KRAAN qui a sorti un album impeccable de bout en bout, ça remonte à quand lorsque sort Soul of Stone en 1991 ? En 1988, quand le groupe sort son troisième album live. Mais si l'on ne se concentre que sur les œuvres studio, il faudrait remonter à Andy Nogger, ce qui lance un long voyage de 17 ans en arrière, ce qui n'est pas rien. Et autant briser le suspens, Soul of Stone ne sera pas le nouvel opus major de KRAAN, loin de là. Cependant, il s'agit du meilleur album sorti depuis, et cela reste toujours bon à prendre.

Les raisons possibles sont relativement simples. On peut facilement invoquer le talent naturel des cinq membres de KRAAN, mais cela ne suffit pas. La stabilité de la formation est également un autre argument assez solide puisque cette dernière parvient à exister depuis déjà 4 ans – un record pour KRAAN. Et puis, le groupe a déjà un live et un album studio (Dancing in the Shade, 1989) à son actif. Tout le monde est donc a priori bien rôdé.

Et ça ne rate pas, puisque Soul of Stone est gorgé de morceaux remarquablement bons. Mais surtout, l'album apporte un certain lot de nouveautés. La première, et de loin la plus remarquable, c'est le chant. Soul of Stone alterne les interprétations de chansons par Peter Wolbrandt, mais aussi Hellmut Hattler et même Joo Kraus, le trompettiste-claviériste. Une diversité vocale pouvant passer comme une synergie résultant d'une bonne entente entre les différents musiciens du groupe. Ensuite, KRAAN modernise sa musique, en intégrant notamment une production (alors) bien moderne, et tente même d'innover avec des rythmiques électroniques. Ça n'a l'air de rien, notamment à l'écoute de "Wondergirl" – assez médiocre par ailleurs – mais dénote une inclination à la nouveauté. Enfin, du point de vue des styles, KRAAN varie les plaisirs, avec des morceaux clairement pop-rock, mais n'hésite pas non plus à partir dans un jazz moderne sur le morceau-titre, avec la trompette de Kraus prenant de fameuses intonations acid. Et pour ceux qui seraient en manque de sonorités orientales, il y a "Beat Hotel", un instrumental mêlant des passages rappelant le monde arabe et des envolées bien rock, avec Wolbrandt qui se fait plaisir à la guitare.

Oui, la grande force de Soul of Stone, c'est sa diversité. Une lapalissade chez KRAAN, certes, mais cela apparaît plus évident que jamais sur son opus de 1991. Ainsi, la variété (bien maitrisée qui plus est) permet de ne pas s'ennuyer tout au long des 52 minutes de l'album. Il n'est pas pour autant grandiose de bout en bout. La faute à quelques morceaux passables à l'écoute mais qui baissent quand même la moyenne ("Wondergirl", "Weeyeya", "Wenn die kraniche zieh'n"). Et parmi les trois musiciens qui prennent le micro, il faut avouer que Joo Kraus est le moins bon d'entre eux. Ce dernier n'a pas le charisme de Wolbrandt, ni le charme de Hattler – comme quoi, il y a une différence entre être le meilleur et être le plus marquant.

Soul of Stone est le genre d'album qu'on pouvait espérer de KRAAN. Bien entendu, tout n'y correspond pas aux attentes, mais le principal sentiment qui se dégage de son écoute est le léger regret de ne pas savoir cet opus plus connu. Plus grave cependant est la suite des aventures du groupe puisqu'il splitte, laissant ensuite ses différents membres partir dans divers projets plus personnels. Une page se tourne donc avec Soul of Stone qui referme l'histoire de KRAAN sur une bonne note.

Note réelle : 3,5/5