Voyez donc cette couverture ! A part les habitués, personne ne trouvera trace du viking de la sixième avenue dans le coin. Louis Hardin, presque habillé et coiffé normalement, pose tel le chef d'orchestre lambda devant les grandes orgues et ses musiciens, dans l'enceinte de l'église de Oberhausen... On constate l'impact de la petite allemande Ilona sur le géant du Kansas, MOONDOG est en pleine évolution... Mais oui à 63 ans ! y'a pas d'age pour bien faire. Résumons-nous : La troisième carrière du compositeur est florissante ; tout est plus facile évidemment, et la vie rendue plus agréable par la jeune étudiante porte ses fruits pour le confort d'écriture du facétieux natif du Kansas, qui propose ici son neuvième opus.

L'emploi des grandes orgues chez MOONDOG le rapproche encore plus du contrepoint et des canons, avouez que vous vous en doutiez... "Bug on a floating leaf" est donc un canon réalisé à l'orgue, le fond sonore est énorme, comme une basse de heavy, l'ensemble rappelant plus une charge de cavalerie qu'une ambiance ecclésiastique. "Mirage" est un autre canon, cette fois l'ensemble sonne presque psychédélique, on y entend les chères percussions du chien de la lune. C'est lancinant, répétitif et extrêmement addictif. Sur "Single foot", un rythme sympa presque rock'n'roll à la trimba donne aux orgues l'envie de danser un peu, c'est surprenant et presque incongru, on n'en est pas à cela près chez notre ami. le titre de l'album ne nous trompe pas, c'est bien un vieil instrument utilisé à des fins modernes !

Cependant, la jolie "Crescent moon march" et "Frost flower" renouent avec le baroque cher au compositeur, on se rapproche à nouveau des géants, BACH en tête. "Elf dance" est sans aucun doute le sommet de cet opus dédié aux grands orgues. On y retrouve l'esprit si particulier, immédiatement identifiable du grand compositeur classique qu'est MOONDOG. Quelques ambiances champêtres dont la mignonne "Sand Lily" ainsi que "Barn dance" dans un tout autre contexte, mais cette basse pressée -presque stressée - est cependant inhabituelle chez MOONDOG, on revient vers des contrées plus folks voire traditionnelles.

On reconnaît "Oasis" déjà présente sur le premier album de l'artiste, dans des atours moins chamarrés, mais peut-être plus adéquats à son atmosphère dramatique... Je trouve cependant qu'il se perd un peu en chemin sur "Logrundr in G" dont les accents liturgiques incitent à penser que l'aveugle révolté aurait retrouvé la foi ? C'est peu ou prou la même analyse pour "Logrundr in D" qui ne marque pas plus les esprits. "Log in B" est un poil plus satisfaisante, mais pêche à nouveau par manque d'originalité.

CE n'est donc pas l'opus avec lequel je conseille aux mélomanes de découvrir MOONDOG, dont voici une des livraisons les plus "fermées". En outre il manque à cet album un véritable titre de gloire, il faudra attendre quelques années encore pour que "Elf dance" prenne ce statut. Toutefois, la démarche reste fondamentalement originale, même si la qualité est un peu moins au rendez-vous.