement profité de ce coup de mou pour faire un album de transition sans prétention, histoire de faire quelques petites recherches...

Celui qui sauve un peu le disque est sans nul doute Colin Moulding, le fidèle second qui a toujours fourni quelques chansons. Il en signe ici trois, toutes réussies à défaut d'être extraordinaires. Le single « Wonderland », tout d'abord, certes kitsch mais ayant son petit effet. La plus forte est cependant « Deliver us from the elements », dont les sonorités mystérieuses sont vraiment intéressantes, avec notamment un beau mellotron, tandis que « In Loving Memory of a Name » est un titre pop agréable et joliment rythmé.

Du côté de Partridge, c'est donc bien plus inégal. Si la superbe ouverture « Beating of Hearts » semble être un beau reliquat de sa production d'English Settlement, plutôt dans le style folk, la suite est bien moins satisfaisante... Ainsi, « Love on a Farmboy's Wages » semble n'être qu'une redite moins réussie de cette ouverture, tandis que « Great Fire », « Human Alchemy » et « Ladybird » sont vraiment peu passionnantes malgré quelques idées évidentes. « Me and the wind » est plus intéressante avec cet accompagnement rythmique notable de piano, mais le refrain est un peu vaseux et la fin est maladroite. Quant au final « Funk pop a roll », il est bien percutant bien que mélodiquement banal.

Au final, on se retrouve avec deux chansons épatantes, le reste étant banal voire par moments raté, le tout sans fil conducteur... Bien sûr, les fans du groupe vont tout lui passer, mais il faut se rendre à l'évidence, Mummer est un de leurs albums les plus anecdotiques, il ne rend pas justice à ce qu'ils ont été capables de faire dans leurs grandes années et mérite donc une certaine sévérité même s'il reste relativement plaisant à écouter dans l'ensemble. Le suivant, The Big Express, sera déjà un peu plus convaincant.