Je ne peux pas… j’ai tout essayé, tenté de trouver la moindre fissure dans cet amas incandescent, rien à faire. Je ne peux pas refuser les 5 étoiles à Godbluff. Les faits sont là, la vérité éclate à chaque détonation désespérée, à chaque accord, à chaque enchaînement. Ceci est une confession, pardonnez moi car j’ai pêché… j’ai gentiment immolé ma femme, et ensuite nous avons pris le thé, mon Dieu, comment pouvais-je savoir qu’elle était allergique au tilleul… ?!

Van Der Graaf Generator s’était dissous momentanément, histoire de prendre du recul et pourquoi pas ne jamais reformer le groupe ? Oui mais non, c’était plus fort qu’eux, peut-être avaient-ils encore quelque chose à dire ? Grand bien nous en fasse.
Après quelques albums solos de la part de Hammill, il revint dans le générateur. Ses acolytes, entre temps, s’étaient amusés à pondre quelques maquettes ici et là, mais rien de très important. Ce qui est important, c’est que le VDGG est de nouveau au complet. On pourrait, de manière quelconque et en regardant innocemment le plafond, se demander s’ils seraient capables de renouveler la baffe (tenant cependant plus du bourre pif) qu’était Pawn Hearts. La réponse, comme vous le dira votre fulgurant sens de déduction, est oui.

Savez-vous ce qu’il y a de plus terrifiant en ce monde ? On pourrait d’abord penser à des gros clichés tels un monstre de film d’horreur (un Facehugger par exemple), puis allez, un truc qui existe vraiment quand même. Un terroriste ? Les araignées ? La hauteur d’une falaise ? Francis Lalanne ? Vous n’y êtes vraiment pas.
La chose la plus terrifiante est l’esprit humain lui-même (et à fortiori tout ce qui peu en sortir), car il n’a tout simplement pas de limites. Qui n’a jamais craint de s’y aventurer et de s’y égarer à jamais ? La folie, cette énergie qui devient totalement incontrôlable comme celle qu’atteint Godbluff, est fascinante. Le groupe pousse le bouchon encore plus loin. Plus loin dans les insoutenables moments d’attente, plus loin dans les déflagrations sonores, plus loin dans la dissonance... Le niveau d’hystérie qu’atteint l’album devient effrayant, Hammill ose davantage emmener sa voix sur des terrains accidentés, et rivalise de brutalité avec son orchestre funeste.
La musique semble se développer spontanément à l’écoute, elle nous laisse imaginer qu’elle se vautre dans une redondance ou un thème pauvre, puis se rattrape au dernier moment pour nous exposer subitement une de ses nombreuses facettes, plus belle que la précédente. En cela Godbluff se rapproche d’un esprit torturé et condamné à sombrer dans les pires névroses versatiles.

Toujours aussi psychotique, Van Der Graaf Generator semble avoir trouvé sa recette. Pour trois de ses albums, elle fera inéluctablement mouche. Godbluff se trouve au beau milieu de leur période d’excellence, et n’échappe pas à la règle, s’adresse directement à l’inconscient de l’auditeur pour lui murmurer des horreurs. Et je ne vous ai pas parlé de ma fille, elle aussi a été gentille.