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- Style + Membre : Hugh Cornwell
 

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The STRANGLERS - Rattus Norvegicus (1977)
Par ARP2600 le 28 Octobre 2014          Consultée 4930 fois

Ah, les STRANGLERS... Chaque groupe a son identité, bien sûr, mais celui-ci est un des plus étranges de l'histoire du rock. Généralement reliés au mouvement punk, leurs attaches psychédéliques et les origines variées des membres leur donnent cependant un son et un style uniques, tout en étant un groupe facile d'accès comme en attestent leurs excellents résultats commerciaux entre 1977 et 1983. Leur musique est vraiment paradoxale, les mélodies paraissant souvent fort simples, mais le résultat global étant toujours loin d'être stupide.

Présentons les quatre énergumènes de la formation classique. Hugh Cornwell, le chanteur-guitariste longiligne qui a orienté le groupe vers le mouvement punk naissant, semblait être le leader jusqu'à son départ en 1990. Le batteur Jet Black, de loin le plus âgé de la bande, avait déjà un solide passé dans le jazz, quand il s'est engagé dans ce projet au départ psychédélique. Le bassiste et second chanteur Jean-Jacques Burnel aimait les DOORS mais avait plutôt une formation de guitare classique, il était costaud ET bagarreur. Et enfin, le claviériste Dave Greenfield, joueur d'orgue hammond autodidacte, qui prétend avoir recréé par hasard la recette de Ray Manzarek, mais qui a quand même été recruté par les autres pour sa proximité avec le son des DOORS. On obtient un groupe dépareillé et qui restera pourtant unifié entre 1974 et 1990... Même visuellement, ils n'ont pas l'air de coller ensemble, comme on peut le voir sur la pochette de leur troisième album Black and White par exemple. Ils ont joué sur leurs différences, et c'est une diversité qui a souvent fait leur force.

Après avoir eu un peu de mal à trouver une maison de disques, les STRANGLERS ont fini par être engagés par United Records en 76, à l'époque où ils étaient déjà punks (en fait, s'appeler «les étrangleurs», c'est assez agressif). Une bonne séance d'enregistrement leur a donné de la matière pour la majeure partie des deux premiers albums, tous deux parus en 1977 et comptant parmi les premiers albums à succès du courant punk/new wave. Le premier, Rattus Norvegicus, est d'emblée d'un niveau exceptionnel et reste curieusement, à mon humble avis, leur meilleur. Il a atteint la 4e place des charts anglais malgré le caractère cru, sombre et provocateur des textes qui n'ont pas manqué de créer la polémique, surtout en raison de l'image de la femme qu'ils véhiculent, le principal reproche qu'on peut leur faire... Mais bon, c'était le punk, quoi.

Ce succès s'explique par les repères que les gens ont pu trouver. Cette musique ressemble indiscutablement aux DOORS. Elle est juste plus musclée, les tempos sont beaucoup plus rapides et le chant de Cornwell est un punk assez authentique. La question est : sont-ils des tricheurs, surfant sur la vague du punk tout en ne faisant que recycler de vieilles recettes faciles à assimiler pour le grand public ? C'est possible, mais on ne va pas s'en plaindre tant le résultat est convaincant. En tout cas, en 77/78, ils étaient certainement considérés par la majorité comme un groupe punk. Ce n'est que plus tard que leur nature profondément pop s'est pleinement révélée. Quant à les associer à la new wave, c'est plus délicat... Outre le fait que le punk et la new wave étaient synonymes en 77, disons que les claviers de Greenfield ont pu jouer dans l'éclosion de la branche geek, le son de «Sometimes» peut faire planer le doute, mais le propos du groupe est quand même assez éloigné des thèmes que développera la new wave. Il faudra attendre The Raven, qui comporte plus de synthétiseur et un petit côté science-fiction, pour les y classer.

Rattus Norvegicus, également nommé IV (allez savoir pourquoi), concentre toutes les qualités et tout le paradoxe du groupe. Enregistré à la va-vite, il est un peu brut et pourtant coloré grâce aux épatants claviers de Greenfield. Les textes sont certes crus mais travaillés, on est loin des PISTOLS, cela a beaucoup de caractère, les STRANGLERS sont des petits malins. Et puis, il y a cette énergie libératrice, ces rythmes obstinés renforcés par les ritournelles arpégées de Greenfield et la basse détaillée mais grasse de Burnel, qui crée un peu un effet de moteur.

Si «Sometimes» est une entrée en matière superbe et plutôt complexe, «Goodbye Toulouse» est plus speedée et «London lady» installe vraiment l'ambiance punk. Pourtant, ils viennent intelligemment varier les tempos avec le lent et blues «Princess of the streets» où Cornwell montre au moyen de solos déchirants qu'il est également un excellent guitariste. Dans le registre lent, «Peaches» est un genre de reggae nettement moins réussi mais quand même intéressant. L'autre relatif point faible est «Ugly», un punk un peu trop premier degré. Par contre, «Hanging Around» a beau être simple, son refrain est puissant, tandis que leur premier single «Grip» vante le rock tout en jouant avec succès la carte du saxophone. Enfin, l'album se termine à la manière des DOORS, par une longue chanson plus ambitieuse, «Down in the sewer», dont les riffs sont massifs pour du punk... Et le rat d’égout rejoint son domicile.

Rattus Norvegicus est étrangement dépourvu de vrais défauts. Le son est convenable, la musique est d'une puissance hargneuse et jouissive, la tension soutenue tout au long de l'album... On peut toujours imaginer mieux mais il ne me paraît pas exagéré de dire que c'est un des chefs-d’œuvres de la première vague du punk. Pour être plus neutre, il faut bien dire que beaucoup de critiques préfèrent leur deuxième album, très semblable à celui-ci, No More Heroes, qui présente il est vrai également quelques perles mais me semble plus inégal, ou peut-être encore plus dérangeant ? Les deux sont de toute façon à connaître par toute personne intéressée par la révolution de 76/77.

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   (2 chroniques)



- Jet Black (batterie)
- Jean Jacques Burnel (basse, chant sur 3,4,8, choeurs)
- Hugh Cornwell (guitare, chant sur 1,2,5,6,7,9, choeurs)
- Dave Greenfield (claviers, choeurs)
- Erik Clarke (saxophone ténor sur 7)


1. Sometimes
2. Goodbye Toulouse
3. London Lady
4. Princess Of The Streets
5. Hanging Around
6. Peaches
7. (get A) Grip (on Yourself)
8. Ugly
9. Down In The Sewer



             



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