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KILLING JOKE - Brighter Than A Thousand Suns (1986)
Par STREETCLEANER le 23 Janvier 2010          Consultée 7881 fois

Brighter Than A Thousand Suns, plus brillant qu’un millier de soleils, voilà ce que signifie le nom de cet album. Si le nom de l’album faisait référence à la tête de Coleman (chanteur et frontman) en gros plan, ne devrait-on pas y voir un côté mégalo assumé, ou ironique ? Mais il s’agit-là plus certainement d’une référence au nucléaire, et aux bombes atomiques tombées sur le Japon lors de la Seconde Guerre mondiale. Après tout ne dit-on pas que KILLING JOKE a été créé, selon Coleman lui-même, pour « célébrer l’exquise beauté de l’ère nucléaire en termes de style, de son et de forme » ? Après le morceau « Nuclear Boy », après la bombe atomique sur la pochette de What’s THIS For…!, après l’escapade en Islande en 1982 pour échapper à un conflit atomique, revoilà les obsessions de Coleman qui s’immiscent de nouveau dans la vitrine de KILLING JOKE.

Toutefois, ce nouvel album ne va pas particulièrement nous irradier de chaleur. Délivrant des atmosphères plutôt froides, il s’inscrit dans la continuité du précédent Night Time, tout en adoucissant encore le propos (on remarquera l’absence d’un titre dans la lignée de « Eighties » même si « Chessboards » est gentiment pêchu). Evidemment, il ne va pas réconcilier le groupe avec les fans de la première heure, qui soupçonnent la maison de disque de quelques pressions bien senties afin d’écarter le post-punk des premières productions en faveur d’une musique bien plus abordable et consensuelle. Il faut dire que le succès inattendu de Night Time n’y est sans doute pas pour rien. Pourtant, ce ne sera pas forcément très probant, ce disque n’ayant pas obtenu le succès commercial de l’album précédent. Il faut peut-être mettre cela sur le compte de l’absence de gros hits, comme « Love Like Blood », et ce malgré deux singles, « Sanity » et « Adorations » plutôt de bonne facture. Et quand sort le disque, nous sommes alors quasiment en 1987 et on sait que la fin des années 80 sera difficile pour une bonne pelletée de groupes.

Malgré l’absence de tubes, on est forcé d’admettre que Brighter Than A Thousand Suns est plutôt séduisant dans son genre. Car on tient-là un bon nombre de titres aux mélodies plutôt bien trouvées, facilement mémorisables et accrocheuses. Coleman chante bien, c’est indéniable, mais les reproches que l’on faisait déjà à Night Time sont toujours présents : le jeu de batterie de Paul Ferguson est linéaire et manque de personnalité (« Adorations » ou « Sanity » par exemple), la guitare de Geordie Walker se contente de suivre le chant et les claviers – qui n'ont jamais alors pris autant d'importance (« A Southern Sky ») – et se trouve reléguée au second plan au lieu de s’imposer sur le devant de la scène, et la production claire et commerciale aseptise le tout. Ceci étant, elle est meilleure que celle de Night Time. Et comme sur Night Time, la basse occupe l'espace vide laissé par la guitare (« Love Of The Masses », « A Southern Sky », « Victory », « Rubicon »). Bref, KILLING JOKE est devenu un bon groupe de rock/new-wave/pop bien lisse, pas dérangeant pour un sou, et c’est là que le bât blesse. Pour qu’un bon titre de KILLING JOKE devienne une tuerie il lui faut de la hargne, de la colère, de la violence. Et ici, rien de cela, on sent que Geordie et Ferguson (et Raven dans une moindre mesure) sont largement sous-exploités, qu'ils sont en mode « pépère on ». Le pauvre Geordie n'a jamais été aussi absent. A noter que toutes ces choses qui constituent des défauts à mes yeux seront peut-être des qualités pour d'autres.

Toutefois, comme je l'évoquais précédemment, Brighter est un album assez classieux, qui regorge de mélodies plus belles les unes que les autres et qui s'avèrent être globalement d'un niveau supérieur à celles de Night Time (mais il s'agit-là d'un ressenti tout à fait personnel). Difficile de résister au chant sur « Sanity », au plus énervé « Chessboards », seul titre sur lequel la guitare s'impose un peu, ou au très beau « A Southern Sky » (où est la guitare ?), au dansant « Victory » avec ses ambiances orientales, ou aux sublimes « Rubicon », « Exile » et « Goodbye To The Village » (le plus beau titre à mes yeux, le plus envoûtant) qui me touchent toujours autant à chaque écoute.

Finalement la tête en gros plan de Coleman sur la pochette représente bien l'état d'esprit de ce skeud : le chant et les claviers de Coleman devant, les autres membres du groupe au simple accompagnement derrière. Soit Night Time puissance 2. Mais ça ce n'est pas un groupe, ça s'appelle un projet solo, non ? La catastrophe que constituera ensuite Outside The Gate se comprend mieux. Mais dans le cas présent la qualité des compositions sauve encore le tout ...

Note réelle : 3.5/5.

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   (2 chroniques)



- Jaz Coleman (chant, claviers)
- 'big' Paul Ferguson (batterie et percussions)
- Geordie Walker (guitares)
- Paul Raven (basse)


1. Adorations
2. Sanity
3. Chessboards
4. Twilight Of The Mortal
5. Love Of The Masses
6. A Southern Sky
7. Victory
8. Wintergardens
9. Rubicon
10. Goodbye To The Village
11. Exile



             



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