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DEVO - Freedom Of Choice (1980)
Par ARP2600 le 13 Décembre 2015          Consultée 2580 fois

Comme la plupart des grands groupes de new wave, DEVO a tenu un bon rythme d'un album par an à la grande époque, pour eux entre 1978 et 1982, leurs cinq premiers constituant manifestement l'essentiel de leur œuvre. Il n'est pas illogique que le troisième, Freedom of Choice, soit le plus important car il se situe au milieu de cet ensemble. C'est aussi ici que se trouve leur plus grand (et unique ?) tube, c'est ici qu'apparaît le fameux dôme d'énergie, c'est ici que le style est le plus équilibré entre guitares et synthés, le plus important étant que la plupart des chansons sont bonnes, et qu'elles s'agencent de façon très cohérente.

La première chose dont il faut parler est ce fameux dôme d'énergie. Il s'agit de ce chapeau qu'on voit sur la pochette. C'est un genre de cône en plastique, en forme de ziggourat plutôt, la plupart du temps rouge vif, mais des versions verte, bleu foncé et cyan ont existé. Basé sur la théorie de l'orgone du Dr Reich, il est censé récolter l'énergie qu'on perd bêtement par la tête et la renvoyer vers les centres vitaux, donnant entre autres une meilleure longévité et de l'énergie sexuelle. Il s'agit d'une blague, bien sûr, dans la tradition des théories fantaisistes véhiculées par le groupe. Une façon habile de renforcer leur côté geek et de fidéliser encore plus leur public. Quoi qu'il en soit, ce machin reste trente-cinq ans plus tard leur marque de fabrique, qu'ils n'oseraient probablement plus ne pas porter en concert.

Le problème avec l'imagerie geek/nerd, c'est qu'elle comprend une part de sexisme. L'archétype du jeune homme intelligent, de préférence boutonneux et à lunettes, timide, passionné par la technologie mais ayant des difficultés avec les femmes. D'où la partie sexuelle du dôme d'énergie, par exemple. On ne peut rien considérer comme sérieux avec DEVO, et ils ont sans doute adopté ce cliché avec beaucoup de dérision. En tout cas, on trouve beaucoup de chansons assez peu flatteuses pour les femmes dans leur musique, et surtout à partir de ce Freedom of Choice. Ceci dit, c'est simplement une des composantes du rock de base, et DEVO n'est qu'un groupe de rock employant des sonorités et des looks bizarres, ce qui est un peu l'idée de toute la new wave, d'ailleurs. Ainsi, des chansons comme « Girl U Want » ou « Cold War » peuvent créer un petit malaise, mais surtout à cause de la froideur du son par rapport aux paroles.

Parlons-en de cette froideur. Après le travail assez léché de Ken Scott sur Duty Now for the Future, le groupe a cette fois adopté, avec l'aide de Robert Margouleff, un son tranchant, dynamique et glacé. Les guitares sont encore bien présentes, souvent assez abrasives et texturées. Elles se combinent avantageusement avec des sons électroniques assez crus, rappelant déjà ceux de The HUMAN LEAGUE, un rapprochement qui ne fera que s'amplifier sur les albums suivants. Les rythmes, quant à eux, sont plus mécaniques que jamais, et viennent sans doute de Düsseldorf... mais bon, tout groupe de new wave doit quelque chose à NEU! et KRAFTWERK. On peut dire que le son de Freedom of Choice est un des meilleurs exemples qui soient du genre, à citer auprès des grands albums d'ULTRAVOX : un mélange ambigu, à la fois dansant et inquiétant, parfois kitsch mais jamais ridicule, daté mais toujours intéressant à notre époque.

Parlons du grand tube du groupe, « Whip it ». Une des meilleures chansons de l'album, sans doute, mais en rien spéciale par rapport aux autres titres. Elle est fort électronique, assez agressive. Le texte est un bon exemple de cette ambiguïté. Que doit-on fouetter au juste ? Il s'agirait de donner un coup de fouet à son ambition pour parvenir à son but, mais des doubles sens ne sont pas à exclure, n'est-ce pas. La mélodie n'est pas mauvaise non plus, et c'est un progrès par rapport à Duty. DEVO ne sera jamais un groupe de mélodistes, ils sont trop rock, trop punk pour faire dans les grandes envolées, d'autant qu'ils ne sont sans doute pas de grands chanteurs non plus, et ça n'a aucune importance dans leur style. Freedom of Choice offre toutefois un peu plus de diversité dans les hauteurs de son, et un meilleur emballage instrumental de la mélodie principale, qui suffisent à rendre la plupart des chansons crédibles.

Comme autres moments forts, citons « Ton o' love », au son particulièrement agréable et au chant lorgnant sur Brian Ferry, puis la chanson-titre et son texte un peu limite philosophiquement, à placer dans la continuité de la dé-évolution. Comme presque tous ceux du mouvement punk/new wave, il est assez évident que DEVO ne faisait qu'édifier au sujet du totalitarisme, et non pas l'approuver. Certains prennent toujours tout au premier degré, mais le groupe aura la bonne attitude de s'amuser de ces accusations, nous en reparlerons. Citons encore « Gates of Steel » et le final « Planet Earth », deux exemples impeccables de leur musique et de la new wave en général. Ce sera notre conclusion... Freedom of Choice est un des albums du style principal de la new wave à écouter en priorité, et sans doute la meilleure contribution américaine, si on classe à part les TALKING HEADS.

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- Bob Casale (guitare, claviers, chant)
- Gerald V. Casale (basse, claviers, chant)
- Bob Mothersbaugh (guitare, chant)
- Mark Mothersbaugh (guitare, claviers, chant)
- Alan Myers (batterie)


1. Girl U Want
2. It's Not Right
3. Whip It
4. Snowball
5. Ton O' Love
6. Freedom Of Choice
7. Gates Of Steel
8. Cold War
9. Don't You Know
10. That's Pep!
11. Mr. B's Ballroom
12. Planet Earth



             



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