C'est au deuxième album que VdGG démarre vraiment. Si The Aerosol Grey Machine servait de rôdage, il était avant tout un album solo de Peter Hammill, qui voit en 1970 son groupe se construire déjà dans sa formation classique. Hugh Banton et Guy Evans sont restés, et le souffleur David Jackson débarque avec ses saxophones infernaux. Il faut également rajouter la basse décisive (hahaha) de Nic Potter, qui mérite tout sauf d'être jeté aux oubliettes du rock.

The Least We Can Do... est un album qui s'impose comme un oeuvre de rock progressif déjà fort intense. Si sa production le rend plus faible, notamment à des oreilles plus modernes, il n'en reste pas moins que ce n'est pas une faiblesse, c'est peut-être même le contraire. En tout cas, des mélodies aussi fortes contenues dans "White Hammer" (et son final ténébreux), l'épique "After the Flood" ou encore l'ouverture "Darkness (11/11)" confirment tout le talent de Hammill, qui peut déjà prétendre au titre de grand espoir du rock en 1970, rien que ça. Les musiciens ne sont pas en reste et offrent un visage très agressif, déjà bien fort éloigné du canonique premier album de King Crimson, et tranchant avec la douceur bucolique du Genesis de l'époque.

Quelques traces du passé de VdGG subsistent encore, comme le regrettable "Out of my Book", qui avait plus sa place en face B d'un single de 1969 qu'autre chose. Dans l'ensemble, l'évolution du groupe est flagrante, impossible à nier, mais de plus le quintette n'a pas encore atteint son apogée. Rendez-vous encore plus tard, en cette même année 1970 pour s'en apercevoir.