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POST PUNK / ELECTRO / DUB  |  E.P

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1980 Killing Joke
1981 What This For... !
1985 Night Time
1994 Pandemonium
1996 Democracy
2003 Killing Joke 2003
2006 Hosannas From The Bas...
2015 Pylon
 

- Style : Alaric
- Membre : Jaz Coleman
- Style + Membre : Ministry, Prong
 

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KILLING JOKE - Turn To Red (1979)
Par PSYCHODIVER le 19 Juillet 2022          Consultée 1274 fois

Des cieux rouges hémoglobine. Une mère et sa fille sorties d'un Norman Rockwell malgré leurs yeux injectés de sang. Un bouffon cauchemardesque au faciès de détraqué quelque part entre DSK et le président le plus abhorré de l'histoire de France. Fred Astaire ne fait pas encore des claquettes sur les morts à peine refroidis du Chemin Des Dames, mais KILLING JOKE frappe fort d'un point de vue visuel à travers son premier méfait. À l'époque, une imagerie aussi déstabilisante, c'est du jamais vu dans le monde du rock. Les DEAD KENNEDYS comme MINISTRY ne sévissent pas (pour le moment), tout comme ces innombrables formations métal qui rivaliseront en matière d'imageries choc. La couleur rouge dominante donnera quelques sueurs froides à la presse musicale de l'époque, pour qui le groupe de Notting Hill aurait manifesté à travers elle un anti communisme militant (c'est mal connaître la JOKE pour qui politique mondiale rime avec arnaque planétaire). Une polémique bien entretenue par ce fripon de Geordie Walker qui déclarera que KILLING JOKE est, je cite : "très démocratique dans sa conception du fascisme". Sacré lui.

Ah oui. Et on a toujours pas parlé de ce rituel de pacotille avec ce pentacle peint sur le sol qui aurait manqué de déclencher un feu d'artifice dans l'appartement de Jeremy "Jaz" Coleman et Paul "Big Paul" Ferguson. Rituel qui aurait permis aux deux zigotos, tout deux ayant sympathisé via l'agence pour l'emploi du coin, de localiser leurs futurs compères Martin "Youth" Glover et Kevin "Geordie" Walker. Jaz et les délires occultes qui dégénèrent, comme le prouvera la désastreuse expérience islandaise de 1982, c'est une grande histoire d'amour. On préférera penser que c'est l'annonce ainsi formulée dans le Melody Maker : "Vous souhaitez faire partie de la Blague Qui Tue ? Publicité totale, anonymat total, exploitation totale" qui s'est avérée convaincante.
Dès lors, l'enchaînement d'événements favorables qui va suivre tient du miracle. John Peel invite les quatre phénomènes dans son émission, succès immédiat. John Lydon les encense. Leur label, Malicious Damage, prend son envol avec la première parution de "Turn To Red" en octobre 1979. Le trois titres est finalement réédité en décembre sous l'apparence d'un E.P quatre titres cette fois ci et sous la houlette de Island Records. L'objet qui nous intéresse aujourd'hui. Il sera alors renommé "Almost Red", du nom du quatrième morceau, un remix du précédent morceau titre. Pas de panique, ni de prise de tête, cet E.P est désormais référencé par son patronyme initial. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que pour un début : ce premier disque estampillé KILLING JOKE fait l'effet d'une bombe. Potentiellement nucléaire si on tient compte de l'horreur qu'elle suscite auprès du quatuor dont l'objectif est, pour ceux qui n'auraient pas un gatherer dans sa famille : de définir l'exquise beauté de l'ère atomique en termes de style, de son et de forme.

Chaque décennie aura eu son E.P décisif, celui qui a enterré les dix années antérieures et annoncé les sons du futur. Les 70's eurent "Turn To Red" comme les 80's furent balayées par le "Come On Pilgrim" des PIXIES. Sans parler des traumatismes engendrés par "Jar Of Flies" de ALICE IN CHAINS et "Broken" de NINE INCH NAILS au cours de la première moitié des années 90. Le léger désavantage de "Turn To Red", c'est sa publication en pleine déferlante post punk et au milieu d'une rude concurrence. 1979, année des "Entertainment", "Unknown Pleasures" et bien entendu : "Metal Box". Car si il existe un point commun entre "Turn To Red" et le monumental second album de PUBLIC IMAGE LIMITED : c'est l'aura insurrectionnelle et la volonté de tout reconstruire après le grand ménage qui les anime. Et ce en puisant autant dans le passé qu'en imaginant l'avenir.

La première composition officielle du groupe atteste de cette démarche. "Are You Receiving", redoutable hymne acéré où l'alchimie grandiose entre la guitare lame de rasoir de Geordie, les vociférations / spoken words de Jaz, la batterie déchaînée de Paul et la basse chirurgicale de Youth sonne comme du HAWKWIND période "Doremi Fasol Latido" (ce passage au phasing vers la fin, miam, les quatre salopards devaient s'écouter "Urban Guerilla" en boucle au fond de leur ruelle british so glauque que ça ne me surprendrait pas) mais évoque également les ufologues sociopathes de CHROME tout en ouvrant la voie à bien des brûlots indus rock. Un des dix plus grands morceaux de la JOKE selon moi. Quel dommage qu'il soit régulièrement snobé en concert. Second hit en puissance : "Nervous System", plus reggae dub tu meurs, où la basse de Youth, imposante mais terriblement addictive humilie THE POLICE, THE RUTS et le CLASH trop occupé à faire le beau devant l'Amérique qu'il gerbait il y'a encore deux ans et les lecteurs de Télérama avec son "London Calling". "Nervous System", peut être le morceau le plus zen de tout le répertoire de la JOKE (même si zen est un terme peu approprié au lexique du gang de Coleman). Et que dire du duo "Turn To Red" / "Almost Red" ? Le premier ouvrant, le deuxième refermant l'album ? "Turn To Red" est un dub rock sous tension, presque insoutenable avec ses bruitages métalliques et son clavier narquois au dessus desquels planent la voix écorchée vive de Jaz et la six corde du père Walker, crachant des effets fantomatiques non dépourvus de colère. On a l'impression que l'horrible bouffon de la pochette, tapis dans l'ombre, va brusquement poser sa main sur votre épaule avant de vous ... de vous ... Non je ne préfère même pas imaginer ce qu'il vous fera. Enfin, "Almost Red", electro dub presque 8bit / chiptune où rôde toujours Geordie et sa gratte paranoïaque, a des allures d'OST de jeu vidéo rétro bien allumé, avec Jaz comme programmeur du Jugement Dernier (façon "Doom" rencontrant "The End Of Evangelion" pour rester en accord avec l'emballage apocalyptique rouge saignant, putain d'ambiance). Tel est le contenu de ce petit disque avant-gardiste, sans temps mort et mature jusqu'au bout. À peine croyable.

La suite est bien connue. Un début de carrière placée sous le signe d'un post punk sombre et sale flirtant avec le métal et la musique industrielle. Une parenthèse sage qui va coïncider avec un gouffre artistique suivi d'une renaissance ultra violente puis une accalmie où le groupe trouvera enfin un équilibre humain comme créatif sans pour autant perdre de sa substantifique agitation. En 1979, KILLING JOKE ne génère pas encore le son que ferait la Terre en vomissant, Big Paul ne se la joue pas tribal derrière ses fûts et Geordie n'a pas troqué sa guitare contre une tronçonneuse rouillée. Mais la Plaisanterie A Mourir De Rire a déjà l'étoffe d'un combo sur lequel les punks les plus hargneux et les "complotistes" du rock vont pouvoir compter. "Turn To Red" reste à mes yeux, ce que le groupe à produit de meilleur avec le single "Wardance" / "Pssyche" (cette face B est la plus effroyable boucherie jamais commise dans le milieu du rock UK) et l'essentiel opus éponyme de 1980. KILLING JOKE publiera bien entendu d'autres disques d'excellente facture ("Extremities", "What's This For", "MMXII", "Fire Dances" et même "Night Time", oh que oui) mais le trio E.P / single / album studio mentionné plus haut fut, est et demeurera à jamais le sommet d'une formation en pleine possession de ses moyens, de sa rage et de ses ambitions.

L'effondrement général du monde occidental sera pour l'année suivante.

"Turn To Red" ... "Turn To Red" ... "Turn To Red" ...

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- Jaz Coleman (chant, claviers)
- Geordie Walker (guitare)
- Martin Glover (basse)
- Paul Ferguson (batterie)


1. Turn To Red
2. Nervous System
3. Are You Receiving
4. Almost Red



             



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