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MUSIQUE CONTEMPORAINE  |  STUDIO

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- Style : Ensemble Minisym
 

 Moondog, Le Viking De La Sixième Avenue (505)

MOONDOG - Moondog (1969)
Par ERWIN le 15 Janvier 2017          Consultée 3145 fois

Les voies du seigneur sont impénétrables. Je suis passé des dizaines de fois devant cet album dans les bacs des disquaires au cours de mon existence. Je me disais : "Mais qui est ce gourou cosmique ?", et je passais mon chemin telle une gaufre.

Il y a un an à peine, je découvrais - par la grâce d'un post sur FB, grand merci Stéphane - Louis Hardin, aka MOONDOG, aka le viking de la sixième avenue. Et là, mes aïeux, quelle déflagration ! Il n'y a pas d'age pour découvrir, la musique est une mâne providentielle. J'ai donc ouvert le grand livre du destin de cet artiste unique au monde, et je ne suis pas prêt de le refermer. Ce qui m'est arrivé à l'écoute de cet album n'est pas banal. Au bout de quelques jours il avait définitivement révolutionné ma vision de la musique. Je manque encore de recul, mais je pense qu'il est aujourd'hui mon album favori toutes musiques confondues. Voici pourquoi.

Chez MOONDOG, tout mène à cet album. Sorti 12 longues années après The Story of Moondog, cet album est à nul autre pareil. Il condense avec un brio inégalable les différents aspects de la musique chère à l'artiste new yorkais. Le bonhomme a vieilli, assume à fond son personnage de viking débonnaire dans les rues de la grosse pomme, lance en main et grand casque à cornes, barbe foisonnante. Nous sommes donc en 69, et Hardin voit sa carrière rebondir car les minimalistes, Philip GLASS en tête, le vénèrent, ceci conduit à une remise de son art sur le devant de la scène et le producteur des BEACH BOYS James Guercio l'amène en studio et lui donne les moyens d'enregistrer avec un véritable orchestre.

Commençons par un Everest, que dis-je un Everest... Un Olympus Mons de la musique : "Stamping ground" symbolise l'endroit sur lequel MOONDOG passait ses journées pendant de 1958 à 1972, le corner de la 6ème et de la 56eme, pensez-y la prochaine fois que vous y passez ! Ce morceau dantesque, calme mais empreint d'une force incroyable à notamment servi pour des pubs, et est le cadre de la profession de foi de Bridges dans The big Lebowski. Un chef d'oeuvre absolu, incriticable et vibrant.

Le morceau le plus célèbre de cet opus est néanmoins l'hommage à Charlie PARKER - ils s'entendaient avec Hardin comme larrons en foire -. Il se nomme "Bird's lament" et vous le connaissez tous. Titre inclassable, une chaconne en forme de jazz véloce avec les percussions habituelles du viking aveugle. Le résultat est hallucinant de classe et de beauté. Certes, MOONDOG aurait souhaité ralentir le tempo comme sur les versions plus tardives, mais le résultat est déjà à couper le souffle. Comme pour son prédécesseur, une des plus grandes compositions de l'histoire. Il y a peu d'albums où coexistent deux morceaux de cette trempe.

A peine en deçà, on trouve un autre hommage, à Benny GOODMAN cette fois sur "Good for goodie", les accents jazz sont là encore tout à fait remarquables et donnent à ce titre une puissance d'évocation incroyable. La reprise du "Theme" déjà présent sur son premier album 17 ans plus tôt est toute aussi réussie. Une nouvelle vie s'ouvre sur ce morceau, et un choix d'introduction parfait pour débuter la découverte du chien de la lune. Ces deux autres titres suffiraient à légitimer un 5 pour n'importe quel album. Nous entrons maintenant dans un panthéon réservé à quelques albums...

Car la suite ne déroge pas à la qualité invraisemblable qui secoue chaque bosse du microsillon de l'album éponyme de MOONDOG.. On passe dans le domaine du classique avec la merveilleuse "Ode to venus" qui ne dépareille nullement face aux grands titres romantiques du répertoire classique. Le violon y est d'une sensibilité folle et l'orchestration fait honneur au maître du contrepoint du 20eme siècle. La canon se développe dans une clarté diaphane , comme une aube qui se lève sur un paysage d'exception. On imagine fort bien la naissance de Venus sur une telle musique.

La trimba reprend possession des lieux sur l'épique "Minisym #1', qui me permet de saluer le spécialiste français de MOONDOG Amaury Cornut, grâce auquel je dois tant de découvertes sur l'oeuvre du viking aveugle, merci à toi camarade ! On retrouve dans ce morceau aux structures limpides les élans de GRIEG et même parfois de WAGNER. Composée de 3 parties distinctes -- Ah cet "Andante & Adagio" !- , cette petite symphonie - Minisym - est à découvrir tout particulièrement, enserrée qu'elle est au beau milieu de tous ces chefs d'oeuvres.

Sur les plus de six minutes de "Witch of Endor", MOONDOG revient au canon traditionnel, et les instruments se succèdent ici pour notre plus grand plaisir avec une efficacité et une poésie incomparables. La deuxième partie notamment toute en devers stressant est d'une grande maîtrise. Elle est d'une modernité étonnante et d'une richesse mélodique à toute épreuve. Plus figurative, la superbe "Portrait of a monarch" rappelle certaines structures du Peer Gynt de GRIEG déjà cité.

Et voila, j'ai tout évoqué. Voila le seul album sur lequel je mets 5 étoiles à tous les morceaux, ce qui en fait le seul opus à mériter un 5 absolu sur mes critères de notation. Certes il ne dure que 30 petites minutes, mais le niveau atteint ici est juste inégalable pour le 20eme siècle, il faut aller chercher les plus grands compositeurs classiques à leur sommet pour atteindre de tels sommets. Je conseille donc à tout le monde quelques soient vos goûts en musique, d'aller immédiatement acheter cet album incomparable d'un des génies méconnus du 20eme siècle, un américain aveugle qui se fringuait en viking dans les rues de New York et restait là, immobile et silencieux face aux passants. Un esprit doué de télépathie aurait aussitôt détecté que l'homme composait pendant ces longues journées... Seul dans sa tête, oui... Mais quel esprit, quelle vision, quel artiste !

Le joyau de ma discothèque.

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   ERWIN

 
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1. Theme
2. Stamping Ground
3. Sy #3 - Ode To Venus
4. Sy #6 - Good For Goodie
5. Minisym #1 - Allegro - Andante - Vivace
6. Bird's Lament
7. Witch Of Endor - Dance - Trio - Dance
8. Sy #1 - Portrait Of A Monarchy



             



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