Voici l'album qu'il faut écouter pour connaître les premiers frémissements du génie de Peter Hammill. Avant toute chose, une précision. Ce premier album de Van der Graaf Generator est exclusivement constitué de chansons écrites et arrangées par Peter Hammill en 1968. Il n'est aucunement l’œuvre d'un groupe comme pourront l'être tous les suivants. C'est encore une sombre histoire de droits, comme d'habitude... le groupe originel avait rompu avant même d'avoir enregistré quoi que ce soit, or ils avaient signé un contrat. Hammill a donc dû réunir quelques musiciens de sa connaissance pour enregistrer rapidement ces quelques chansons au tout début de 1969. Néanmoins, ce groupe improvisé a bel et bien servi de base au VdGG qu'on connaît, car on y trouve déjà les éternels compagnons d'Hammill que sont Guy Evans et Hugh Banton. A part ça, je préfère placer le vrai début du groupe avec The Least we can do...

Quant au contenu de cette Aerosol Grey Machine, il est ingrat et troublant. Ingrat parce que ce travail est encore très embryonnaire, et surtout parce que l'interprétation comme la production sont bien faibles. Troublant car on s'y rend compte que le rock progressif n'est sans doute pas une invention de King Crimson, finalement... Car tout ceci n'est pas du rock psychédélique, encore moins du rock'n' roll des origines ou quoi que ce soit d'autre. Bien sûr, on sent des influences psyché, et pourtant on ne peut pas nier en entendant ces chansons émouvantes et anciennes que John Lydon avait raison : Hammill est un vrai original. Sa musique visionnaire a déteint sur des genres aussi opposés que le progressif et le punk, ses émules sont tellement nombreux qu'il passe finalement inaperçu, mais la vérité est là, Hammill est un des rares vrais inventeurs du rock.

«Afterwards», «Orthentian St», «Running Back», «Into A Game», «Aquarian» et «Octopus» dépassent toutes les six minutes et montrent toutes des arrangements de guitare et de batterie complexes rythmiquement, quelques claviers et la voix torturée d'Hammill venant compléter ces ambiances très inhabituelles pour l'époque. Bien sûr, les mélodies sont fort monotones et la guitare est parfois carrément fausse, et pourtant cette musique est déjà étonnamment vivante. Pour être honnête, les premiers albums de VdGG seront tous meilleurs que celui-ci, mais ils ne seront qu'une amélioration de ces premières idées, seul le saxo n'est pas encore là sur Aerosol Grey Machine. Dès lors, connaître cette œuvre étrange me paraît être indispensable à toute personne s'intéressant au rock progressif.