Spécial Dalida, publié le 1er janvier 1982, est un album qui accompagne et qui est conçu comme la bande originale de l’émission télé diffusée pour le réveillon du nouvel an "Numéro 1 Dalida". Ce disque est un objet hybride à mi-chemin de la variété télévisuelle et du théâtre intime. Pensé comme une mise en scène à concept narratif, avec des invités tels que Mireille MATHIEU, Chantal GOYA ou Nana MOUSKOURI, ce programme offre à DALIDA un espace pour se raconter, chanter et incarner.

On commence sans plus tarder avec "Si La France", une chanson douce aux harmonies apaisantes, presque liturgiques. En mode majeur, portée par des nappes orchestrales discrètes, la voix de DALIDA s’y fait tendre, presque rêvée. Elle livre une adresse délicate et sacrée à la France. Puis, nous retournons aux fêtes orientales, où les rires dansent avec la musique. Le titre "Jouez Bouzouki" s’appuie sur un folklore recomposé où fusionnent variété française et réminiscences méditerranéennes. DALIDA retrouve une vitalité solaire où passé et présent fusionnent.

Le cœur intime de l’album sonne avec "Ensemble" qui prend un tournant nettement plus introspectif. DALIDA dialogue avec elle-même ou plutôt entre DALIDA et Yolanda – la femme derrière l’artiste, la femme avant le mythe. L’arrangement débute sur des arpèges minimalistes avant que les nappes synthétiques flottantes ne s’intègrent. Deux voix s’alternent : l’une claire et rayonnante, l’autre plus grave créant ainsi un monologue alterné. Le résultat est subtil, touchant et tient du théâtre musical.

"Quand Je N’aime Plus Je M’en Vais" revient sur un terrain plus pop, plus quotidien. La chanson, assez répétitive, semble écrite pour accrocher l’oreille plus que pour durer. Pourtant, DALIDA y reste parfaitement juste. En revanche, "Comment L’oublier", version française de "Helwa Ya Baladi", déjà chanté quelques années auparavant, atteint une tout autre profondeur. L’arrangement conserve ses saveurs orientales, les percussions sont douces, les cordes longues. Autre retour, "Le Jour Où La Pluie Viendra", qui appartient à ses premières chansons, revient, ici, modernisé. Les orchestrations flirtent avec le disco, et la voix, plus hachée, se plaît dans une lecture plus dramatique. Une relecture intéressante, mais qui ne fait pas oublier la fraîcheur de sa première version.

Avec "Danza", l’album entre franchement dans la section spectacle. Rythmique rapide, contretemps marquées, ambiance boîte à musique robotique. C’est un morceau qui évoque une danse de cabaret stylisée, où DALIDA se fait automate. L’interprétation est étonnamment froide et l’ensemble est étonnant. "Nostalgie", malgré son titre, peine à trouver l’intensité de la nostalgie. Les nappes synthétiques installent une atmosphère vaporeuse, la voix plane sans trop s’impliquer, et l’on a déjà trouvé DALIDA plus pertinente sur ce registre. Puis, "Pour Vous" redonne un souffle. Correspondant à l’ouverture de l’émission télé, c’est un morceau de présentation, léger, presque cabaret dans l’introduction, puis glissant vers une ballade pop, très simple. DALIDA s’amuse, elle joue avec les mots, les lance comme des sourires. Ce n’est pas une grande chanson, c’est une parenthèse légère et mignonne.

Dans "J’aurai Voulu Danser", adaptation de "I Could Have Danced All Night" du film "My Fair Lady", l’on retrouve le monde de la comédie musicale. Si cette version n’est pas aussi plaisante que son originale, les cordes s’allongent et nous emportent tandis que les chœurs apportent un côté espiègle, et DALIDA s’y montre tout de même très à l’aise et agréable. Dans la même atmosphère, "Pour Toi Louis" s’inscrit dans un style cabaret, la musique s’anime, le piano jazzy, les cuivres vifs et les chœurs donnent à DALIDA de quoi s’élancer et le style lui va bien. Et, c’est avec cette même énergie que le morceau de clôture "Bye Bye" se joue. Il est simple, vendeur et accrocheur. Une clôture avec exclamation.

Il ne s’agit pas, ici, d’un grand disque de rupture, sans tube radiophonique, lié à une émission datée. L’ambition conceptuelle est de faire dialoguer les facettes d’une artiste entre scène et confidence. Il y a de jolis titres, comme "Ensemble", mais le disque est dominé par la variété légère, conçue pour ambiancer ou structurer le spectacle. Un album entre chant et théâtre, studio et scène.