En voilà un que je n'ai pas pigé tout de suite... sans doute une réaction du type « eh oh, ça va pas non » et « je ne suis pas impressionné » après une baffe. Et puis, après une discussion dans les Q/R de notre site, je lui ai redonné sa chance récemment et là, j'ai compris que j'avais bel et bien affaire au second et dernier chef-d’œuvre de Killing Joke. Extremities... est un véritable monument aux multiples facettes, très difficile à cerner donc, parce que très riche et fouillé malgré son air de simple œuvre de réaction contestataire.

Forcément, on leur a reproché la paire Brighter/Outside, aux K.J. Je ne pense pas que leur réaction ait été si sincère que ça, ils ont juste été finauds. Comme retour en grâce, on ne fait pas mieux mais, loin d'être un simple disque punk/post-punk, Extremities... est un exemple génial de cette mégalomanie artistique qu'on a reprochée à Coleman quand il jouait avec ses synthés. Ici, on retrouve évidemment toute la hargne de la guitare de Geordie Walker, et l'excellente basse de Paul Raven à pleine puissance, mais ce qui rend particulier le son d'Extremities est le changement de batteur. Paul Ferguson est parti pour un moment lors de l'épisode Outside the gate et a été remplacé brièvement par le redoutable Martin Atkins qui joue beaucoup plus de la cymbale. Donc Extremities... n'est pas tribal comme les premières œuvres du groupe, mais on trouve à la place un renforcement du côté bruitiste par ces percussions plus aiguës. C'est très alternatif en fait, logique pendant cette décennie, et les deux albums suivants le confirmeront. On trouve de plus ici sans en avoir l'air plus de groove que jamais chez K.J.

Tout est excellent dans ce disque, et surtout à partir de « Extremities ». Le relatif point faible est à mon avis « Age of greed » (eh oui), autant à cause de cette pub qui est la seule rupture de rythme de l'ensemble que par le côté trop démonstratif de la chanson. De « Intravenous » à « Slipstream », le niveau de composition et d'interprétation est affolant... Curieusement, j'ai envie de dire que c'est seulement là que Coleman et les autres se sont enfin totalement trouvés, seulement pour tenter de reproduire ce moment de grâce par la suite, souvent un peu vainement (et pourtant, tous les albums suivants sont fort bons, c'est dire la performance).