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POST-PUNK/GOTHIQUE  |  STUDIO

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TOYAH - The Blue Meaning (1980)
Par ARP2600 le 5 Décembre 2015          Consultée 1212 fois

Il est assez rare qu'un groupe sorte deux albums en moins de quatre mois, mais il ne faut pas s'y tromper. Rappelons que Sheep Farming in Barnet était prêt en août 79 mais qu'il n'est sorti qu'en EP dans un premier temps et n'a été publié en version complète qu'en février suivant. Entre-temps, Toyah Willcox et ses acolytes n'ont pas chômé et ont préparé le second, entre deux concerts et l'activité théâtrale de la chanteuse hyperactive.

The Blue Meaning est donc sorti le 6 juin 1980 et cette année très riche pour leur discographie verra aussi la sortie d'un live en novembre. On a déjà dit que TOYAH n'était pas un groupe très stable, ce qui n'est pas étonnant vu à quel point il est construit autour de la chanteuse, épaulée par le guitariste Joel Bogen. Cependant, il n'a pas encore beaucoup changé depuis Sheep Farming in Barnet, seul le bassiste étant différent. Le poste est tenu ici par Charlie Francis, qui a d'ailleurs contribué à la composition de plusieurs chansons de l'album, à l'instar du claviériste Pete Bush, déjà important sur le premier. Leur disque le plus collectif donc, ce qui n'est pas forcément un bien...

The Blue Meaning est un drôle d'animal. Je veux dire, Toyah est étrange, excessive, un peu dingue, mais ici, elle dépasse peut-être un peu les bornes, et la musique n'est d'autre part pas la plus originale que son groupe ait proposée. C'est leur seul disque qu'on classera plutôt en post-punk/gothique qu'en new wave proprement dite. Il est bruyant, les paroles sont étonnamment morbides voire satanistes, c'est un peu perturbant, mais ça ne vaut ni SIOUXSIE and the BANSHEES ni BAUHAUS.

En fait, s'il fallait citer un groupe dont ceci est proche, on devrait plutôt citer MAGAZINE. C'est plus sombre, plus fouillis, et plus fou, mais il y a de nombreuses similitudes dans l'écriture musicale, à tous les niveaux : mélodies, harmonie, rythmes et orchestration. Plutôt du post-punk avec claviers que de la new wave futuriste, donc. Les thèmes de science-fiction sont d'ailleurs moins présents que sur les autres albums, c'est lié, indiscutablement. En tout cas, une fois qu'on a compris ce lien stylistique, on doit être plus sévère... oui, les musiciens de TOYAH ont ici fait preuve d'une certaine paresse, voire de malhonnêteté. On peut néanmoins dire ça de nombreux groupes, y compris BAUHAUS, ce n'est pas suffisant pour disqualifier un album.

C'est donc en jugeant directement les chansons qu'on peut trancher et il est évident que ce disque n'est pas à la hauteur des trois autres, mais il est tout de même beaucoup plus intéressant que leur cinquième album, Love is the Law. Première critique à formuler : la chanson d'ouverture, « Ieya », dure plus de huit minutes, c'est bien trop. Le thème est très accrocheur, la façon dont elle chante-crie ce mot s'oublie difficilement, mais on s'enfonce vite dans une bouillie post-punk d'un goût douteux. Entre les imitations de crachats et asséner les mots « Zion, Zuberon, Necronomicon, Messiah », on se demande où elle voulait en venir au juste. En matière d'incantations, on est loin de la qualité d'un certain Juju, en tout cas. Le court « Spaced Walking » qui suit ne convaincra pas grand monde non plus avec sa voix à l'hélium, n'importe quoi. Un premier quart plutôt raté donc.

Heureusement, cela s'arrange nettement ensuite. Il manque la facilité insolente du premier album, les plages les plus longues comme « Blue Meanings » et le final « She » sont belles mais laborieuses, mais on a quand même un ensemble vigoureux et hallucinant. Si on aime la new wave très musclée et délirante, il y a pas mal de bons moments à glaner ici. « Mummies » et « Visions », bien gothiques et magazinesques, sont plutôt sympa. Quant à « Tiger, Tiger », il s'agit bien sûr d'une adaptation du célèbre poème de William Blake, très agressive et désordonnée. Tout de même, cela ne fait que renforcer mes doutes quant à l'influence de TOYAH sur le Tyger de TANGERINE DREAM.

Enfin, il y a quand même deux perles sur ce disque. L'implacable « Ghosts » compte parmi les meilleures chansons du groupe, l'intensité des guitares est délicieuse et cela ne se fait pas au détriment de la complexité. D'autre part, « Insects » est insidieuse, son harmonie inquiétante et son rythme irrégulier en font un grand titre gothique, du moins au premier degré (la chanson parlerait en fait... des mains baladeuses).

The Blue Meaning est en fin de compte bien difficile à juger. Il n'est pas très bon, mais ne peut pas non plus vraiment déplaire à quelqu'un qui aime le style déjanté et théâtral de la chanteuse. Toyah est le genre d'artiste qui ne peut que diviser. Certains ne supporteront rien de son travail, d'autres en redemanderont, et dans le deuxième cas, on ne peut évidemment pas passer à côté de cette performance-ci, particulièrement excessive. Par contre, il faut préciser pour ceux qui découvriraient cette discographie dans l'ordre que le groupe prendra une toute autre direction par la suite, Anthem étant beaucoup plus accessible, électronique et coloré, ce qui explique d'ailleurs son succès.

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- Toyah Willcox (chant)
- Joel Bogen (guitare)
- Steve Bray (batterie)
- Pete Bush (claviers, trompette)
- Charlie Francis (basse)


1. Ieya
2. Spaced Walking
3. Ghosts
4. Mummies
5. Blue Meanings
6. Tiger Tiger
7. Visions
8. Insects
9. Love Me
10. She



             



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