Il est décidément bien dommage que le partenariat entre Toyah Willcox et Joel Bogen se soit terminé en 1983. Les 5 albums du groupe TOYAH vont du bon au génial, avec une approche très particulière au sein de la new wave, et qui sait ce qu'ils auraient encore pu apporter ? Mais de telles suppositions pourraient être faites à propos de n'importe quel groupe et sont bien sûr inutiles. La raison exacte de la dissolution du groupe n'est pas connue, toujours est-il que Toyah s'est alors lancée en solo.

Une transition dangereuse, abordée avec une certaine naïveté malgré ses 26 ans. Si elle ne renie pas la période qui a suivi, avec les albums Minx et Desire, il faut bien dire qu'elle a souffert de son image de chanteuse pop. Comment lui reprocher d'avoir eu de l'ambition et d'avoir succombé au désir d'être publiée par un plus gros label que cet obscur Safari ? C'est ainsi qu'elle s'est fait recruter par Maurice Oberstein, un gros producteur (au sens commercial) américain de musique pop. À cette époque, il dirigeait la maison de disques Columbia et voulait, selon les dires de Toyah, signer le plus possible de chanteuses connues sur le label Portrait.

Hélas, la grosse industrie du disque peut être une grosse entrave à la liberté de création, sans parler de la façon méprisante de traiter les artistes, en particulier féminines. Pour un temps, elle a tout de même laissé faire, et c'est ainsi que Minx a été créé. Ce nom, désignant en anglais une femme de caractère espiègle voire frivole, est le surnom peu élogieux que lui avait donné le producteur de l'album, Christopher Neil. En tant que titre d'album, c'est intéressant, il est vrai que Toyah est quelqu'un d'assez... spécial. La pochette, quant à elle, montre bien un certain côté artificiel de l'image de la chanteuse, avec ces épaulettes énormes au travers desquelles on voit sa véritable carrure, plutôt menue.

Ensuite, comment dire... voilà, c'est une production synthpop de 1985 quoi. Pas désagréable, mais terriblement datée, sans chansons vraiment mémorables ni aucune cohérence. Le son est complètement déterminé par la production et seul le chant si particulier de Toyah sauve un peu les meubles. Peut-être un peu ses paroles également, même si elle a fait bien mieux, l'inspiration devant quand même être bien difficile à trouver dans ces conditions.

Autre signe de la mainmise de l'industrie : le nombre de reprises imposées par le label. Trois chansons sur dix dans la version vinyle, une quatrième en version CD. Les plus connues sont « Sympathy » de Rare Bird et « School's out » d'Alice COOPER. Des choix totalement aberrants, oui... Franchement, cette stratégie des reprises est lamentable, surtout quand on les impose à des artistes qui n'ont absolument pas envie de les interpréter. S'il fallait garder un titre sur cet album, ce serait sans doute « I'll Serve You Well », mais elle est bien trop longue. Dans la version CD, le bonus « Vigilante » est également plutôt sympathique et l'introduction de l'album « Soldier of Fortune, Terrorist » est encore passable.

Minx n'est pas un cataclysme galactique, mais quand même un album bien décevant, totalement insignifiant, de la part d'une personnalité comme Toyah. Le succès n'a pas été énorme, même si le pouvoir de diffusion d'un tel label l'a quand même légèrement fait connaître hors des frontières britanniques, mais forcément pas pour très longtemps avec un disque aussi peu marquant. Heureusement, c'est son seul album dans un style aussi léger et démissionnaire, coincé qu'il est entre la fin de son groupe et sa relation avec Robert FRIPP. Si Desire n'est pas encore d'un style très assuré, il montre déjà un net réveil de sa conscience artistique.

PS : pas de line-up : c'est le genre d'album employant une armée de requins pour pas grand chose. Disons juste qu'il y a Toyah au chant, bien sûr, ainsi que les claviéristes Adrian Lee et Simon Barlow qui avaient fait partie du groupe auparavant et ont participé à la composition des chansons de Minx.