Connaissez-vous Peter Grant ?

Il est fort probable que non, et c'est normal pour un mélomane ne s'intéressant qu'à la musique et non à ses à-côtés. Et pourtant, le rôle de cet homme n'est pas négligeable, puisqu'il a avant tout été le manager de bien des artistes et groupes renommés, y compris des Yardbirds et de LED ZEPPELIN. Par extension, il a aussi été impliqué dans le management de BAD COMPANY, un sympathique groupe ayant signé chez Swan Song, la maison de disques fondée par le mythique quatuor hard rock. Mais comme les rock stars qu'il suivait, Grant est tombé dans les travers de l'alcool et de la drogue, et plus particulièrement, a été suffisamment dévasté par la mort de John Bonham en 1980 pour arrêter sa carrière.

Un gros, gros dur pour Bad Co, puisque Grant était le ciment permettant de consolider des liens alors devenus tendus entre ses membres. En particulier, Paul Rodgers et Boz Burrell ont fini par régler leurs différends avec les poings, et il fallait sans doute faire preuve d'une diplomatie exemplaire pour (tenter de) désamorcer la situation. Avec cette accumulation de coups du sort et de débordements dûs à la vie de rocker, on peut le dire clairement : la fin approchait pour BAD COMPANY.

Avant cela, cependant, le groupe sort un sixième album, Rough Diamonds, en 1982. Trois longues années ont passé depuis l'estimable Desolation Angels, et il faut bien que le show continue. Sauf que l'opus est tout sauf bon, oh que non. Malgré ce qui a pu être mis comme bonne volonté, Bad Co a perdu la flamme et donc la capacité à écrire de grands morceaux. Pourtant, l'album commence pas trop mal, avec "Electricland". Si le piano électrique est franchement moche (à titre personnel, il me rappelle les pires albums de Klaus Schulze), il n'en reste pas moins que le morceau se tient très bien, et propose une ambiance crépusculaire agréable, doublée d'une performance toute en retenue de Rodgers. Un regret se trouve en la guitare de Mick Ralphs, assez en retrait. C'est d'ailleurs là un premier souci apparent, puisque "Untie the Knot" met également en avant les claviers au détriment de la six-cordes. Et puis, plus globalement, cette chanson tire bien plus sur de la pop générique de l'époque que le rock bien gras auquel BAD COMPANY avait habitué son public lors de la décennie précédente. Il faut attendre "Nuthin' on the TV", avant-dernière contribution solo de Burrell au répertoire de Bad Co, pour retrouver une certaine verve blues-rock, mais mise au service d'un morceau peu palpitant.

Le reste de Rough Diamonds effectue une triste oscillation, entre morceaux vraiment pas bons et complètement oubliés après écoute, au point qu'on ne peut presque rien en dire. Dans un accès de bonté, en plus de "Electricland", on peut sauver "Painted Face", qui a le mérite d'avoir de bonnes idées pas trop mal concrétisées (l'usage parcimonieux des claviers, les soli de guitare). Mais globalement, c'est vraiment une triste déception, et ce d'autant plus que les tensions poussent les membres de BAD COMPANY au point de non-retour, et ont raison du groupe qui se dissout après la publication de l'album, qui fait par ailleurs de mauvaises ventes. Une fin aussi triste que classique.

Note réelle : 1,5/5